
Mardi 24 Mars 2020…
Depuis quelques jours, la plage était déserte, la jetée vide de monde… Je suis là, accoudée au rebord de cette fenêtre à regarder cette mer, si belle, en cette période de l’année. Jamais je n’aurai imaginé un jour, être privée de cet espace de liberté. Enfermée en ces murs, seule, à tenter de combler ces journées qui n’en finissent pas, je pense à mes proches. A La façon dont ils gèrent cette crise. La solitude et l’ennui me font surtout penser à eux, car en fait, Ils ne se soucient que peu de moi… les nouvelles sont rares ! En raison de mes nombreuses frasques passées, je ne pouvais vraiment leur en vouloir.
Sept jours déjà que je suis recluse dans ce modeste appartement. Mes recherches d’emplois sont, par ces circonstances, évidemment mises en berne. Le chant matinal des oiseaux contraste avec le silence pesant de la rue ! L’isolement, la tension latente qui se ressent davantage jour après jour, le bilan funeste quotidien des médias me rendait léthargique, voire mutique. De nombreuses interrogations surgissent quant aux répercussions économiques, sociétales, humaines de cette crise sanitaire…Je me sens physiquement plutôt bien ! Je ne présente actuellement aucuns des symptômes décrits par les médecins. Et pourtant ! Ce maudit Covid 19 m’aura touché de plein fouet…
Vendredi 28 Mars 2020, quatrième jour de confinement...
Je devais faire des courses ce vendredi ! Sortir, emprunter ces rues désertes m’angoissait ! Munie de l’attestation prévue à cet effet, je partis pour le Supermarché situé à deux pâtés de maisons de l’appartement. Le tableau qui se présenta à moi me saisit ! Les gens étaient masqués, gantés, se tenaient à distance les uns des autres sans trop de regards. J’avais l’impression d’être un assassin en puissance, capable d’infecter et de contaminer une partie des personnes présentes, décimant leurs proches à leur retour au domicile familial. Certains rayons étaient quasiment vides… Je déambulais dans les rayons. J’étais troublée, comme envahie par ce désolant spectacle ! Je n’arrivais pas à m’en extraire. Les hôtesses se retrouvaient barricadées derrière des plexiglas ou films plastiques…
De retour à l’appartement, je m’assis sur le canapé et déballai mes achats… Trois bouteilles de Vodka… Plantées là, devant moi ! La main posée sur l’une d’entre elles, je tremblai. Les larmes me venaient ! Je l’ouvris et ingurgitai la moitié du contenu d’une traite… Ce maudit Covid aura eu raison de six mois d’abstinence…
Le choc fut violent, brutal. Je n’avais fait que de boire durant ces quatre jours… J’avais honte, je me décevais tellement. La veille, l’espace d’un moment de lucidité, j’avais obtenu un rendez-vous de dernière minute avec mon psychologue. C’était prévu en début d’après-midi, 14h… Il pourrait peut-être m’aider, me sortir de cette spirale infernale…
La séance se déroulait, normalement… Je l’écoutais et me repassais en même temps qu’il me parlait, toutes ces heures passées à l’entendre définir les différents axes de travail. Je mesurais alors tout le chemin à parcourir… à nouveau… Encore et encore… La séance terminée, je me levais, le saluais sous son regard ébahi, médusé, me dirigeais vers mon unique sortie… Et sautai !
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