Il y a un peu de tout dans l’inspiration. La mienne en tout cas se nourrit à des sources que je n’identifie pas toujours. Adepte de ce qu’on appelle l’écriture « organique », c’est-à-dire que je n’ai pas de plan précis pour mes histoires, je ne sais pas où une histoire va m’emmener ni comment elle va se terminer (si j’en ai une vague idée, elle se révèle généralement erronée), mes écrits ont tendance à m’emmener sur des chemins inconnus. Où l’histoire puise-t-elle sa source et d’où surgissent les idées qui vont la propulser et la faire évoluer, je n’en sais trop rien sur le moment. Mais ça fonctionne généralement et l’histoire se met en place par elle-même avec une logique impressionnante quand je vois que les prémices du dénouement étaient là dès les premières lignes.
Avec le recul, j’arrive à identifier des thèmes ou des situations récurrentes, des éléments qui remuent des choses en moi, mais l’écriture n’est pas, ou ne devrait pas être, un acte égoïste et égocentrique. L’écriture est un cycle d’échange. En biologie, l’inspiration est cette phase où nous aspirons l’air qui nous entoure afin de pouvoir en absorber l’oxygène nécessaire à notre organisme, oxygène qui sera transformé par notre machine interne pour être ensuite expulsé sous une nouvelle forme plus complexe (dioxyde de carbone) dont le monde végétal a besoin pour croître. C’est donc un cycle perpétuel et une transformation au travers duquel deux formes de vie s’entretiennent mutuellement.
L’inspiration créatrice relève à mon avis du même mécanisme. Ce « souffle créateur qui anime l'écrivain, l'artiste, le chercheur » (Larousse) est en fait tout autour de nous. L’artiste n’est que le catalyseur qui va l’ingérer et le distiller en une forme assimilable pour ceux qui en ont besoin et sauront l’utiliser, et qui en retour permettront au créateur de subsister et de poursuivre sa quête. C’est un cercle vertueux entre l’auteur et le lecteur, car peut-on parler d’inspiration si personne ne lit ce qui en résulte ?
Ce n’est d’ailleurs pas toujours une symbiose instantanée, pour ceux et celles trop pressés de réussir. Boris Vian disait « Il est évident que le poète écrit sous le coup de l'inspiration. Mais il y a des gens à qui les coups ne font rien. » C’est un frein récurrent chez les créateurs, parce que si l’on s’écarte trop de ce qui existe déjà, on a du mal à trouver son public. Mais peut-on parler d’inspiration si on ne fait que reproduire les schémas connus et sûrs ?
Il y a donc une part de risque dans la quête de « l’inspiration ». Ça doit être un tout petit peu dangereux, on doit s’écarter des sentiers battus, se risquer là où peu d’autres ont osé, ou réussi. C’est le genre de territoires « dont personne n’est revenu vivant ».
Mais c’est une aventure. Si nous avons exploré tous les recoins de cette planète, les étoiles, elles, attendent.
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