Cette jeune professeur de physique-chimie et de danse contemporaine a remporté le prix Nouveau Talent organisé par la Fondation Bouygues Telecom, Metronews et les éditions JC Lattès. Sorti en juin, son roman, Je suis là, écrit en trois mois, a déjà séduit de nombreux éditeurs étrangers. L’histoire : une « rencontre » étonnante entre une jeune femme plongée dans le coma et un garçon plein de doutes. Clélie Avit nous parle de son expérience et de sa manière d’écrire… un peu magique.
Il y a un peu moins de trois ans, j’ai rêvé la scène d’un roman fantastique. Je me suis mise à écrire le lendemain et j’ai terminé un premier livre en janvier 2014. Je l’ai envoyé à de nombreux éditeurs. J’ai essuyé beaucoup de refus. J’ai compris qu’il fallait que je passe par des appels à texte - certains petits éditeurs cherchent des auteurs – ou des concours.
C’est comme cela que j’ai participé au concours Nouveau Talent.
Oui, j’ai été lauréate du concours avec Je suis là. Le thème du concours était donné par une citation de Marcel Pagnol : « Tout le monde pensait que c’était impossible. Un inconnu est venu qui ne le savait pas, et qui l’a fait ».
J’ai eu l’idée du livre en écrivant. Je ne planifie rien, je fais confiance à mon instinct. Les trois premières phrases : « J’ai froid. J’ai faim. J’ai peur » me sont venues à l’esprit. Seule une personne en état de grande vulnérabilité pouvait prononcer ces mots. J’ai pensé au coma.
Je n’ai pas fait de recherches, je n’avais pas beaucoup de temps à ma disposition. Une personne de ma famille avait été dans le coma, j’avais donc déjà été confrontée à cette situation et je connaissais un peu le milieu médical. En tant que professeur de danse, j’avais aussi suivi des cours d’anatomie et de physiologie, je pouvais donc être crédible.
C’était un parti pris, ce n’est pas forcément mon style habituel. Là, j’étais immergée dans la tête d’une personne, celle d’Elsa ou de Thibault. Je n’allais pas utiliser des phrases alambiquées. Le style devait être crédible, adapté à l’histoire des personnages.
Mon histoire se construit toute seule. Les mots se succèdent les uns les autres. En fait, je découvre l’histoire comme un lecteur pourrait le faire. Le matin, quand je me réveille, je sais si c’est une journée pour écrire ou faire autre chose. J’écris au feeling. Je ne me force pas. Les éléments viendront quand ce sera le moment. C’est étonnant car je ne suis pas du tout comme ça dans la vie quotidienne. Je suis plutôt scientifique, cartésienne avec des journées très contrôlées.
L’amour est plus fort que tout, il peut vous surprendre où que vous soyez et on peut le trouver là où on ne l’attend pas. J’avais envie d’écrire une romance. Et puis, je trouve que les gens perdent leur sensibilité. Mes personnages ont leurs émotions à fleur de peau. Il faut laisser notre sensibilité s’exprimer.
Je trouve cela très intéressant. Je n’avais pas envisagé de passer par l’auto édition au départ car je ne me sens pas l’âme d’une entrepreneuse. Il faut assurer les rôles de tout le personnel d’une maison d’édition et ce travail, après l’écriture, me faisait peur. Pour les personnes qui ont les aptitudes pour affronter cela, l’auto édition est très intéressante. Je suis très admirative des personnes qui s’auto-éditent. J’y viendrai peut-être plus tard. Elle peut être complémentaire. On peut éditer sur le Net un ouvrage dont l’éditeur ne veut pas, un recueil de nouvelles par exemple.
Il faut persévérer si on y croit ! Si on cesse d’y croire une seule seconde, c’est fini ! Il faut être certain de ce qu’on veut atteindre. Si l’objectif est d’être édité, il faut persévérer, ne pas baisser les bras. Et ne pas hésiter à se remettre en question, aller dans le sens de ce qui est demandé.
Je quitte l’Education nationale et je saute à pieds joints dans ma nouvelle vie. Je reste professeur de danse, un écrivain ne doit pas se couper du monde, sinon il se fane. Je travaille sur mon tout premier roman fantastique. Une série de quatre tomes va être éditée aux éditions du Masque. Les deux premiers volumes sont déjà écrits. C’est un tout autre univers à construire.
Clémence Roux de Luze
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