Il y a comme une autre
Une petite voix qui susurre
Des mots vides
Obsessions, obsessifs
Comme un fantôme
Une ombre
Ana qui me suit
Me poursuit
Je connais ses méfaits
Ses travers
La mort qui attend toute âme
Qu’elle enveloppe de ses ailes
Je ne veux pas
Non, je ne veux pas
Qu’elle brûle mes entrailles !
Il y a comme un monstre en moi, qui me dicte le moindre de mes actes, le moindre de mes pas. Je suis double, multiples, psychotique, délirante, assoiffée de vie et de mort. Je bascule d’un état à un autre, tantôt lumière, tantôt obscurité. Je vacille entre deux pôles. Il y a des jours, où je ne me reconnais plus, où le monde autour de moi m’est étranger, ou peut-être est-ce moi l’étrangère, la funambule qui tente de se tenir sur un fil, prête à tomber d’un côté ou de l’autre. Jour. Nuit. Un interrupteur avec lequel un gamin joue. C’est peut-être l’enfant en moi qui vacille.
J’étais si calme. J’ai oublié, oublié les démons qui m’habitaient dès l’enfance.
Je me rappelle ce jour, où je me suis emportée, balançant la chaise à travers la pièce, manquant d’atteindre ma sœur.
L’ange était devenu démon.
Il y a eu tant d’autres jours où je ne me suis pas reconnue. Trop de jours où je me suis sentie possédée, désarmée par la violence de mes colères et de mes comportements, moi la patience même, la sagesse même, le calme même. Je suis devenue une autre.
Ce jour-là, j’ai vu Dieu, j’ai vu la lumière, l’amour, les croix que portaient tous les passants qui m’entouraient. J’ai découvert un chapelet sur la porte du métro. Je voyais Dieu partout. Ce jour-là, j’ai été béni de Dieu, et il m’a fait porter sa voix à travers le monde.
Ce jour-là, il faisait chaud, nous étions dans un parc d’attraction, j’étais avec mon petit ami et j’ai retiré mon haut, dévoilant mon soutien-gorge, moi si pudique, au grand désespoir de mn ami.
Ce jour-là, j’ai donné mon corps à un inconnu d’un jour.
Ce jour-là, j’ai affronté plus de trois cents personnes, seule face à eux à témoigner de ma vie, moi si mutique, si timide, si introvertie. Je me suis sentie poussée des ailes, à parler pendant des heures.
Ce jour-là, j’ai osé affronté ma mère manipulatrice et mon beau-père pervers. Je leur ai sorti tout ce que je pensais, moi qui n’osais jamais rien die et qui encaissait comme toujours le mal que l’on me faisait. J’ai tout plaqué, les démons du passé, je leur ai claqué la porte.
Ce jour-là, j’ai tout claqué, mon ex-mari, notre appartement, mon ancienne vie.
Ce jour-là, je me suis crue magnétiseuse et je voulais soigner les gens par la force de ma foi.
Ce jour-là, j’ai allumé mon mari devant ses copains, le provoquant et en faisant des propositions alléchantes, aux yeux de tous.
Ce jour-là, et tant d’autres, j’ai attenté à mes jours, car le démon habitait en moi, et m’infligeait les pires souffrances. Je voulais que tout s’arrête.
Ce jour-là, j’ai vomi toute ma vie, maigre comme un fil après avoir fait une orgie. Comme tant d’autres jours.
Ce jour-là, mon mari m’a dit que je ressemblais à un squelette, un autre jour, j’étais « mammouth »
Ce jour-là, je me suis lacéré la peau, le bras, le poignée à coup de cutter et de scalpel, comme tant d’autres.
Ce jour-là, j’ai espéré que la mort viendrait et mette fin à mes souffrances.
Ce jour-là, j’ai donné la vie, mais j’ai tant de fois espéré la mort. Ce jour-là, tu es venu au monde, avec tes beaux yeux bleus, et tes cheveux si fins qui blondissaient. Tu as pris mon sein, tu m’as regardé, et j’ai voulu vivre. Vivre pour te donner l’amour que je n’ai pas reçu, ou si mal reçu. Je voulais te montrer que la vie pouvait être belle, remplie de joie, que je serais toujours là pour toi, toi et tes deux frères. Je me battrais toujours pour vous, jusqu’à en donner ma vie. Je vous regarde et je me dis que la vie est un cadeau, malgré les hauts et les bas, car ce jour-là, quand je t’ai mis au monde, j’ai découvert que j’étais bipolaire et que la vie valait d’être vécue.
Maya
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