Interview
Du 07 déc 2021
au 07 déc 2021

Muse poignard

Dianne ISHIMWE nous conte sa rencontre un peu longue :-) mais poétique que le destin interrompt et fait renaitre. Une participation sensible à l'appel à l'écriture monBestSeller
La participation de  Dianne ISHIMWE à l'appel à l'écriture monBestSellerLa participation de Dianne ISHIMWE à l'appel à l'écriture monBestSeller

 Avec l’accord de mes parents, je m’en vais poursuivre mes études supérieures au Sénégal. J’aimerai découvrir une culture africaine autre que la mienne. Connaître mon avis sur la vie. Après une semaine, je m’inscris dans une grande école de management et commerce. Lorsque survient la convid 19, le gouvernement décrète que les établissements doivent suspendre les cours en présentiel jusqu’à nouvel ordre. Cette situation m’oblige à voir mes professeurs et nouveaux collègues que de façon virtuelle. Avec difficulté, je me concentre sur certains cours mieux assimilés en pratique.

Un collègue nommé Eden m’écrit un soir, Il se montre bien aimable. On programme un rendez-vous, pour obtenir de lui certains cours manqués lors de mes absences. Je remarque vite ses yeux dans lesquels n'importe laquelle pourrait se perdre on y plongeant. Après m’avoir transféré les fichiers, nous voilà en pleine détente en compagnie d’un morceau de Singuila et Koffi Olomide.

 — Tu m’as bien l’air trop dans ta coquille… (dit Eden)
 — Une pensée sur laquelle je vacille.
— Puis-je savoir ?
— Pas ce soir !
— Ok… Viens danser avec moi stp !
— Euh…
— Allé ! c’est pour te changer les idées…
— D’accord…
— Pourquoi préfères-tu retourner t’assoir ?
— Je sens déteindre sur moi des idées noires.
— Excuses moi !

    Je n’ai pas l’intention de te brusquer.
— Non, Je ne me sens pas prête à rester.

Eden me raccompagne .        
La santé de la population s'améliore, tout semble reprendre le cours normal, les dispositions sont prises pour la protection de tous. Les cours se font de nouveau en présentiel.ù
Dehors, il y'a les étudiants de ma nouvelle classe. Tous, me retiennent pour des salutations. Ils sont très accueillants. Christopher, un ami d' Eden me sert la main pendant un long moment en épelant le mot célibataire. Mon reflet dans ses yeux se trahit de coincé. De mes lèvres s’échappe un « ça pourrait me plaire… » Un genre de phrase à faire remonter le temps.

Plus je découvre l’humour de Christopher, plus nos discussions sont fréquentes. Dans peu de temps, nous sommes devenus bons amis.
C’est le premier jour de la semaine, près du bâtiment de l’école, à travers des yeux et mots, je reçois grande admiration. Dans la classe, à l’entrée, je croise Eden qui s’empresse de me rapprocher de ses bras mais sans retour, toujours bien sur mes gardes. Pendant le cours, Eden m’envoie des textos.

— Je ne te quitte du regard car je vois du beau. Je comprends que tu évites de m’adresser mot.  

— J’accorde mon attention au prof, moins aux textos.

    Arrivée à la maison, je réponds assez brièvement à ses écrits.
— Eh bien, merci.
— Oh je t’en prie !

    Tu es de celles qu’on appelle canons.

— Je crains ces paroles sans fondements.

Le lendemain après les cours, le soir, Eden me mitraillent de sextos en faisant des allusions sur ma tenue vestimentaire du jour.

— Ne mets plus ce pantalon dérobeur !
— A propos du modèle ou de la couleur ?
— Il te dessine si bien…
— Je vois que tu y tiens…
— Un compliment de rien.

Parce que je communique aisément avec Christopher, me voilà lui déballer de mes confusions.
— Mes yeux confessent de l’amour en présence de ton meilleur Ami. Il me porte tout aussi un regard séducteur.

— L’intérêt est réciproque, parle lui plus de ton cœur.  
— J’ai des soupçons de douter.
— Alors, pourquoi l’avouer ?
— L’émotion est déversée.

Christopher promet de ne jamais parler de mon faible pour Eden. En discutant avec lui, je tourne dos à mes illusions. Sans m'en rendre compte, Christopher occupe de plus en plus une grande place dans ma vie. Quand il me propose une sortie entre amis, j’invente une excuse.

Lors de la pause à l’école, Eden me regarde poser gentiment devant son objectif. Ensuite, j’y invite Christopher. L’après-midi, Eden me transfère les images en y ajoutant quelques commentaires.

 — Son immense joie l’accuse.

      Depuis peu, l’amour l’use.

— Christopher, c’est juste un ami.
— À présent, ton bonheur de vie.

La pensée d’Eden ne résulte pas que du jaloux. Désormais, je voudrais bien approcher le mystère qui me lie à Christopher. Dans la soirée, j’accepte enfin son invitation. Le bel endroit ne charme pas ma timidité. Christopher est tout aussi distant mais reste de bonne compagnie. Il entame la discussion.

— L’amour a su t’amener vers ton bien aimé ?
— Les pensées chamboulées, le sujet a changé.                                                                                                                                                                                                                            
À la fin de la soirée, il me raccompagne sagement. Son indifférence envers la femme que je suis m’intrigue. Dans mon sommeil, je lui ai senti de près, ses baisers m’ont trainé en amoureuse jusqu’au réveil.
Tellement complices que tous les autres collègues se disent que nous formons déjà un couple. Des textos et sextos s'enchainent et des infinités se créent.

Un beau jour, Christopher se lance, c'est le déclic que j’attendais de la part de mon amoureux secret pour être réellement sûre de l’intérêt qu'il me porte.
« Dans un trou noir je suis resté pendant que ton amour pour Eden t’aveuglait. Dans cette certitude qu’il ne représente guère obstacle pour m’avancer vers toi aujourd’hui, je peux enfin te dire que ton sourire peint le bonheur dans mes pensées, que la couleur de tes regards revêt chaque mur de ma maison. J’aime discuter avec toi, tu remplis ma vie de charmes. »    

Ses paroles m’ont percé en flèches de cupidon. Auparavant, aucun ne s’était adressé à moi de la sorte. Chaque mot a su illuminer mes émotions de femme.

De temps en temps, nous apprécions la vie ensemble autour d’un verre, devant des films et dans des promenades.

Une fois dans les bras de Christopher, la peur m’empare. La puissance des sentiments qui jaillissent n'obéissent pas à mes convictions. Un silence pendant un long moment, je me sens comme paralysée, immobile loin dans mes pensées. Christopher caresse ma main en faisant de petites bises sur ma joue. Je lâche de petits sourires, ensuite, il brosse mes cheveux. Je me sens en confiance. La fusion de nos peaux voyage nos esprits dans une utopie. Ce soir-là Christopher met des escarpins à mes pieds. C’est à ce moment précis que je dis ne plus connaitre vie de solitude. Nous partions pour une vie de romance.                                                                                                      
À l’honneur de mon dix neuvième anniversaire, Christopher me couvre d’attentions. Après quelques verres de rosé, suivi d'un champagne, ma timidité quitte la table, je ne cesse de redemander des baisers à mon prince et il m’embrasse tendrement. Nos pensées crient « Au diable les dires et regards de tous, le pire serait de bannir les désirs de nos cœurs. » L’envie de s'aimer toute la nuit nous pétrit. Il me dit « je t’aime » sur un beau tableau, sur ses lèvres et le redit sur ma peau. Par amour je te laisse franchir des zones que j'ai mises autant de temps à bâtir des barrières autour, mon prince.                                      
Des jours, des semaines passent. Le dialogue se fait rare entre nous. L'étrange question de savoir si ses pensées me trouvent encore hante mon esprit. Mieux d'apprendre à faire de la conversation au lieu de me noyer dans mes questionnements incessants. Le manque de discussion fabrique des inconnus. L’amour l'emporte, oublier, je ne peux plus. Les souvenirs coulent sans freins. L’envie de courir vers lui ne cesse de grandir sans pourtant obéir. Nombreux ont pour refuge l'alcool mais les mots, pour moi, sont une drogue. La musique détend mes airs des fois rogues. Mais le visage de Christopher ne disparait d’aucune des pages. Toujours aussi perdue, aucune mélodie n'éloigne mes pensées de mon bien aimé.                                                                                                        

 S’être lancée avec sincérité se révèle être un péché.  Dans la douleur, je me rapproche un peu plus des mots.                                          

Si je pouvais, je mettrais ce je t'aime en miette, je le jetterais aux oubliettes, je prendrais ces lettres et j'en ferais d'autres mots si possible, je supprimerais ce je t'aime pénible à jamais. Mon cœur est affaibli mais la raison tient encore. Alors, avec douleur je le dirai à dieu. À dieu parce que je sais qu’il ne m’aime plus, à dieu parce que je ne peux supporter l'indifférence de celui que j’aime. J’en perds la tête, ma peau désir continuellement la sienne. Moi sans lui, je ne suis plus. Sans lui, je suis perdue.                                                                                                

Dans l’espoir de mettre fin à mon tourment, j’envoie un mail à Christopher.                                                                                                                                                                                         — J’ignore à quoi tu pensais Christopher, pourquoi m’avoir laissé t’aimer si tu ne comptais pas rester ? Tu ne m'aimes pas, pas autant que moi. Tu me l'as prouvé dans des détails. Comment dire aimer et ignorer ainsi ? Si l’amour existe, qu’il est magique, on en jouit des tours. Alors je ne peux comprendre une telle indifférence. Aujourd’hui ton absence me fait mal, demain cela n'aura plus aucune importance. Le temps a toujours su réparer des coups de poignards qu'on m'a infligés au cours de la vie. Cet amour n'en fera pas exception. J’aimerai me réinventer pour que tes yeux ne connaissent que moi, je ne contrôle point la nature. J'ai tant sué, la peinture qui masque mes faiblesses s'efface, l'allure de la femme fatale se casse, il ne reste plus que moi, sans force. Les blessures, j'en ai connu plus dures qu’aujourd’hui, je n'en ressens plus. Alors fais-toi plaisir, n’oublie juste pas que personne ne peut le dire et le ressentir comme moi. Je préfère garder mes distances, je ne laisse personne ternir mon sourire. Je désir loin de moi tous ceux qui font de leur mieux pour éteindre la lueur dans mon regard. Je devrais te laisser partir pour ne plus souffrir. Je ne saurais le nier, ton intérêt pour moi a changé. Je ne peux que me résigner.

                                

Christopher

— Je préfère laisser témoigner tes yeux
     Sentir ton toucher s’accrocher en nœud
     Mais loin tu me brises, tu me jettes au feu.
     Un peu, j’aurai souhaité que tu creuses
     Mais embrasse cette sortie bien plus heureuse.

— Hélas, toutes ces explications frileuses
     S’éveillent trop d’émotions qu’en cette journée hargneuse.
     Les questionnements m’ont longtemps vu malheureuse.

Christopher

— Rejeter, repousser mes manières affectueuses
     Remuent mes maux tus quand tu sembles si sourde.
— J’ai longuement subi ton indifférence affreuse
     N’ose pas feindre l’amour et geindre de mots lourds !

 Christopher

— Le manque de confiance sera toujours un frein pour toi.
— J’ai essayée d’y croire mais je n’ai pas eu le choix.       

J’ai regardé avec sourire, les semaines défiler, j’ai laissé les mois m’embarquer dans un monde de nouvelles rencontres. J’avais presque réussi à me sortir du cadenas de cœur jusqu’à la réception d’une lettre.

« Ma princesse, si ces mots te sont enfin révélés, c’est que je suis déjà très loin. Je te prie de pardonner mon incapacité à faire face à la pitié de tes yeux. De douleur, je vivais jusqu’à ce que ton sourire m’émerveille. Pendant un moment, j’avais cru que l’amour pouvait m’aider à surmonter cette maladie. Hélas, la voleuse de vie s’était mise à m’aspirer avec ampleur. Je ne voulais pas caricaturer l’image parfaite de moi que j’avais découvert dans ton regard. J’emporte avec moi de beaux souvenirs malgré que je ne t’en laisse pas autant. Je t’aime Anna, je sais aussi que tu trouveras un qui t’aimera davantage, tu le mérites. »
Signé : « Ton prince Christopher. »

 Ses derniers mots sont d’amours et de beautés mais mon être est dévoré à jamais de tragédie. J’aimerai le rejoindre, m’arracher ce poignard. Je m’arme de pensées qui me zigouillent. Je m’en vais retrouver mon cœur adoré, lui dire de mes regrets. Aussitôt, je prends un verre d’eau que j’ai empoisonné. Lorsque se déploie lentement mes paupières, je vois un homme en blanc très souriant. Plus ma vue est correcte, moins je me retrouve. À cet instant, un docteur m’annonce que je porte en moi un petit prince.

 

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19 CommentairesAjouter un commentaire

@Jenie merci beaucoup pour vos appréciations et vos remarques.

Publié le 29 Décembre 2021

@DianneISHIMWE

Une belle plume.
J'aime bien les dialogues avec le recours à la poésie qui fait le charme de cette histoire.
J'ai beaucoup plus aimé le moment à partir duquel où la narratrice se met avec Christopher. Ce n'est que mon avis, je pense qu'il y aurait sans doute eu moyen de condenser le début.

Publié le 29 Décembre 2021

@Boris Phillips merci beaucoup, c'était l'idée. Je voulais que le texte soit poétique, le début l'était aussi mais le premier paragraphe a été mis de côté vu la longueur du texte. C'est vrai que j'aurais dû condenser et laisser le nécessaire, pas trop m'attarder sur certains détails.

Publié le 12 Décembre 2021

@Ibrahim Tembely thank you

Publié le 12 Décembre 2021

Certes, @DianneISHIMWE, c'est bien trop long mais empli d'une certaine poésie désespérée fort agréable à lire.
Cordialement.
Boris

Publié le 12 Décembre 2021

Good

Publié le 11 Décembre 2021

@Ngatseke-Bouya blessed israël merci beaucoup, c'est une réelle motivation

Publié le 10 Décembre 2021

@DADJIBSON merci beaucoup pour vos encouragements

Publié le 10 Décembre 2021

@Van's Bebey merci pour vos remarques

Publié le 10 Décembre 2021

@Lisbeth- j'aime l'attention que vous avez porté à mes mots merci beaucoup

Publié le 10 Décembre 2021

@Eva Verna merci beaucoup pour votre commentaire dit d'une manière si spéciale.

Publié le 10 Décembre 2021

Ces mots dans le texte :

Sans fondement*
Le cour normal*

Publié le 10 Décembre 2021

@Michael Sherwood merci beaucoup pour vos conseils, j'en tiens compte et pour vos appréciations.

Publié le 10 Décembre 2021

J'ai aimé la musique de ces mots, y' a un rythm'&blues. BIS...

Publié le 09 Décembre 2021

T'as de la plume. Seulement j'ai trouvé le récit un peu plus long. Surtout pour nous qui courrons derrière le temps lol.
Sinon bravooooo Dianne de Christopher mdr

Publié le 08 Décembre 2021

Le récit est un peu long, il aurait fallu un peu condenser, mais j'ai beaucoup aimé ce recours très original à la poésie dans les dialogues, ça donne une distanciation par rapport au récit, un petit côté tragédie classique.
MS

Publié le 08 Décembre 2021

Quelques passages un peu obscurs, et quelques élans d'écriture frais et percutants

Publié le 08 Décembre 2021

Belle plume ...!! Un Génie affirmé et un talent assumé ...
Courage DIANNE !!!

Publié le 08 Décembre 2021

C'est très bien tu as de l'or dans les doigts et de l'inspi à revendre.

Publié le 08 Décembre 2021