Dans nos manuscrits, Naomi et moi avons plusieurs points communs.
Nous parlons des relations entre un frère et une sœur, des secrets de famille qui pourrissent la vie, des difficultés de communication avec ses parents et de la maladie, mais la comparaison s’arrête là. C’est déjà pas mal vous me direz.
Mais en fait "Un petit beurre" c’est la face ensoleillée de "Ce qui nous abîme".
C’est la face optimiste, malgré les embûches, les chagrins et la douleur. Avec un soupçon d’au-delà, de mystère, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour nous faire palpiter.
Au début du roman, Luna, la femme de Paul a disparu. Mais, bien que ne donnant aucune autre nouvelle, elle lui fait parvenir par mail des poèmes ou textes énigmatiques. Est-ce du sadisme ? Ou autre chose, que nous lecteurs ne comprenons pas ? On suit la souffrance de Paul, jusqu’à la résolution du mystère qui l’entoure et son retour à la vie.
Naomi nous égare, nous emmène sur de fausses pistes. Elle joue sur notre corde sensible, nos émotions, pour nous cacher la vérité sur cette histoire de disparition. C’est une virtuose, car à aucun moment on ne se doute de la fin. Pas moi en tout cas. C’est difficile de parler de ce roman sans spoiler la fin.
La relation de Paul avec la pâtisserie et avec sa vieille voisine Violette un peu philosophe à ses heures et ses conseils de femme âgée qui en a vu d’autres, la relation ambiguë avec son amie Éva, tous ces détails qui nous intriguent, nous font réfléchir et nous mettent sur la mauvaise voie.
Et cette épouse omniprésente, bien qu’ayant disparu, qui est-elle ?
Naomi dirige son récit de main de maître, elle excelle à nous faire ressentir le désarroi de Paul, l’égarement de son amie Éva, qui cherche contre vents et marrées l’amour, tout en prétendant le contraire, mais qui serait dupe ?
Les mots qu’utilise Naomi ont un double sens, on comprend ce que l’on souhaite comprendre, parfois peut-être en fonction de notre propre histoire et l’on se laisse berner avec bonheur.
J’ai aimé l’écriture de Naomi, sans fioritures, mais juste et très agréable à lire. Et j’ai aimé cette histoire. J’ai aimé l’évocation de la douleur, de la solitude liée à l’absence. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est cette très belle idée dont je ne peux pas vous parler sans spoiler. Il fallait le faire, c’est magistral ! Nous entraîner jusqu’aux trois quarts du roman, sans que nous devinions la résolution de cette énigme, car oui bien que n’étant pas un livre à suspens, il y a un mystère, dont nous ignorons la teneur, mais j’en ai déjà trop dit.
Tout le roman tend vers l’amour, notre quête éternelle.
Il y a quelques passages sur la mort, le deuil, qui selon mon goût, sont un peu trop appuyés. Qui sortent un peu trop les violons. Cela dit, Naomi écrit du feel-good alors que j’ai une tendance au feel-bad. C’est déjà un tour de force de m’avoir fait apprécier ce genre de lecture.
Naomi Spenle a lu "Ce qui nous abîme" de Ahuski
"Ce qui nous abîme" raconte une sombre histoire familiale. On y rencontre des individus liés par le sang, mais déchirés par la haine. Il y a tout d’abord Suzan, l’aînée de la fratrie que l’on adore détester. Marguerite, la mère, paralysée à la suite d’une rupture d’anévrisme que l’on suit avec pitié. Et puis il y a Raphaël, le fils, celui auquel on s’attache et que l’on finit, lui aussi, par haïr. Au fil des pages, on côtoie la maltraitance, le mensonge et la folie. Marguerite pourra-t-elle survivre sous la coupe de sa fille ? Pourquoi Raphaël semble-t-il avoir mené une enfance aux antipodes de sa sœur ? Et Suzan, est-elle simplement folle à lier ou complètement détruite par son passé ? L’autrice donne ici libre cours à notre imagination…
Adepte du "feel-good" en général, j’ai pour habitude de lire des romans frais et légers. Ici, l’autrice nous embarque dans un environnement baigné de malheurs. J’ai détesté Suzan par ses propos, ses actes et ses pensées. Mais, je dois bien l’admettre, elle m’a aussi fascinée. Comment peut-on être aussi malveillante, perverse, et cruelle ? L’écriture est franche, directe, nous n’avons pas le temps de larmoyer sur un épisode, ce qui est en totale corrélation avec le personnage de Suzan qui fonce sans prendre la peine de réfléchir aux conséquences. Pas un chapitre ne laisse percevoir un quelconque espoir, pire, c’est un tourbillon de tragédies qui nous emmène dans les tréfonds d’une famille brisée.
Raphaël, le petit frère, est un personnage que l’on apprécie, au début. Une enfance heureuse, des liens étroits avec un grand-père berger, un amour pour la montagne et les brebis. Et puis, piqué par la haine à son tour, on découvre son plan machiavélique… Il m’est difficile d’en dire plus sans spoiler le récit, mais je vous assure qu’ici, l’autrice m’a surprise !
Si je devais faire une remarque, je dirais que le récit est trop court et comporte, à mon sens, trop de dialogues. Il m’a manqué une certaine lenteur, celle que l’on savoure lors de la lecture d’un thriller. J’aurais aimé lire plus de descriptions des lieux, et puis retrouver des odeurs, des bruits, des sensations. De celles qui font durer le supplice des personnages, celles qui nous font frissonner et ressentir encore plus intensément la haine qui vibre en chacun des protagonistes.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Ce face à face est très intéressant à lire. Comme quoi, une histoire similaire avec deux points de vue différents donne vraiment deux ambiances complètement différentes ! Hâte de continuer ma lecture de Un petit beurre !
@Phillechat Si vous prenez le temps de nous lire, nous serions ravies d'avoir vos retours. :)
Moi je serais plutôt feel bad, mais je sais apprécier le feel good !