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Le 02 jui 2024

Dans le Top 10 des Best Seller, les femmes prennent le pouvoir

Après dix ans de succès incontesté, Guillaume Musso cède sa place de premier de la classe. Il suffit de ne pas publier une année pour dé-ribouler à la sixième place. Mais si derrière cet effet mécanique, se cachait d’autres vérités, une nouvelle génération d’auteurs à succès : les auteures
Melissa Da Costa et Virginie Grimaldi caracolent en tête des ventesMelissa Da Costa et Virginie Grimaldi caracolent en tête des ventes

Les auteurs à succès sont des auteures à succès

Selon GfK, Mélissa Da Costa devient l’auteure la plus vendue en France avec une estimation de 1, 3 Millions d’ouvrages vendus en 2023 (tout compris incluant les Poches), Virginie Grimaldi la talonne avec 1,1 millions, et puis Maud Ankaoua en N°4 avec plus 800 000 exemplaires.

Y-at-il un dénominateur commun dans le top 10 des meilleures ventes de livres ?

>> Eh bien oui, les femmes écrivains prennent le pouvoir. La féminisation des auteurs à succès devient une tendance lourde. 
Beaucoup viennent d’internet et des plateformes. Certaines ont affiné et ajusté leurs écrits avec les lecteurs et leurs public. Presque une coproduction ou le lecteur est à la fois juge et conseil.
Peut-être que le succès de ces écrits de la vraie vie vient de ces récits spontanés, féminins et non pas des textes co-composés, corrigés et pensés avec les éditeurs.

> Mélissa Da Costa a démarré par l’auto-édition sur monBestSeller, repérée par les lecteurs, puis sélectionnée par le Prix Concours monBestSeller. Éditée dans un premier temps avec un succès prometteur par Carnets Nord, elle rejoint Albin Michel pour l'ascension qu’on lui connait.
> Virginie Grimaldi a suivi un cursus similaire. Élue par internet et soutenue par les réseaux sociaux : blogs et Facebook, elle entretient une relation étroite avec son lectorat.
> Enfin Maud Ankaoua, femme d’affaire éprouvée, devient l’une des locomotives d’Eyrolles. Elle se polarise sur un thème central de l'air du temps : le bien-être et la connaissance de soi même. Avec des titres comme « Respire », « Plus jamais sans moi », « Kilomètre 0 « , elle propose une re-connexion avec soi-même, avec ses valeurs.

>> Mais le phénomène est large. Des écrivaines dont les noms nous sont familiers forment un peloton. Aurélie Valognes, Agnès Martin-Lugand, Raphaëlle Giordano les accompagnent..
En termes de séries, on retrouve Captive, phénomène du genre, de Sarah Rivens, qui comptabilise 539.000 exemplaires.

Ce sont les nouveaux relais des Anna GavaldaKatherine Pancol, Tatiana de Rosnay, Amelie Nothomb qui, certes n’ont pas dit leurs derniers mots, et leur tiennent la dragée haute en faisant encore le fond de commerce des librairies.

Le Feel-good est aussi une donnée dominante de ces romans féminins, même si le terme fâche certaines d’entre elles

>> Les romans feel good stimulent les émotions positives du lecteur, le réconfortent et le divertissent. Les personnages sont confrontés à des situations difficiles mais finissent souvent par trouver une solution heureuse. Les thèmes abordés peuvent être très variés, mais l'accent est toujours mis sur le principe d'une forme de sagesse et de sérénité.
Une dimension protectrice, morale, parfois maternelle même.
Mais les intrigues de beaucoup de ces ouvrages donnent à ces romans une singularité particulière. L’aptitude à raconter des histoires simples à travers des personnages attachants émeuvent. La douceur et l’espoir inspirent. Mais fini les happy-end simplistes, on fait face à son destin et on le forge. Et c'est là, souvent que se loge le talent.

>> S''il est facile de vilipender ces auteures à succès et de les taxer "d'écriture facile", notons qu'il y a beaucoup de candidats et peu d'élues.
S'il y avait une recette, il n'y aurait pas de miracle. Et l'on ne peut que saluer ces auteures qui savent séduire, capter et retenir un lectorat dans le temps..

L’écriture est souvent introspective fondée sur des expériences personnelles, presque comme une confidence

>> L’écriture est souvent introspective fondée sur des expériences personnelles. C’est l’une des caractéristiques de cette écriture féminine.. Intimes, complices, ces écrits ont une résonance auprès des lecteurs, ils rassurent souvent car ils s'inscrivent dans la proximité et la connivence. 

Un principe d’identification plutôt qu’un principe de projection

>> Les romans Feel-good sont souvent considérés comme une forme de littérature légère, agréable et accessible, qui permet de s'évader du quotidien et de se sentir bien. Les personnages sont le miroir de notre quotidien. 
Plus encore que de simples histoires d’amour, les romans d'aujourd'hui sont plus sophistiqués et plus ancrés dans une forme de quotidien. Ils font référence à la famille, aux difficultés de la vie, à une réalité tangible.
La résilience est la clé de la réussite. C’est la vie des lectrices qui se dessinent sous leurs yeux : une vie comme la leur pourrait être.
>> Bien sûr, la dimension de développement personnel romancé est souvent induite. Ces écrits qui « réparent », sont une réponse à une époque anxiogène, violente.
Parfois des auteures comme Virginie Despentes les restituent telles quelles. Brutalement.
Plus moderne et plus réaliste que les Harlequin d’antan, parfois trash. Ils sont, outre le divertissement, un support de vie, une référence concrète.

Des femmes qui lisent des femmes

>> Le public de ces best-sellers est jeune : moins de 40 ans en général, à dominante féminine.
Et, c’est peut-être en cela que les auteurs femmes leur parlent mieux de leurs problèmes. Avec leur sensibilité, leurs mots, leurs émotions.
Enfin, il faut souligner le poids du poche, le petit format qui représente près de deux tiers des ventes…
On peut penser que cette littérature s’envole aussi parce que si elle ne représente parfois que peu d'enjeux,’elle pèse peu dans le porte-monnaie

>> Ces auteures Françaises à succès écrivent des Best-Sellers grâce à leur aptitude à capter des aspects universels de l’expérience humaine.
Mais attention, leurs talents, c’est de les personnaliser à travers des intrigues singulières et des styles propres.
Et leur mérite est d’autant plus grand que les média les soutiennent peu, voire les enfoncent, et que les Prix les boudent.

Alors félicitons-nous qu'elles soutiennent la lecture en France.
C'est déjà une victoire.

 

 

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Voici une thématique qui mérite une pause réflexive tant elle fait parler d’elle : la montée des romans au féminin, plus précisément des romans mêlant psychologie positive, développement personnel, rapports humains, romance, humour, quête spirituelle… bref, une littérature à tendance thérapeutique, souvent qualifiée de mauvais genre ou de sous-genre par le milieu littéraire, et pourtant pourvoyeuse de best-sellers.
Au-delà des débats suscités par ce nouveau genre apparu au milieu des années 2000, c’est en objet d’étude sociologique que ce phénomène vient nous interroger sur l’état de la société, et ses évolutions.
Que peut-on dire aujourd’hui de la place du féminin et du regard qu’on pose sur lui (qui n’a rien à voir avec le féminisme qui est un courant de pensée et un mouvement politique) dans notre société ?
Quel rapport entretenons nous avec le livre à l’ère du numérique et des réseaux sociaux ? (est-il devenu un objet de consommation courant, comme le laisse entendre le vocabulaire associé à ces romans : ne dit-on pas qu’ils se dévorent comme des bonbons acidulés?)
Qu’en est-il du besoin de réconfort, de douceur et de guidance dans un monde en mutation où les repères volent en éclats ?
Et quel regard portons nous sur la logique économique dans le domaine de l’art tendant à faire de ce dernier une industrie répondant aux lois de l’offre et de la demande ?
Enfin, ces romans, souvent qualifiés, avec condescendance, de littérature populaire nous donnent matière à réfléchir sur les clivages sociaux face à la culture dans notre société (de quoi parlons nous quand on parle de culture savante et de culture populaire ?)
Autant de questions que ces romans viennent poser dans la sphère publique nous invitant à observer les changements sociétaux en cours et leurs impacts sur la façon de faire société.
Et si ces romans étaient des révélateurs de changements profonds de notre société ? Une société où le principe féminin vient reprendre sa juste place au côté du principe masculin, une société qui cherche à se guérir plutôt que d’être l’éternelle malade au bord de l’effondrement au chevet de laquelle on applique des pansements ou des placebos, une société respectueuse et bienveillante face aux clivages ambiants et à la violence psychologique présents dans tous les secteurs...

Publié le 04 Juillet 2024

Un article intéressant, et je suis particulièrement heureux de voir la montée en puissance de Virginie Grimaldi. Bon nombre de ses œuvres m'ont fait du bien lorsque j'étais au plus mal. Félicitations à ces autrices.

Publié le 04 Juillet 2024

Bravo à ces femmes qui ont su se démarquer par leur plume fine et experte. Et oui, des happy-end et du feel-good ça fait du bien !

Publié le 03 Juillet 2024

“Les Harlequin d’antan”, écrivez-vous ? Les éditions existent toujours pourtant. Elles proposent une large gamme, une gamme bien éloignée de l’œuvre des différentes romancières évoquées dans cette tribune. Cette maison édite sur de nombreux thèmes : bébé, mariage, destin de femmes, patron, sexy men, lectures de Noël… Dans la série Black Rose, on trouve même des romans censés allier amour et suspens… mais, mais, mais : tous les écrits réunis sous la bannière Harlequin ont toujours en commun un parfum aussi reconnaissable qu’entêtant : l’eau de rose.
Ici comme ailleurs, articles et tribunes pullulent pour tenter d’enfermer ces œuvres féminines à succès dans une catégorie dévalorisante, tels les romans Harlequin, le genre feel-good (ressenti comme une critique du point de vue français) ou encore le développement personnel. Je trouve pour ma part cette attitude peu fairplay.
“La jalousie des autres peintres a toujours été le thermomètre de mon succès”, affirmait très justement Salvador Dali, alors comme l’écrit @lephilosophe : mesdames, vous avez raison de ne pas vous laisser enfermer dans une catégorie.
Merci pour ce billet,
Michèle

Publié le 03 Juillet 2024

Je pense que ces dames ont raison de ne pas vouloir se laisser enfermer dans une catégorie !

Publié le 03 Juillet 2024