Le roman noir permet d'entrer dans un monde insolite et trouble. On ne demande jamais qui est innocent. Toujours qui a tué, comment et pourquoi. La victime elle-même intéresse à peine. Le meurtrier de roman fascine autant que l'assassin de la réalité dégoûte, et si l'on exige en fin de récit la révélation d'un nom, la soif de curiosité l'emporte de très loin sur celle du châtiment mérité. La magie de la fiction est seule à légitimer pareille transgression, et la fiction appartient au domaine du livre.