La langue française est riche, mais elle n’est pas exempte de lacunes, surtout lorsqu’il s’agit de représenter la complexité des genres. En français, les mots sont parfois les reflets d’une histoire incomplète. Quand un homme incarne des vertus dites "masculines", on parle de virilité. Mais pour une femme qui magnifie ses qualités intrinsèques autres que la douceur, la bienveillance, et toutes les déclinaisons du "caring" (sic) ? Le français hésite, tergiverse, et finalement se tait.
A l’écriture de mon troisième roman, un mot me manque. Plus exactement, il me fait défaut. L’inconnu ne manque pas. Il fait défaut.
J’ouvre un premier dictionnaire. Absent ! J’en ouvre un deuxième. Rien ! Sur CNRTL ? Rien non plus ! Et pourtant, en face du mot "masculin", je trouve "féminin". A côté du "mâle" pose la "femelle". Même la "maternité" s’accompagne de "paternité".
Mais face à la virilité ? Rien ! Aucun équivalent féminin.
Rendez-vous compte ! Ma langue ne possède aucun mot consacré à décrire la puissance féminine.
Pourtant et sans surprise, selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), la virilité est "l’ensemble des qualités (fermeté, courage, force, vigueur, etc.) culturellement attribuées à l'homme adulte".
Mulier homo est. Vir homo est. Une femme est un être humain. Un homme est un être humain.
Moi : Quel mot français puis-je utiliser pour décrire la virilité au féminin ?
Perplexity.AI : Il n'existe pas réellement d'équivalent féminin direct au mot "virilité" en français. Bien que "féminité" soit le terme le plus proche, il n'existe pas de mot français qui capture exactement les mêmes nuances que "virilité" mais pour les femmes. Cette asymétrie linguistique reflète des différences culturelles et historiques dans la façon dont les caractéristiques masculines et féminines ont été perçues et valorisées.
Alors, pourquoi ma langue ne possède-t-elle aucun mot pour décrire l’ensemble des qualités culturellement attribuées à la femme adulte, comme elle le fait pour l’homme ?
Dois-je écrire féminité ? Surtout pas, ce serait tomber dans un piège. La masculinité est naturelle à l’homme. Mais, la virilité, en tant qu’idéal de comportement ou ensemble de vertus nécessaires, ne l’est pas. De même la féminité est naturelle à la femme. Mais la muliérilité ne l’est pas.
La muliérilité. Le mot nouveau est lâché. Le néologisme surprend des oreilles inaccoutumées. Avant de l’expliquer, une remarque importante.
Certains sont tentés de dissocier la virilité du genre et de parler d’une femme virile. Cela part d’un bon sentiment, de l’idée de concevoir une femme forte et courageuse autant qu’un homme peut l’être. Mais on y perd. L’union des différences fait la force. Il faut distinguer la puissance masculine de la puissance féminine, situées toutes les deux à un même niveau d’égalité, mais différentes.
Alors, pour trouver le bon mot, je suis allé boire à la source latine et raviver de très vieux souvenirs peuplés de déclinaisons oubliées.
Mulier, Mulier, Mulierem, Mulieris, Mulieri, Muliere. Femme, être humain de sexe féminin.
Vir, Vir, Virum, Viri, Viro, Viro. Homme, être humain de sexe masculin.
Homo, Homo, Hominem, Hominis, Homini, Homine. Homme, être humain.
L’humanité existe. La virilité existe. Mais où donc est passée la muliérilité ? Dans les limbes d’une histoire à forte dominance masculine ? Certes, il fallait inculquer au garçon un idéal. La bien nommée virilité, malheureusement très vite confondue avec la masculinité. Dans un aveu de faiblesse, beaucoup d’hommes ont dû se rassurer et prétendre que la virilité était naturelle, pire que leur comportement de domination était viril. Mais l’homme qui opprime nie sa virilité. L’homme qui maltraite nie sa virilité. L’homme qui violente nie sa virilité.
L’omission du mot a créé un déséquilibre qui a nui à la virilité.
Absente du vocabulaire, la muliérilité n’en a pas moins survécu dans les faits. En témoignent, Cléopâtre, Néfertiti, Agrippine la jeune, Jeanne d’Arc, Aliénor d’Aquitaine, Eva Perón, Olympe de Gouges, Marie Curie, Ada Lovelace, Grace Hopper, Colette, George Sand, Rosa Parks, Mère Teresa, Anne Franck, Simone Veil, et bien d’autres...
Attention, muliérilité n’est pas muliérité. Une syllabe dissone. Un gouffre sépare. Quand le second terme, néologisme récent connu de quelques initiés, décrit la conscience dominée, la défense mobilisée par les femmes pour supporter une virilité dévoyée, le premier, par sa syllabe supplémentaire prononcée avec panache, ouvre un horizon, désigne un idéal. Une simple syllabe supplémentaire à articuler comme une marche à gravir, sur un pied d’égalité. Quand on exprime, on délie. Quand on verbalise, on s’approprie.
On a aussi défini la virilité comme "un idéal culturel à même de produire de la solidarité entre hommes, au-delà des clivages de classe". Allons plus loin ! Parlons de la virilité et de la muliérilité comme de deux idéaux culturels à même de produire de la solidarité entre humains, au-delà des clivages de genre, deux idéaux culturels à même de rendre femmes et hommes meilleurs.
Et je pourrais ainsi, grâce à ce mot nouveau, mettre un point final à mon roman.
(Extrait de Artificialité & Sensibilité, à paraître)
“A l’abri des regards, cachées dans la forêt, les femmes se relaient et apposent leur bouche sur de longs tubes de bois, amplificateurs de voix humaines. Chacune d’entre elles sort de sa gorge un hurlement terrible, une plainte lupine effroyable. Des onomatopées muliériles véhiculent une épouvante indicible. Tous les corps féminins se contractent, se tordent, s’essoufflent, pour crier leur rage, pour enfanter l’effroi dans le cœur de l’ennemi.” (Extrait de Artificialité & Sensibilité, à paraître)
La langue française est riche, mais elle n’est pas exempte de lacunes, surtout lorsqu’il s’agit de représenter la complexité des genres. Le débat est ouvert : la muliérilité est-elle un terme pertinent ou une tentative maladroite pour réparer un déséquilibre lexical ? Si le texte d’Albert ouvre des pistes, il ne prétend pas imposer une vérité. La proposition de "muliérilité" peut être vue comme un premier pas, une tentative d’ouvrir un dialogue sur les limites de notre vocabulaire et sur la manière dont nous définissons nos idéaux. Alors, qu’en pensez-vous ? Ce mot a-t-il une place dans notre langue ? Ou d’autres idées mériteraient-elles d’être explorées ?
Cet article a été écrit par un auteur qui publie ses romans sur monBestSeller.com
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Que la force soit avec TOI, homme, femme, enfant, ou qui tu es, que la force te vienne en aide avec la douceur et le tendresse (berdol !)
Que dire de plus ?
Est-il indispensable de convoquer les mânes de Cicéron pour justifier un mot imprononçable sans déclencher un fou rire général. "Muliérilité" ? Une syllabe superfétatoire, un idéal à gravir… ou une tendinite linguistique à prévoir. Rendons hommage à l’effort, mais ce détour latin semble avoir autant de charme qu’un manuel de déclinaisons.
@Albert H. Laul
Libre à vous, bien évidemment, de vous torturer les méninges sur un sujet qui n'en est un qu'aux yeux de certaines minorités bruyantes et de nos chères néoféministes, mais je crains pour vous qu'à force, vous n'atteigniez rapidement le ridicule idéologique du Planning familial qui nous assène sans rire qu'un homme peut-être "enceint". Au reste, avez-vous remarqué que "virilité" est un nom féminin ? Voilà, n'est-ce pas un détail (trop subtil pour d'aucuns, je veux bien le croire) qui est un joli pied-de-nez aux machistes qui imaginent que leur bite et leurs couilles les investissent d'un courage, d'une bravoure, etc, qui seraient interdits aux femmes. Bien sûr que le vocabulaire est le miroir de l'idéologie d'une société, quelle qu'elle soit, mais ce qui m'étonne, c'est que vous refusiez le terme de "féminité", qui, à l'exemple de "virilité" pour les hommes, sert si bien à nommer l'ensemble des attributs et caractères physiques, mentaux et sexuels de la femme. Pour conclure, peut-être vous faut-il parvenir à admettre que "viril" est un adjectif épicène, i.e. dont la forme ne varie pas selon le genre ; dans la plupart des cas on ajoute seulement un e pour le féminin, et l'affaire est faite ! Alléluia ! Alléluia !