Interview
Du 26 mar 2020
au 26 mar 2020

Alchimie du silence

Composés par Francis Sicard, ces cinq sonnets sont écrits pour nourrir l'appel à l'écriture de monBestSeller : "Ecoutez le silence". La poésie est aussi une manière d'approcher la vérité, avec une ambition démesurée, celle de toucher l'âme.

Songes et mensonges

 

Aux cendres du sommeil se mêle un peu d’ivresse

Qu’une flaque de vent mouille de son jasmin 

Comme un souffle de mot sur l’or d’un parchemin

Ebruite du soleil dans la main qui caresse.

 

Le temps d’un long soupir que le plaisir transgresse  

S’ouvre au fond de la nuit le serpent d’un chemin

Où vacille une flamme au feuillage carmin

Entre des doigts tendus vers l’ombre d’une ogresse.

 

Sous un voile argenté le cristal d’un drageoir

Scintille de douceurs aux lèvres d’un bougeoir

Jailli de l’infini dans un mouchoir de perle. 

 

Or de l’enclos du jour l’insipide pâleur

D’un rayon de lumière étouffe la chaleur

D’un rêve anéanti par le temps qui déferle.   

 

Alchimie du silence

 

La nuit jette son voile au pied d’un boqueteau

Dont les ramures d’or illuminent la plaine

D’un embrun de soleil et d’un bourron de laine

Où se glisse en fuyant un secret serpenteau.

 

Le miel descend du ciel aux saveurs de gâteau

Dégoulinant d’un sucre ambré de porcelaine

Que des papillons blancs cendrés de marjolaine

Déversent goutte à goutte au bord d’un écriteau.

 

Quelques mots effacés par le souffle d’un ange

Tarissent l’eau des puits enveloppés d’un lange 

Comme un vernis d’émail autour d’un encensoir.

 

Des bouts de mosaïque éparpillent le vide

Sur le sable nacré d’une feuille de soir

Puis brûlent le brouillard d’une lèvre impavide. 

  

 

Unendliche Sehnsucht 

 

Poudrant le soleil d’or et de mélancolie

Le temps brûle des mots au brasier d’un chagrin

Comme parfois le vent sèche dans un écrin

L’espérance rouillée aux dents de la poulie.

 

Quand se mélange alors dans l’eau d’une homélie

La sève de la nuit au bruit d’un tambourin

Des étoiles de soie en bois de tamarin

Dégoulinent d’un ciel qu’un mendiant supplie.

 

L’écaille du regard creuse l’éternité

Où déjà s’assombrit la simple vanité

D’un désir étouffé par autant de tristesse.

 

Et pourtant quelques fois dans un cri douloureux

Nous effaçons l’instant dont la brève vitesse

Epuise notre joie à nous sentir heureux.

 

Grefeil

 

La lune et sa dentelle entourent la cité

D’un voile de langueur et d’un flot de tristesse

Où se perd le regard d’une étrange comtesse

Enfouissant des mots avec vélocité.

 

Pour voler des trésors à la nécessité

Elle couvre ses doigts gorgés de politesse

De rubis entaillés dans des rumeurs d’altesse

Comme le velours noir de sa voracité.

 

Au sourire fané d’un ruban de soie mauve

Elle parfume l’air d’un relent de guimauche

En essuyant son cœur contre un bout de papier.

 

Puis elle brise de l’or sur un coin de banquise

En souriant longtemps d’une manière exquise

Aux négres vénitiens arrachés au drapier. 

 

François Sicard

 

 

Paix et mystère 

 

A la moire des mots s’enroule un cheveu d’ange 

Parfumé de la nuit que le vent pousse en vain

Près d’un brasier de bronze où gonfle le levain

D’un jour marbré de sang auquel l’or se mélange. 

 

Sous le ciel humecté par la douceur d’un lange

Des branches de saphir mêlent leur jeu sylvain

Aux cristaux d’un sel noir dont l’art de l’écrivain

Cache la pureté sous la brume du Gange. 

 

Des voiles en soie ocre obombrent les marais

De bruissements lents riches en minerais

Fondant comme du miel sur le bout de la langue.  

 

Puis dans un cœur ouvert à la chair de corail

Scintille obscurément sur le large poitrail

Un glaive déployé par un main qui tangue. 

  

 

Poudre de mots

 

Aux froissements bleutés de la mer qui croupit

Sous la cendre d’un jour enrobé de vanille

Des galets de soleil cachent sous leur guenille

Un gouffre de satin où le temps s’assoupit.

 

Une lèvre de soie embrasse sans répit

Le sable barbouillé d’un rouge cochenille

Et caresse le ciel dont l’humble chiquenille

Fuse comme de l’or que le sel rechampit. 

 

Un vase de porphyre oublié par l’orage

Verse sur les rochers des ombres de cirage

Empruntant à la nuit un bout de baldaquin. 

 

Quelques brindilles d’air se mêlent au murmure

D’un lointain soupirail puis d’un geste taquin

Déshabillent l’étang du poids de son armure.

  

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@François Sicard

Bravo ! Un peu académique peut être ... Mais être académiques pour des vers , est-ce vraiment un défaut ?

Publié le 21 Avril 2020