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Du 10 oct 2018
au 10 oct 2019

Tiers- Temps : Coup de coeur du Concours de nouvelles monBestSeller 2019

                                                
TIERS-TEMPS de FABRICIO

Maison de retraite Tiers-Temps, c’est là où je finis mes vieux jours… C’est joli, avec un environnement arboré des plus majestueux, qui nous offre l’occasion de nous promener. Au moins, quand nos enfants ou petits-enfants ont l’occasion de venir nous prouver que le temps passe vite, et qu’eux aussi vieillissent…

Nous nous réunissons chaque jour pour le repas. Du midi… du soir… sans oublier le petit matin, fort agréable avec la baguette bien fraîche, et le dimanche : le petit croissant – j’aime le petit croissant. C’est à peu près toujours le même rituel avec les mêmes amis… à peu près. On ouvre nos portes donnant sur le couloir, on se suit, se sourit mutuellement sans un mot ou presque. Seuls les nouveaux arrivants se sentent encore obligés de trouver quelque chose à dire. Tout au long du couloir, je pousse Henry – que je considère ici, comme mon meilleur ami – avant qu’il ne se retrouve dans ce fichu fauteuil ; chaque midi, il arrivait même le premier. Il se levait dès l’aube pour sa promenade – grand sportif – il partait très loin, il faisait bien son kilomètre. J’ai déjà essayé de le suivre, mais à chaque fois,il échappait à ma vigilance, et je le retrouvais ensuite pile à midi assis à notre table. Cela fait maintenant trois mois que je l’aide à se déplacer de ses appartements à la salle de restauration.

Quand Henry est à table, il prend ses propres couverts – brillants – qu’il lustre avec sa serviette couleur or. Ensuite, il la pliepour la ranger délicatement par-dessous ces mêmescouverts. Je m’amuse toujours à regarder son rituel du coin de l’œil… moi, assis à sa gauche et Jeanne à sa droite – au grand sourire – à croire qu’elle aime nous écouter, sans jamais vraiment parler. Le regarder passe le temps, et cela m’évite de penser à ce que l’on va nous servir ; de toute façon,c’est toujours la même chose, ils ont de la chance que notre mémoire flanche, sinon certainsse révolteraient, j’en suis sûr !

Un midi, il ne l’a plus fait… pourtant,c’était un midi comme un autre, une journée sans histoire et sans potin du dernier décédé. Alors, je me suis empressé d’avoir un regard vers Jeanne, pour avoir son avis. Elle m’a haussé les épaules, en relevant grossièrement la lèvre inférieure. Rien ne pouvait laisser présager un tel changement. Henry m’attendait devant sa porte, assis comme toujours droit dans son fauteuil, la serviette pliéeau carré et les couverts par-dessus, posés sur ses genoux. Un regard affectif comme à son habitude et comme à chaque fois, je l’ai emmené jusqu’à notre table. Mais en trois mois, depuis qu’il n’arrive plus à supporter son poids et que ses jambes le trahissent au bout de cinq minutes – en trois mois – je ne l’ai jamais vu se comporter autrement pour le repas, que maniaque à en faire parfois rougir d’agacement les hôtesses – que moi,je nomme plus familièrement « mes petits anges ». Lui n’a jamais eu un regard pour elles, ni un mot d’ailleurs, sauf pour râler et demander la tranche de viande moins cuite, ou signifier que c’est infect. Généralement dans ce cas, elle me regarde et si j’ajoute plus familièrement « c’est dégueulasse », alors elles savent qu’il va falloir prévoir plus d’une poubelle pour le retour des assiettes. Henry a toujours été distant avec tout le monde, mais c’est un homme bon et moi qui ai pu discuter et même parfois rire avec lui, je sais qu’il est loin d’être con. Bien au contraire, il a bossé dur toute sa vie. Il a vécu et traversé de nombreux obstacles. Même l’amour,il l’a trouvé, et rendu une femme complètement épanouie avec des enfants complices et cultivés, qui ont aujourd’hui de grandes carrières devant eux. Sa femme décédée trop vite, il n’a su faire sans elle, il se comblait l’un l’autre et l’un avec l’autre… rien ne se prévoyaitsans l’autre. Alors en dépit de pouvoir vivre seul, il a choisi de finir ici, à Tiers-Temps. J’ai toujours su qu’il le vivait mal, mais là, il m’inquiète pour la première fois :

– Henry ?…

Silence… pas de réponse, enfin silence,la salle est comble. On entend quelques personnes se dire un ou deux mots et quelques rares grandes conversations s’engager. On entend les verres bouger, remuer les salières, les couverts s’agiter, et les couteaux coupent les aliments se présentant en bataille dans les sinistres assiettes rondes, blanches et souvent ébréchées. Henry, lui, regarde ses mains triturer lentement sa serviette, laissant glisser lentement ses couverts entre ses jambes ; comme si ceux-cine souhaitent pas ce jour monter sur la table. Puis,il me répond, du bout des lèvres, avec juste un timide et léger regard vers ma direction :

– Je veux voler.

Ses yeux fixent alors les miens, sans jamais plus les lâcher, et Henry reprend de plus belle :

– Je veux voler, j’ai jamais volé… je veux voler…

D’un ton plus bas, il ajoute une fois encore…

– Je veux voler.

Ses yeux s’humidifient et sa tête tombe. On le voit rattraper ses couverts qui glissaient inexorablement sur ses jambes. Avec une grande nervosité, il se met enfin à les frotter mais frénétiquement, et il grommelle à qui veut bien l’entendre :

– Je n’ai jamais volé, je veux voler. Cela fait quinze ans que je suis ici, quinze ans que ma femme est partie, et moi,j’ai toujours rêvé de voler, et elle,elle ne voulait pas. J’ai un avion, je ne lui avais pas dit, je l’avais caché… j’étais sur le point de faire mes premières leçons. Quand elle est morte, j’ai toutlaissé tomber. Mes enfants l’ont su lorsque je suis arrivé ici, et pour respecter les volontés de leur mère, ils m’ont empêché de prendre des cours… sauf que moi, je leur ai interdit de le vendre. J’ai gardé l’avion. Je n’ai jamais trouvé comment faire, mais je veux voler avec… au moins une fois, une toute première leçon, une seule et unique leçon, une fois. Pour tenir le manche, dans les nuages, et non l’imaginer durant des heures dans mon hangar sinistre et sombre, où se cachait mon secret… j’allais voir mon avion chaque matin ; chaque matin, avant que mes jambes ne me… voilà. Émile, tu comprends,le temps passe, et je me rends compte que… je l’ai toujours pas fait. Alors que depuis mon enfance, du premier jour où j’ai vu un avion parcourir le ciel, je n’ai travaillé que pour cela : avoir mon propre avion, Émile… Je veux voler, et je ne sais plus comment faire !

Jeanne se mitsoudain à parler, elle, qui clairement ne dit jamais grand-chose :

– Je fus pilote et enseignante, on ira le voir ton avion ; et tu auras ta première fois, dès que tu auras finiton assiette…

– J’ai attendu quinze ans et tu… à ces mots, Émile pose directement une main ferme sur celle d’Henry dont l’émotion s’emporte, et reprend avec un large sourire, tout en prenant ses couverts à deux mains… j’ai attendu quinze ans, alors que j’ai toujours eu une pilote à côté de moi !

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.....Yo ! fabricio.

Publié le 05 Décembre 2019

Nono, tu te prends bien la tête à perdre ton énergie dans des citations pareilles.Mais j apprécie toutefois ta franchise et le mot. Seulement je ne suis pas d'accord, la bataille de la vie n'est pas toujours sous forme d'énergie qui éclate et parfois il y a plus d'énergie dans quelqu'un qui parait somnoler que dans un homme bodybuildé qui coure dans tous les sens. Franchement c'est une maison de retraite et si tu as ressentis de la somnolence, alors c'est que l'écriture est dans le thème; que le rythme c'est inséré dans ton imaginaire pour te poser dans la maison de retraite. mes personnages somnolent car ils vivent un long recommencement entre manger et repartir se coucher. mais ils partent à la fin justement vers une futur grande aventure...

Publié le 03 Décembre 2019

Ce n' est pas amusant, ce n' est pas déplaisant Tes personnages somnolent, mBS prend la fatigue .Je préfère une bataille de la vie. Cerbère te gêne ? mord-le ! Il n' est qu' un chien, toi tu es un homme, un '' homme '' c' est du vivant de Dieu ! Bataille-le ! pète lui les dents à ce nabot ! Affirme qui tu es, n' attend pas d' être aidé c' est du temps qui ne sera pas décompté. mBS t' affectionne et je t' encourage.

Publié le 23 Novembre 2019