Les écrivains de demain et l'Auto-éditionInternet ouvre grand le marché de l'auto édition.
On ne sait qu’en penser. Certes Amazon en première instance (et dans une moindre mesure ses plateformes concurrentes) sont en train d’ouvrir le champ des possibles à tous les auteurs qui ont quelque chose à dire. Ces plateformes, KDP en tête, libèrent et désinhibent une profession « sacralisée » qui désignait du haut de son piédestal "les génies" et les "nuls". Un peu de sourire et de décontraction font du bien, et il est parfois amusant de manifester au pied des tours d'ivoire.
Mais quels sont les’enjeux et les leviers de ce phénomène ? Virtuellement c’est un immense marché, un immense marché du loisir, mais un immense marché de l’espoir aussi, et vraisemblablement un marché de l'espoir déçu. Lorsqu’on apprend à jouer du piano, rares sont ceux qui pensent devenir Mozart. Alors que lorsqu’on prend la plume…
Attirer les auteurs dans le monde de l’autoédition relève d’un marketing habile et maitrîsé.
Les leviers sont multiples.
La dimension pragmatique, d’abord : facilité, d’inscription, de publication, contrôle, aucun transfert de droits.
La rétribution de l’auteur ensuite. Alléchante. Saviez vous qu’un auteur touche 2 euros sur un livre numérique à 3 euros. Il touche la même somme pour un livre papier vendu 20 euros dans les canaux traditionnels. Le lecteur fait la différence, surtout en cas de déception. Plus fort encore, Alice Quinn, auteur de « un Palace en enfer », (Grand succés Amazon avant d'être un succés en librairie (Michel Lafon)) défie toutes les lois du marketing. Elle décrit avec minutie (et humour aussi) ses interventions sur Amazon, pour soutenir son livre. Baisser son prix quand son livre s’éloigne du top 5, puis le réajuster quand il le réintègre. Et ce, pour rester dans les meilleures ventes le plus longtemps possible. Et ça marche, déclare-t’elle !
Les success story sont brandies comme la garantie de réussite des auteurs, et c’est là que le bât blesse. Car si l’on apprend sur le net toutes les techniques de l’autoédition, les outils marketing de promotion, les règles incontournables du bon synopsis, de la photo qui accroche, des mots clés qui font mouche, on n'apprend pas le talent.
Et pourtant on n'apprend pas le « talent ».
Tout se passe comme si la feuille de route "autoédition" tendue à nos écrivains, était la clef des prix littéraires. Et sans doute que nos Laurent Bettoni, Alice Quinn, et autres Agnès Martin Lugand en ont un peu… du talent. Et que le chemin qu’ils ont emprunté n’a fait qu’accélérer une visibilité qu'ils auraient eu, in fine. Et qu’ils auraient conquis leur lectorat progressivement.
Quoiqu’il en soit, les beaux jours de l’autoédition sont devant nous, pas derrière. Quand on sait qu’un français sur 3 écrit ou songe à écrire un livre (source KDP), que 30 % des lecteurs ont déjà lu un livre autoédité, et que l’achat de tout bien culturel ne se fait pas sans consultation d’Internet (pour 64 % des Français). La voie est ouverte.
Mais dépêchez vous, murmure Alice Quinn, malicieuse, je ne suis pas certaine que ce soit éternel. L'effet de nouveauté joue, L’autoédition pourra t’elle révéler des auteurs inconnus régulièrement ? je n’en suis pas sûre. Et quand on lui demande pourquoi, « je le sens » répond t’elle…
Christophe Lucius
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