"Regard sur un livre" LES CISEAUX NOIRS de Guéladio Sall

Penda Sarr, la femme aux doigts de fée, la fille des fleuves du nord comme on la surnommait ; née dans le Fouta, et montée jusqu’à Pikine, la rude, pour ouvrir le premier centre de couture de la ville, est partie un jour, un matin. Elle a quitté la maison sans un mot et sans se retourner, laissant Mamy Ndiaye sa petite fille aux bons soins de sa sœur Déthié.

Mamy Ndiaye est devenue une jeune fille, et le temps n’a pas effacé en elle la cicatrice de l’abandon. Si retrouver sa mère peut être ressenti comme une nécessité, ce n’est cependant pas la seule motivation de Mamy Ndiaye. Retrouver ses prestigieuses origines devient pour elle un but, sinon le but. Selon sa tante, et d’après tous les griots de l’Afrique de l’Ouest, Mamy Ndiaye, fille de Penda Sarr est une vraie princesse, issue d’une grande famille de soufalbé qui a marqué l’histoire de Fouta.

Une personne pareille devrait toujours chercher à connaître ses racines.

C’est ainsi que Mamy Ndiaye quitte Pikine, Sénégal, pour aller vers l’inconnu sur les traces de Penda Sarr, et se retrouve à Bamako, Mali.

Dans le train, elle fait la connaissance de Karim Traoré, jeune Français d’origine malienne, de retour au pays pour les funérailles de son grand-père, le sage Fodé Fodé. Grâce à lui, Mamy Ndiaye va trouver refuge dans la maison du défunt et, de là, mener sa quête.

*

Guéladio Sall a l’étoffe d’un écrivain. Un synopsis d’une si grande simplicité lui suffit largement pour nous embarquer, dès les premières pages et jusqu’après le mot de la fin, dans son univers.

Nous sommes à Pikine, nous sommes à Bamako, nous sommes dans le cœur frémissant de l’Afrique et des Africains, si près de l’épicentre qu’il nous semble tout à coup être d’Afrique. Car plus que les couleurs de son pays, il sait en capter la lumière. Plus que les sons, il sait capter l’intervalle entre les silences. Tout y est : tous les sens et le fameux sixième en prime, partout, à chaque page.

Plus que raconter une histoire, il nous rapporte le Mythe, et il nous montre comment un être humain devient partie intégrante du Mythe, comment naissent les mythes au présent, dans une société bouleversée.

L’écrivain est bien sûr celui qui sait écrire (encore que cela peut s’apprendre ou se cultiver), mais c’est en priorité celui qui devient l’âme de sa propre culture. Et cela, cette faculté à devenir le raconteur-passeur-gardien de la mémoire du futur (le grillot), personne ne peut l’apprendre. Les ciseaux noirs sort d’un esprit fonctionnant à 360°. Rien dans le texte n’est gratuit, rien n’est vain dans cette histoire, chaque mot est à sa place, chaque idée et, encore une fois, plus fort que l’idée : le souffle entre deux pensées.

Là où l’on s’attend à lire les tribulations d’une jeune fille cherchant sa mère, c’est toute autre chose qu’on découvre : une véritable quête du sens, un authentique voyage initiatique, une expérience totale de la vie.

Deux autres raisons de lire Les ciseaux noirs :

Le contexte tellement bien raconté d’une certaine Afrique aux mille déchirures qui continue d’exister grâce à sa trame. C’est cette trame faite d’Esprit et de Coutumes que Guéladio Sall nous dévoile.

La place majestueuse donnée aux femmes et à la femme. Pivot, source et espérance d’une société.

Évidemment, il y a un "mais".

Ce texte demande à être corrigé. Impérativement. Afin qu’il trouve d’abord et offre ensuite sa véritable grandeur. Il ne s’agira pas de « corriger » comme le ferait un professeur des écoles, voire un professeur, mais d’entrer en dialogue avec le texte et l’auteur afin de devenir l’œil, la main, l’outil de celui-ci. 

Vous avez un livre dans votre tiroir ?

Publier gratuitement votre livre

Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…

+ d'info