Auteur
Du 02 mai 2020
au 02 mai 2020

« Les gens »

Les gens, c'est toujours les autres, c'est jamais nous. Nous, bien sûr, on est mieux élevés, plus intelligents, (plus beaux d'ailleurs). C'est simple. Regardez comment les gens se conduisent pendant ce confinement !!! C'est pas possible ! Un texte amusant de Caroline Marie pour l'appel à l'écriture monBestSeller :"Ecoutez le silence"
Les bidochons sont toujours nos voisins...Les bidochons sont toujours nos voisins...

Caroline Marie

Au téléphone. Chez moi (précision devenue obligatoire. Avant, on disait « t’es où ? » par curiosité polie, maintenant on annonce où on est, par civisme.). De quoi parle-t-on, pendant toutes ces heures tuées au bout du fil ? Des gens. Quelques extraits d’échanges avec copines :

— T’as vu, les gens… ?

— Non

— Ben, au supermarché, t’as bien vu tous les gens qui n’en ont rien à foutre des distances ?

— Beuh, non. Je ne me balade pas avec un mètre, je fais mes courses et je me tire.

 

Next :

— Il y avait un vieux, planté devant le rayon, en arrêt sur sa liste, nan mais quel sans gêne ! Et moi j’attendais pour prendre ma confiture, tu crois qu’il se serait bougé ? J’ai failli l’engueuler. Comme s’il ne se rendait pas compte de la situation. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse avec des gens comme ça ?

— Je suppose qu’on peut lui dire poliment : Excusez-moi, j’aimerais prendre un pot de confiture ? Comme on l’aurait fait le mois dernier ?

 

Encore (il y a moyen qu’il y en ait une qui cumule) :

— Ben moi il y a une connasse, j’étais au milieu de la route, et le gamin faisait du vélo sur le trottoir, elle m’est passée à 50 cm en faisant son jogging. J’ai failli l’insulter. Le jogging, je comprends pas qu’ils aient pas interdit.

J’imagine la joggeuse rentrée chez elle dire à son mari : « Je ne comprends pas qu’on autorise les gens à emmener leur gosse faire du vélo ».

 

Last but not least :

— Tu as vu la photo du périf ? Les gens sont tous en train de partir en vacances !

L’image, cadrée de façon à ne pas faire apparaître le barrage de police, source de l’embouteillage. Le lendemain à la radio, le préfet se félicite de ce que les consignes ont été globalement bien suivies, et que les gens n’ont pas quitté la région parisienne.

 

J’ai un copain qui désinfecte ses poignées de porte plusieurs fois par jour. Il habite tout seul.

Une copine qui raconte tout ce qu’elle a vu les gens faire dans la journée, et je m’aperçois qu’elle a passé sa journée dehors.

 

Tout le monde a reçu en partage des exemples de comportements à risque, plus ou moins avérés, plus ou moins humoristiques. Telle cette question qui m’a beaucoup amusée : « Ma résidence principale se trouve à 90 km de ma résidence secondaire où je me trouve en ce moment. Puis-je aller tondre ma pelouse ? ». Que fais-je d’autre avec ce texte, qu’ajouter un témoignage à l’édifice ?

 

Ma voisine, à travers la palissade, acide :

— Le feu, vous trouvez que c’est une bonne idée ?

— Désolée, j’avais coupé les arbres et la haie et ils ne ramassent plus, mais ce sera une seule fois, je vous promets.

Héroïquement, je retiens mon : « On en parle de tes gamins qui geignent sous mes fenêtres à longueur de journée depuis deux ans et de tes travaux qui ont duré sept mois, morue ? ».

 

Oui, il y a de l’inconscience, voire de l’indécence chez les gens. Cela nous autorise-t-il à nous ériger en dénonciateurs ? En milice ? En prédicateurs d’une doctrine mal établie, et donc sujette à interprétations ? Je crains que l’humanité ait plus à perdre qu’à y gagner : vandalisme anti-parisien, mesures anti-infirmières…

 

Depuis quelques jours, je m’emploie donc à bannir cette expression « les gens », de mon vocabulaire. Et bien ce n’est pas facile ! Balayer devant sa porte, un concept à m’appliquer en priorité, pour éviter le piège de la moralisation.

 

Caroline Marie

 

Vous avez un livre dans votre tiroir ?

Publier gratuitement votre livre

Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…

C'est vrai que sa commence à devenir compliqué avec cette distanciation soit disant qu'il faut un mètre de queue moi je suis un peu court; Et je suis sur que certains joggeurs n'en faisaient pas avant. C'est dans ces moments là que l'on voit la vraie nature des gens. Bonne analyse.

Publié le 06 Mai 2020

@Zelia44 Contente que tu aies ri avec moi ! Bonne journée

Publié le 05 Mai 2020

Excellent et tellement vrai !!!
Merci pour ce moment de sourire, de rire, de bonne humeur malgré ce confinement.
Bonne journée à vous

Publié le 04 Mai 2020