Auteur
Du 17 aoû 2022
au 17 aoû 2022

Jeu de dupes

Annie-France Gaujard aime les Rendez-vous galants qui suivent des rites et des étapes conventionnelles. Si la fantaisie est bienvenue, elle peut néanmoins devenir une farce grand-guignol. Ici, Rien ne s'est passé comme prévu. Une réponse facétieuse à l'appel à l'écriture monBestSeller
La réponse d'Annie-France Gaujard à l'appel à l'écriture : Rien ne s'est passé comme prévuLa réponse d'Annie-France Gaujard à l'appel à l'écriture : Rien ne s'est passé comme prévu

L'arrière saison affichait un temps maussade.

Paulette revenait du bar qui faisait journaux– tabac– épicerie, seul point de rencontre du village.

La lecture était son passe-temps favori.

Pourtant, depuis peu, elle la délaissait pour un autre hobby : internet!

Paulette  n'avait jamais voulu se marier, collectionnant les  amants au gré des rencontres. Liberté! C'était  la conduite de sa vie.

Avec internet, elle avait trouvé son bonheur!

Elle s'était dressé un profil avantageux. Trouvé une photo d'elle à 40 ans. Longs cheveux bruns, jolie silhouette. Elle était sûre de faire mouche.

Évidemment la réalité était différente. Des pattes d'oie striaient le coin de ses yeux verts et les rides d'amertume accusaient ses 63 ans. Sa poitrine menue s'était transformée en deux gros globes pesants surmontant des bourrelets faisant bouée autour de sa taille.

C'est aux environs de 15h, qu'elle commençait la chasse.

Allumer l’ordinateur et  trier les gogos...

Elle avait à nouveau une dizaine de  signalements  correspondant aux tests  d'affinités qu'elle avait complétés, entre 40 et 50 ans, après avoir éliminé les petits, les rondouillards, les sans diplômes, les fumeurs et les beaufs.

Depuis une semaine rien de vraiment intéressant mais aujourd'hui un profil lui convenait. Un architecte séduisant, sous le pseudo de Éole

Petit courrier.

- Bonjour  Éole,  je viens de lire votre fiche et j'aimerais bien que nous fassions plus ample connaissance.  Cordialement. Amandine.

 Éole, l'architecte, lui avait répondu. Il se prénommait en fait Alexandre. Libertin, il annonçait être marié et rechercher l'aventure occasionnelle. Il avouait 48 ans. Cela plut à Paulette.

 Elle répondit que le mieux était de se rencontrer rapidement... inutile de se perdre en palabres. Le rendez-vous fut fixé en début d'après-midi, au cours de la semaine suivante à Paris, dans un café porte d'Orléans.

Un endroit impersonnel, chacun évitant de savoir le lieu d'habitation de l'autre pour éviter toute indiscrétion.

Le gros problème résidait maintenant dans le mensonge  sur son apparence physique!

Le visage, ça allait. Bien maquillée, elle pouvait faire illusion.

« Demain est un autre jour ».                                                        

Le café était  plein.  Il était 13h30. Paulette était arrivée avec une demi-heure d'avance, histoire  d'observer la première le nommé Alexandre. D'après la photo il était grand(pas facile à deviner s'il était déjà attablé) les cheveux bouclés couleur de blé mûr, un  regard bleu gris.

Pour l'instant, un seul pouvait correspondre malgré les fils d'argent qui parcouraient une chevelure coupée très court. Lui aussi semblait scruter les alentours.

Elle se dirigea nonchalamment vers cet homme.

- Bonjour. Pardon de vous importuner, vous prénommeriez-vous Alexandre ?

          - Oui, et je suppose que vous êtes Amandine ? Répondit-il avec un  sourire malicieux.

Il se leva et tira une chaise pour l'inviter à s'asseoir. Effectivement il devait mesurer pas loin d'1m 80. Quant à l'âge, il était clair qu'il y avait tromperie sur la marchandise.

Les yeux bleus firent un rapide aller-retour sur la silhouette et le visage de  Paulette et elle se dit qu'il pensait la même chose. Mais rien ne transpira et c'est en termes galants qu'ils entamèrent la conversation.

Ils  décidèrent de se rendre à l'hôtel Ibis qui n'était pas loin. Dix minutes de marche tout au plus.

A peine entrés dans la chambre, Alexandre proposa une douche commune. C'était une bonne idée. Mais la douche était trop petite pour deux et elle s’y rendit  la première, oubliant la perspective de préludes caressants.

En sortant, faisant fi de ses complexes, elle ôta d’un geste théâtral la grande serviette dont elle s’était enveloppée, pour se présenter à Alexandre telle une Vénus de Botticelli.

Mais où était-il ?

Personne dans la pièce et plus aucune de ses affaires sur le fauteuil. Elle se retrouvait nue, sans papiers, sans argent.

Juste un petit mot sur la table:

 

 Ne vous fiez pas aux apparences.

 

 

 

Vous avez un livre dans votre tiroir ?

Publier gratuitement votre livre

Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…

@Annie-France Gaujard. J'adore votre style et la conclusion m'a fait bien rire. Aussi je me suis dis pauvre Paulette. C'est surement déjà arrivé à quelqu'un.
Je suis dans la quarantaine moi aussi, cheveux noirs corbeau... mais maintenant très blanc depuis longtemps. Ha ha ha!

Publié le 28 Août 2022

Bonjour @Annie-France Gaujard,
J'ai bien aimé votre nouvelle. Je ne m'attendais pas à cette fin et j'ai bien ri .J'ai passé un agréable moment .
Au plaisir de vous lire.
Tatiana

Publié le 27 Août 2022

@Anne-France-Gaujard,texte court qui va direct à l'essentiel en maintenant l'intrigue, j'aime bien. Rien ne s'est passé comme prévu, sauf pour Alexandre!

Publié le 21 Août 2022

@Annie-France Gaujard , une belle réponse au thème d’écriture : Rien ne s’est passé comme prévu.
On pourrait presque dire : à menteur, menteur et demi. Ou encore : tel est pris qui croyait prendre... Avec une leçon à tirer : on ne m’y reprendra plus.
Bravo ! J’ai bien aimé.
Avec toute ma sympathie. MC

Publié le 18 Août 2022