Les prix littéraires : révéler des talents ou soutenir des succés ? Faut-il penser que désormais les jurés des Prix littéraires choisissent leurs lauréats parmi les best-sellers ?
L’une des raisons d’être des prix littéraires est la reconnaissance même de leur prestige. Leur efficacité vient de leur capacité à attirer les médias, et de leur influence commerciale. Littérature ou pas. Les ventes font la réputation des prix littéraires. Ces prix viennent-ils en simple renfort d’un succès commercial pour le consacrer ? Faut-il comme on le dit dans la publicité : mettre en avant les produits qui ont déjà intrinsèquement les potentialités d’un cheval de course ? En bref, la promo ne peut que servir des best-sellers déjà bien installés.
La réputation du Renaudot : voler au secours de la victoire.
Le Renaudot commence à être célèbre pour effectuer ses sélections sur les best-sellers. Et l’affaire « Daniel Pennac », il y a quelques années, pour « Chagrin d’école » marque encore les esprits. Un auteur, un titre déjà vendu à 300 000 exemplaires, qui n’était même pas rentré dans les dernières sélections du grand prix littéraire, réapparait, comme par magie en liste ultime, pour être finalement élu. Ces présélections et ce suspense permettent bien sûr de coordonner la profession des libraires avec des réassorts et des rumeurs variés pour créer du bouche à oreille. C'est de bon aloi, on renforce ainsi les connivences de la profession et on prouve sa propre influence.
Le Renaudot de cette année confirme cette stratégie. Il dévie de sa vocation d’origine. Sa mission "réparer les injustices du Goncourt" a été appliquée un temps, un temps bien révolu. Et si Aragon, Céline et Le Clezio en ont profité, cette philosophie semble risible aujourd’hui, au vu des nouveaux lauréats.
La mission du Goncourt : découvrir de nouveaux auteurs ?
Du côté du Goncourt, la pensée est différente. Elle est déclarée, affichée et souvent pratiquée. Sa mission : "découvrir de nouveaux auteurs".
Mais comme dans toute généralité, l’exception confirme la règle. Duras qualifiait, à 70 ans, son propre prix de "curieux Goncourt". Le mutisme de la critique, lui avait fait perdre toute espérance de reconnaissance «de la profession». « Nous ne donnerons pas le Goncourt à une communiste » avait déclaré un juré en 1950, lorsque son ouvrage, taxé d’anticolonialiste, avait concouru en finale du fameux Prix. Marguerite Duras a du attendre plus de 20 ans pour obtenir avec "l’Amant" sa récompense. Sans doute plus pour célébrer l’auteur ou l’œuvre que le livre lui même.
Le prix de Flore annonce la couleur : « couronner un jeune auteur au talent prometteur ».
La preuve "Ni d'Eve ni d'Adam" le remporte en 2007, Amélie Nothomb souffrait déjà d’un manque de notoriété chronique. Elle en avait « évidemment » besoin pour tenir sa carrière d’écrivain vedette. Idem pour Christine Angot qui l’obtenait l’année précédente, en 2006… Eh oui, derrière les vœux pieux, ces prix littéraires ont une ambition : celle de faire croire qu’ils font et défont la carrière des écrivains, qu'ils sont les têtes chercheuses des nouveaux talents de demain, qu’ils batissent les succès commerciaux. Et que le monde de la critique, du journalisme et des médias est encore determinant. S'il faut saluer de nombreux éditeurs et quelques journalistes, ne me dîtes pas qu'il me faut un Prix littéraire pour découvrir Marc Levy... Pourquoi pas le festival de Cannes pour dénicher le dernier James Bond.
Par delà leurs querelles internes, les « petits » Prix littéraires émergent. Et progressivement, discrètement, les lecteurs reprennent leurs droits. Le prix Fnac, Nouveaux talents, lectrices de « Elle », le prix RTL–Lire, le prix des lecteurs du Livre de poche, les clubs de lecteurs comme Lecteurs.com… et, faut il le mentionner, de nombreuses initiatives prises par des sites web comme le Prix Concours monBestSeller prennent un poids auprès du public, un poids et surtout une crédibilité. De beaux prix qui échappent à toute influence et au dictat du commerce et des Maisons d’édition… Le renouveau de la littérature passera sans doute par là. Si l’honnêteté ne paie parfois pas dans l’immédiat, elle est récompensée souvent sur le long terme. Espérons-le.
Christophe Lucius
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Je viens juste de me souvenir qu'en fait il y a bien eu recemment un auteur auto-edite sur la liste du Renaudot. Meme si c'est un cas tres particulier. Il s'agissait de M Edouard Nabe, ecrivain sulfureux s'il en est, et qui etait entre dans la liste avec (de facon assez cocasse) l'homme qui arreta d'ecrire, son premier roman auto-edite (mais en version papier.)
C'est bien ce que je voulais dire, justement quand je fais part de l'absence d'auteurs auto-edites sur les listes des prix litteraires "mainstream". Il n'a jamais ete fait mention du fait qu'un roman devait etre edite par une maison classique (et pour cause) sur les reglements du Goncourt (encore une fois pour prendre cet exemple) mais d'ecrivains et "d'ouvrage publie'. Le support ne devrait pas etre pris en compte. Et pourtant aucun auto-edite ne sera choisi. Dans la tete des jures, cela semblerait donc signifier qu'aucun d'entre eux n'est digne de cela. Et si je citais Angot et son dernier livre c'est parce que crois vraiment que de tres nombreux ouvrages auto-edites sontr largement aussi a meme d'etre nomines.
Je suis d'accord pour dire que la qualite des romans auto-edites est tres heterogene, mais ca ne devrait pas etre un frein dans le choix d'un laureat si la methode de selection etait suffisamment loyale. Apres tout lors des jeux olympiques, les selection se font bien en amont des quart de finale. Mais effectivement, en ce qui concerne les prix litteraires on sait depuis longtemps que les 5-10 maisons importantes se partagent les prix depuis des lustres. Ca simplifie les choses mais ca ne donne pas une vision tres satisfaisante de ce qui existe vraiment.
Il est certain que le prix Goncourt (pour ne prendre que cet exemple) ne consacre pas la mediocrite ou la daube, mais je parie avec vous qu'il se passera un bon bout de temps avant que le Goncourt ne soit attribue a un auteur purement auto-edite. Et comme ca n'est pas encore arrive (meme dans les listes des elimines) on pourrait en conclure que la litterature auto-edite est en quasi-totalite de la "daube". Pourtant sur la premiere liste du Gonourt il y avait Angot avec un roman dont la premiere page, avec sa ponctuation completement aleatoire et son caractere presque incomprehensible, aurait disqualifie n'importe auteur auto-edite.
J'adhère aux propos de Lucas et Chris. Même chose pour les livres scolaires qu'ils dénaturent de leurs vérités. Entre autres l'Académie, sinon elle ne servirait à rien. Ils assassinent notre littèrature et notre histoire. (la religion aussi, mais je suis athée). Nos gosses penses que ce sont les Ricains qui nous ont sauvés? 6000 morts pour le débarquement. Je les respecte, mais ils sont morts pour eux, pour leur patrie pour ne pas que l'Europe soit communiste. Les Russes ont perdu 300.000 hommes la même semaine dans la prise de Berlin. Sans eux, rien ne se faisait. Combien de millions pour anéantir l'Allemagne? Mais les Ricains et leurs affidés continuent de nous envahir pour nous abêtir et nous réduire! Quels sont les jeunes aujourd'hui qui savent que, dans le même état d'esprit, 6.000.000 juifs, pauvres, ont été sciemment sacrifiés, par les mêmes qui nous asservissent aujourd'hui, par ceux qui rêvaient de s'imposer pour monter un Empire en obligeant les anti intégristes qui pouvaient investir à remplir Israël avec l'absolution de l'Ordre noir et d'Eichman, le chef de l'immigration? Un livre qui releterait ces faits n'a aucune chance d'obtenir un Prix. Mais bon, "Rachid arrête de fumer!"
En parfait accord avec vous, Lucas Leverger, on dirige le lecteur vers ce qui semble être bon pour lui, parce que nous sommes dans une société de consommation guidée, même la littérature ni échappe pas. Les prix littéraires quels qu'ils soient sont désués car manipulés, en ce qui me concerne je n'en lis plus. Il suffit de lire de bons ouvrages sur des sites de lecture comme mBS par exemple pour le confirmer, certains ouvrages dépassants de très loin les prix littéraires. Faudrait-il croire que ces bons ouvrages de par leur contenu, n'entrent pas dans les directives préétablies ?
C'est un cercle vicieux. Les listes pour les prix litteraires sont par definitons tres subjectives puisqu'elles sont bien plus courtes que le nombre de romans qui paraissent tous en meme temps justement pour pouvoir participer a ces prix litteraires. Or ceux qui font ces listes font probablement comme tout le monde. Il se concentrent plus sur les romans dont on a deja parle et qui sont deja plus vendus que les autres. Ensuite ceux qui votent ne votent que sur ces listes etroites, et les laureats sont encore plus mis en lumiere. Il y a 600 romans pendant la rentree litteraire. Malheureusement on n'entendra parler que de quelques-uns. Si en plus les membres d'un jury ont la possibilite par leurs professions de faire de la publicite pour un livre qu'ils/elles ont aime...