Nous arrivions enfin au terme de notre raid. Michel et moi marchions au pas, rênes longues, pour que nos chevaux puissent souffler et sécher un peu avant d’être dessellés et mis au repos. Au sortir d’un dernier chemin forestier que nous avions parcouru au petit galop, nous avions brusquement senti l’odeur de la mer. Apolline avait proposé sa villa de bord de mer pour héberger le petit groupe de cavaliers qui prenaient part au raid organisé ce week-end. Je soupçonnais Apolline d’être une ex de Michel. Elle avait une fille de vingt ans, Anita, dont Michel me raconta qu’elle était amoureuse de moi depuis qu’elle m’avait vu monter en concours hippique dans une fête de campagne. Elle serait là ce soir.
Arrivés dans la cour de la propriété, nous avons dessellé nos chevaux, leur avons donné à boire, donné un bon coup de brosse, et sommes entrés dans la villa. Un grand feu de bois brûlait dans la cheminée. Nous étions en octobre, et les soirées commençaient à être fraîches. Anita était bien là, faisait la maîtresse de maison, proposant à tous une bière ou un bon verre de schnaps.
Michel et moi avions choisi le schnaps pour nous réchauffer et avions attaqué le dîner : un buffet garni de tas de charcuteries, tourtes et autres viandes. Michel voulait du vin, et je me rendis à la cuisine pour en chercher. Anita sortait de la cuisine, portant un plateau de verres remplis. Elle s’arrêta au seuil de la porte, se retourna et cria :
̶ Maman, viens que je te présente Pierre !
Tout au fond de la cuisine, une silhouette élancée, sur la pointe des pieds, s’affairait à attraper quelque chose dans le haut d’un placard. Elle se reposa, se retourna, et vint vers nous.
̶ Maman, c’est Pierre !
Elle me tendit la main, comme si elle attendait un baise-main, et moi qui n’avais jamais embrassé la moindre main de ma vie, je m’inclinai jusqu’à effleurer la sienne. Quand, en me relevant, je regardai vraiment son visage, je ne vis que des yeux, noirs, que je connaissais et qui me reconnaissaient, des yeux qui me transperçaient.. .
Où l’avais-je donc connue ? Un étrange lien se créait entre nous…
La voix d’Anita rompit le charme, et je me ressaisis. Lâchant enfin la main qu’elle ne m’avait d’ailleurs pas retirée, Apolline me sourit et nous entraîna rejoindre les autres. L’atmosphère était chaleureuse, l’alcool avait délié les langues. Michel était en forme et animait une conversation bon enfant où il était beaucoup question d’aventures équestres plus ou moins glorieuses. Anita s’était blottie contre moi, ne dissimulant pas son intention d’avoir un petit flirt. Elle était ravissante, et le contact de sa cuisse contre la mienne, la naissance de ses seins qu’elle ne cherchait pas à cacher m’excitaient beaucoup. Mais chaque fois que je tournais la tête vers sa mère, son regard se fixait sur le mien, portant un message silencieux, une interrogation profonde. Que cette femme était belle. Elle me semblait venue d’un autre monde.
Nos amis s’étaient retirés pour regagner leurs chambres et nous ne restâmes qu’à quatre devant le feu. Michel s’était installé dans le même canapé qu’Apolline, espérait-t-il ses faveurs ? Après un long moment de contemplation du feu qui crépitait, Anita se leva, me prit la main, et me dit : ̶ Viens, on va voir la mer !
Il faisait froid sur la plage et nous nous réfugiâmes à l’abri du vent dans les dunes qui bordaient la promenade. Je l’embrassai longuement, lui caressai les seins, et commençai à lui caresser les cuisses. Elle se laissait faire, et je la sentais prête à faire l’amour si je le lui demandais. Mais c’était impossible. L’image de sa mère, de son regard mystérieux, ne me quittaient pas. Je me levai brusquement, lui dis « je ne peux pas », et nous rentrâmes à la villa. Michel et Apolline se préparaient à monter. Anita en pleurs m’embrassa avant que je regagne la chambre qu’on m’avait donnée. Je quittai mes bottes et m’enfouis sous la couette du lit.
Il faisait glacial dans la chambre et je n’arrivais pas à dormir, obsédé par ce visage que j’avais déjà vu.
Une heure plus tard, je me glissai dans le couloir sombre et frappai à la porte d’Apolline.
̶ Entre, me dit-elle. Je t’attendais
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Jenie
Moi aussi, malgré quelques vers peu académiques.
Merci de m'avoir lu 2 fois !
@Michel Pain-Edeline
Sans aucun doute...
Merci de m'avoir lu et commenté.
@Pierre d'Arlet
Belle histoire.
Une petite préférence pour la version poétique de votre nouvelle que j'ai lu avant.
Je crois que nous sommes, l'un et l'autre, animés par une lointaine nostalgie.
@BELLA.B
Merci d'avoir pris le temps de lire et commenter mon histoire.
Sujet intéressant
@Krydece
Merci de m'avoir lu. Rassurez-vous, même moi, je ne sais toujours pas d'où venait cette femme sublime.
@Ernesto Férié
Merci de votre aimable commentaire. J'adore les petits concours de MBS.
Bonjour.
Le style est vif et prenant. Nous attendons la fin avec impatience avec ses explications mais elle ne vient pas. On ne peut le reprocher car elle permet à chacun d'édifier la sienne. c'est une "bonne nouvelle", ni trop courte, ni trop longue.