
Elle était devenue sourde.
Hermétique aux appels, aux bruits incessants des alarmes qui cognaient sa lucarne citadine.
Mais lui, elle l’entendait.
Ses soupirs, ses silences face à des questions pourtant simples, ses talons qui traînaient et son dos volatile.
Il n’était qu’une silhouette sans autre ambition que d’être vivante.
Dans ce contexte de saturation d’information et de circulation oppressante, il avançait avec une lenteur assumée, une parcimonie de mots et une solitude sidérante.
Elle se cognait à lui, le provoquait, assassine et névrosée.
« Parle-moi ».
Il se raidissait alors brutalement, puis son regard s’effondrait sur cette étrangère qui lui cachait le soleil.
Pas de guerre non.
Juste une profonde lassitude et une question simple sur un amour sacrifié, dans un territoire confiné.
Pour lui, il s’agissait bien là de l’urgence d’une lumière sans la nécessité des corps.
Et pour elle, de l’urgence des corps en l’absence de lumière.
En les observant, je pensais à cette phrase de Christian Bobin : « La substance inaltérable de l’amour est l’intelligence partagée de la vie. ».
Puis, rebelle à toute forme d’intelligence, je les poussais violemment d’un revers de main, avec l’espoir vain de pouvoir toucher du doigt cette source de chaleur diffuse pour moi seule.
Une chaleur venue de l’extérieur, mais dorénavant interdite aux hommes qui ne savent pas aimer.
Claire Kimpe
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Il y a eu des rapprochements, vivre avec l'autre n'est pas aisé mais c'était l'occasion de ré apprendre l'autre...et il y a eu des cassures....