Aux cendres du sommeil se mêle un peu d’ivresse
Qu’une flaque de vent mouille de son jasmin
Comme un souffle de mot sur l’or d’un parchemin
Ebruite du soleil dans la main qui caresse.
Le temps d’un long soupir que le plaisir transgresse
S’ouvre au fond de la nuit le serpent d’un chemin
Où vacille une flamme au feuillage carmin
Entre des doigts tendus vers l’ombre d’une ogresse.
Sous un voile argenté le cristal d’un drageoir
Scintille de douceurs aux lèvres d’un bougeoir
Jailli de l’infini dans un mouchoir de perle.
Or de l’enclos du jour l’insipide pâleur
D’un rayon de lumière étouffe la chaleur
D’un rêve anéanti par le temps qui déferle.
Alchimie du silence
La nuit jette son voile au pied d’un boqueteau
Dont les ramures d’or illuminent la plaine
D’un embrun de soleil et d’un bourron de laine
Où se glisse en fuyant un secret serpenteau.
Le miel descend du ciel aux saveurs de gâteau
Dégoulinant d’un sucre ambré de porcelaine
Que des papillons blancs cendrés de marjolaine
Déversent goutte à goutte au bord d’un écriteau.
Quelques mots effacés par le souffle d’un ange
Tarissent l’eau des puits enveloppés d’un lange
Comme un vernis d’émail autour d’un encensoir.
Des bouts de mosaïque éparpillent le vide
Sur le sable nacré d’une feuille de soir
Puis brûlent le brouillard d’une lèvre impavide.
Poudrant le soleil d’or et de mélancolie
Le temps brûle des mots au brasier d’un chagrin
Comme parfois le vent sèche dans un écrin
L’espérance rouillée aux dents de la poulie.
Quand se mélange alors dans l’eau d’une homélie
La sève de la nuit au bruit d’un tambourin
Des étoiles de soie en bois de tamarin
Dégoulinent d’un ciel qu’un mendiant supplie.
L’écaille du regard creuse l’éternité
Où déjà s’assombrit la simple vanité
D’un désir étouffé par autant de tristesse.
Et pourtant quelques fois dans un cri douloureux
Nous effaçons l’instant dont la brève vitesse
Epuise notre joie à nous sentir heureux.
La lune et sa dentelle entourent la cité
D’un voile de langueur et d’un flot de tristesse
Où se perd le regard d’une étrange comtesse
Enfouissant des mots avec vélocité.
Pour voler des trésors à la nécessité
Elle couvre ses doigts gorgés de politesse
De rubis entaillés dans des rumeurs d’altesse
Comme le velours noir de sa voracité.
Au sourire fané d’un ruban de soie mauve
Elle parfume l’air d’un relent de guimauche
En essuyant son cœur contre un bout de papier.
Puis elle brise de l’or sur un coin de banquise
En souriant longtemps d’une manière exquise
Aux négres vénitiens arrachés au drapier.
François Sicard
Paix et mystère
A la moire des mots s’enroule un cheveu d’ange
Parfumé de la nuit que le vent pousse en vain
Près d’un brasier de bronze où gonfle le levain
D’un jour marbré de sang auquel l’or se mélange.
Sous le ciel humecté par la douceur d’un lange
Des branches de saphir mêlent leur jeu sylvain
Aux cristaux d’un sel noir dont l’art de l’écrivain
Cache la pureté sous la brume du Gange.
Des voiles en soie ocre obombrent les marais
De bruissements lents riches en minerais
Fondant comme du miel sur le bout de la langue.
Puis dans un cœur ouvert à la chair de corail
Scintille obscurément sur le large poitrail
Un glaive déployé par un main qui tangue.
Aux froissements bleutés de la mer qui croupit
Sous la cendre d’un jour enrobé de vanille
Des galets de soleil cachent sous leur guenille
Un gouffre de satin où le temps s’assoupit.
Une lèvre de soie embrasse sans répit
Le sable barbouillé d’un rouge cochenille
Et caresse le ciel dont l’humble chiquenille
Fuse comme de l’or que le sel rechampit.
Un vase de porphyre oublié par l’orage
Verse sur les rochers des ombres de cirage
Empruntant à la nuit un bout de baldaquin.
Quelques brindilles d’air se mêlent au murmure
D’un lointain soupirail puis d’un geste taquin
Déshabillent l’étang du poids de son armure.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
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@François Sicard
Bravo ! Un peu académique peut être ... Mais être académiques pour des vers , est-ce vraiment un défaut ?