Interview
Le 28 mai 2015

De monBestSeller à l’autoédition : succès d’une stratégie d’auteur

La statégie de succès d'un auteur auto édité"monBestSeller m’a donné la possibilité de tester ce que des lecteurs pensaient du livre"

Patrick Jacquemin, fondateur il y a quinze ans du site RueDuCommerce.com, dont le succès n’est plus à prouver, s’est lancé dans une nouvelle aventure, celle d’auteur auto édité. Auteur monBestSeller de la première heure, il s’est servi du site comme rampe de lancement et aujourd’hui les ventes de son premier roman grimpent au fil des mois. Un entrepreneur à succès dans le monde de l’auto édition, autant dire que sa stratégie est affûtée ! Et son point de vue, très intéressant.

Question: 

Avant d’auto éditer votre livre L’odeur de l’herbe après la pluie, vous avez publié gratuitement sur monBestSeller.com. Qu’avez-vous pensé de cette expérience et que vous a-t-elle apporté ?

Réponse: 

L’expérience sur monBestSeller fut très enrichissante. Je ne savais pas ce que valait mon livre. monBestSeller m’a donné la possibilité de tester ce que des lecteurs pensaient du livre. En fonction des remarques, j’ai effectué des modifications.
J’ai pu aussi tester la 4ème de couverture, la biographie et les effets de la promotion, grâce aux mises en avant.

Question: 

Vous avez auto édité votre roman uniquement en numérique et vous êtes pour la diffusion sans DRM et sans liseuse exclusive. Pourquoi ?

Réponse: 

Je souhaite que mon roman soit lu. Je n’ai pas, pour cette première expérience, d’ambition financière. Je fais passer des idées avant tout et la diffusion la plus large est mon objectif. Ainsi, l’option sans DRM est ce qui me convient. Je pense que pour un nouvel auteur qui veut se faire connaître, cette solution est la plus intéressante.

Question: 

Vous avez dit sur un forum que votre livre avait été piraté. Quels enseignements en tirez-vous ? Quel est votre point de vue sur le piratage des ebooks ?

Réponse: 

Si je veux être cohérent avec l’option « sans DRM », le piratage n’est pas dérangeant dans la mesure où il accentue la diffusion (certes gratuite) du livre, et lui donne de la visibilité. En revanche, il est gênant d’un point de vue moral et frustrant car des voyous volent mon bien. Pour un premier roman, ce n’est pas si gênant que cela et je compose avec.

Question: 

Comment se passe la vente de votre livre ? Combien en avez-vous vendu ? Qu’est ce qui marche en termes de promotion et de communication pour vendre ?

Réponse: 

J’ai mis mon livre en vente fin février sur Amazon, Fnac et le réseau epagine (150 librairies indépendantes).
À ce stade, j’ai vendu 300 livres. Le premier mois, j’en ai vendu 10, le deuxième mois 50, ce mois-ci plus de 200. Je vends autant sur Kobo que sur Amazon.
J’ai créé un compte Facebook « Auteur » et j’utilise les services d’une amie aguerrie pour en faire l’animation.  Par ailleurs, nous avons envoyé un communiqué de presse pour inviter les journalistes à chroniquer le livre. A ce stade, plus de 27 articles et avis de blogueurs et de la presse généraliste ont été publiés, la plupart sont bons. 

Question: 

En tant qu’expert du web et du e.commerce, quel est votre regard sur le marché du livre numérique aujourd’hui et votre vision pour le futur ?

Réponse: 

Le livre numérique prend de plus en plus d’ampleur. Des ebooks tels qu’Un palace en enfer d'Alice Quinn ont été vendus en France sur Amazon à plus de 20 000 exemplaires en un an. Les livres numériques de Jacques Vandroux sont sur la même voie.
Le livre numérique librement mis en ligne va bientôt cohabiter avec le livre papier, diffusé par un éditeur traditionnel dans des librairies traditionnelles. Nous ne savons pas quelle sera la répartition des ventes en valeur et en volume entre l’un et l’autre, mais il paraît certain désormais que le livre numérique n’est plus une chimère. Il est pérenne et promis à un bel avenir.
Les librairies traditionnelles semblent pour la plupart vouloir ignorer cette ascension du livre numérique. Je pense que c’est une grave erreur, aussi importante que celle d’avoir voulu, pour certaines grandes entreprises, bouder la révolution numérique à la fin des années 90.

Les histoires de Kodak et Panasonic sont à cet égard intéressantes : pendant les années 90, Kodak caracolait en tête de la puissance financière et commerciale. Partout dans le monde, y compris au fin fond de l’Amazonie, vous trouviez une pellicule photo Kodak, comme on trouve aujourd’hui (et à l’époque d’ailleurs) une canette de Coca Cola. En 2000, il y eu l’émergence de la photo numérique. Kodak était tellement assis sur ses certitudes qu’il a dédaigné cette vague de fond. En 2011, Kodak a fait faillite. En réalité, Kodak n’a pas anticipé et surtout ne s’est pas adapté au monde qui bougeait devant lui. Une grosse décennie pour abattre ce géant richissime, vieux de plus d’un siècle.
Dans le même temps, j’ai vécu l’émergence de Panasonic. Au contraire de Kodak, Panasonic a anticipé que les fonctionnalités intéressantes du numérique contenteraient nombre de consommateurs dans le monde. L’entreprise s’est adaptée à cette nouvelle donne. En quelques années, Panasonic est devenu le numéro 1 de la photo numérique dans le monde alors qu’elle ne vendait pas d’appareil photo dans les années 1990.

Nous avons aussi tous vécu la résurrection d’Apple, qui lui aussi a anticipé que la révolution numérique serait une vague de fond. Il l’a attaqué au début des années 2000 par la musique.
Il a donc fallu 10 ans pour inverser une tendance lourde, pour changer les habitudes des terriens et pour abattre ou créer des leaders. Ça va très vite !

Bref, tout ça pour dire que le livre est engagé dans une révolution qui ne sera pas aussi forte que celle de la photo, car le papier restera, mais où malgré tout, la donne va pas mal évoluer. Je suggère aux libraires traditionnels de ne pas ignorer cette révolution.

Question: 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes auteurs pour auto éditer et faire la promotion de leur premier roman ?

Réponse: 

Je leur conseille de tester l’appréciation de leur livre sur monBestSeller.
Ensuite, de le mettre en vente sur Amazon et Fnac/Kobo, puis de faire ce qu’on appelle du « community management » pour faire connaître le livre sur les réseaux sociaux et à la presse.

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Le piratage est évoqué dans cet article, j'aurais aimé savoir comment un auteur peut-il s'apercevoir que son texte a été piraté ? Le copyright ne protège-t-il pas de cela ? Quels sont les recours possibles ? Peut-on avoir plus de détails sur la question du DRM ? Merci d'avance à ceux qui prendront la peine d'apporter des éléments d'information sur le sujet.
Publié le 02 Juin 2015
Bonne comparaison avec l'argument Kodak !
Publié le 31 Mai 2015
Salut à tous les amis (ies), et Patrick L en passant vu ses problèmes de connexion. En ce qui concerne l'auto édition, j'ai encore pas mal de lacunes. Je viens de mettre mon dernier polar sur Amazon Kindle et de le proposer à un éditeur normand (édition papier), histoire de voir le retour. En ce qui concerne l'article de Patrick J, c'est très intéressant et çà confirme bien la tendance actuelle de l'édition. A+ CC
Publié le 29 Mai 2015
DE TRES BONS CONSEILS ET UN AVIS INTERESSANT DONT JE ME SERVIRAI. A LIRE SUR MONBESTSELLER.COM: S'EN FOUT LA MORT IL AIME LA VIE(ROMAN PSYCHO.) LES INSOMNIES DU PANDA(ROMAN HUMORISTIQUE) DEMAIN NE SERA PAS UN REVE(POESIE) BONNE JOURNEE.
Publié le 28 Mai 2015