L’aigle se rapprocha et je ressentis une invitation silencieuse à découvrir ces nouveaux espaces.Les doigts rougis et griffés par la roche, j’aperçus enfin le sommet à quelques mètres au-dessus de moi. Je m’arrêtai un bref instant pour détendre mes muscles et éponger la sueur qui perlait sur mon front. J’inspirais profondément pour rechercher dans l’air pur de la montagne une énergie nouvelle. Ma main droite trouva une prise stable et je hissais mon corps dans un dernier effort.
Le monde s’ouvrit devant moi. Une vue panoramique qui s’étendait à perte de vue. Le manteau neigeux des sommets étincelait sous la lumière dorée du soleil. Je fixais une ancre solide et je m’allongeais sur le sol rocailleux en poussant un cri de triomphe. Les échos de ma victoire résonnèrent sur les parois des falaises et je m’assis, empli d’un sentiment d’invincibilité.
J’aperçus dans le ciel un gigantesque oiseau qui décrivait des cercles en se rapprochant de moi. C’était un aigle royal. Soudain, il fondit vers moi et je fus saisi par la peur. Je me recroquevillai. Dans un mouvement rapide, il se posa à quelques mètres en repliant ses ailes contre son corps. Ses serres puissantes agrippaient la roche avec assurance.
Je me redressai pour l’observer. Les nuances dorées autour de son cou accentuaient la majesté de son plumage sombre. Sa tête était ornée d’un bec crochu d’un jaune éclatant. Ses yeux perçants me dévisagèrent. Je ressentis une étrange forme de connexion avec cet être sauvage. Son regard m’intimidait et me fascinait à la fois.
Dans ces instants suspendus, mon angoisse s’apaisa et se transforma en un sentiment de respect et d’émerveillement. La majesté de cet oiseau me plongea dans une contemplation silencieuse. La tension dans mon corps s’effaça, remplacée par une sensation de paix. Au sommet de cette falaise, je compris qu’il évaluait mon courage et me reconnaissait comme un compagnon de voyage, une âme forte qui avait affronté et surmonté les défis de la montagne.
Il tourna lentement la tête vers l’horizon. J’épousai son regard et je parcourus avec lui chacune des ombres longues des pics sur les vallées en contrebas et les lueurs orangées qui enveloppaient les crêtes. L’aigle se rapprocha et je ressentis une invitation silencieuse à découvrir ces nouveaux espaces.
Le souffle du vent caressa mon dos et souleva quelques plumes de son manteau. Il poussa un cri perçant, déploya ses ailes majestueuses et s’élança dans les airs. Son vol était puissant et gracieux, il tourna plusieurs fois au-dessus de moi puis s’éloigna. Je me levais et le saluai de la main, le cœur reconnaissant pour cette rencontre inattendue.
Audras Marcy
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