« Ne dites pas à ma mère que je suis autoédité, elle me croit écrivain ». Cette plaisanterie, si je la trouve drôle, n’est pas vraie du tout.
Il s’agit encore d’une idée reçue, proche de la mauvaise réputation dont je vous parlais dans la chronique précédente.
Au palmarès des auteurs aujourd’hui célèbres ayant essuyé de très nombreux refus, on trouve les noms de Proust, Joyce, Céline, et, plus proches de nous, Anna Gavalda, Didier Van Cauwelaert ou Bernard Werber. Ce dernier ayant approché plus de vingt éditeurs pour Les Fourmis et ayant reçu, au cours des six années d’envoi de son manuscrit, trois refus de son éditeur actuel. Vous pouvez retrouver cette anecdote et bien d’autres dans un article très complet sur le sujet, écrit en 2013 par Capucine Roche (lectrice d’édition professionnelle). Des livres comme Autant en emporte le vent (38 refus) ou Le journal d’Anne Franck (15 refus) auraient pu ne jamais voir le jour si leurs auteurs (ou dans le cas du deuxième, le père de l’auteur) ne s’étaient pas obstinés dans leurs démarches.
Pour ma part, vu ma propre ligne éditoriale, c’est l’exemple d’Harry Potter qui me motive le plus : 12 refus !
Les manuscrits rejetés ne le sont pas nécessairement à cause de leurs défauts. Des considérations financières, éditoriales ou marketing entrent aussi en ligne de compte et il arrive que les éditeurs ne puissent tout simplement pas publier un excellent manuscrit.
Vous n’avez aucun moyen d’influencer le contexte dans lequel votre histoire sera lue : le calendrier éditorial, le nombre de parutions de ce genre déjà envisagé, les goûts littéraires de la personne chargée de la présélection, etc.
C’est pour cela qu’un manuscrit peut être rejeté plusieurs fois par la même maison d’édition avant d’être finalement accepté.
Outre le fait que l’autoédition était le mode d’édition originel, de nombreux auteurs classiques se sont autoédités : Alexandre Dumas, Ernest Hemingway, Rudyard Kipling, Lamartine, Charles Péguy, Edgar Allan Poe, Arthur Rimbaud, Mark Twain, George Bernard Shaw, Paul Valéry, ou Virginia Woolf entre autres.
Comme les auteurs indépendants actuels, ce qui les séduisait c’était le contrôle total sur leur œuvre, de son écriture à sa diffusion. « Mais ça c’était avant », comme dirait l’autre. Dans des contextes économiques bien différents de celui qui est le nôtre. Qu’en est-il donc aujourd’hui ?
Saviez-vous que le (trop ?) célèbre Cinquante Nuances de Grey, d’E.L. James était initialement une publication en ligne sur un site d’auteurs indépendants ?
Ou encore, pour les amateurs de SF, que Silo, le livre de Hugh Howey a fait ses débuts en autoédition avant de dépasser les 500 000 exemplaires vendus et d’avoir été adapté au cinéma par Ridley Scott ?
En France, on a l’exemple désormais connu d’Agnès Martin-Lugand, d’abord autoéditée pour Les gens heureux lisent et boivent du café avant d’être publiée par une grande maison d’édition.
Mais l’histoire qui me plaît le plus, en tant qu’auteur de fantasy, est celle des auteurs d’Oksa Pollock, une série initialement autoéditée qui a connu un succès fou, à tel point que ce sont les lecteurs qui ont écrit aux maisons d’édition pour s’insurger du fait que leurs livres préférés ne figuraient pas dans les grands rendez-vous littéraires. Les éditions XO ont alors édité la série, qui est devenue un véritable phénomène aujourd’hui. (Vous pouvez lire l’article de la Dépêche qui raconte cette histoire)
Vous me direz, « oui, mais tous ces exemples montrent des auteurs qui ne sont plus autoédités aujourd’hui. Leur succès, finalement, ils le doivent à l’édition classique ». Je vous répondrai qu’à mon avis, ils n’auraient jamais été édités s’ils n’avaient pas d’abord fait parler d’eux via l’autoédition. L’autoédition les a mis en avant et l’édition classique a simplement été un moyen de les diffuser plus largement.
En outre, il est faux de dire qu’il n’y a pas à l’heure actuelle de succès en autoédition.
Parmi les 100 livres les plus achetés sur Kindle aux États-Unis, on comptait une quinzaine d'autoédités en 2013. Le très sérieux magazine Forbes concluait son article sur le sujet en indiquant que si seuls quelques auteurs autoédités gagnaient des sommes astronomiques avec l’autoédition, il n’en demeurait pas moins vrai qu’un revenu tout à fait acceptable pouvait être dégagé par les auteurs autoédités, sans nécessairement apparaître dans le top 100.
En France, en février 2013 (je n’ai pas trouvé de chiffres plus récents, n’hésitez pas à intervenir dans les commentaires si vous en avez) Amazon publiait dans un communiqué de presse que « 37 des 100 meilleures ventes de livres Kindle sur Amazon.fr sont l’œuvre d’auteurs qui utilisent la plateforme d’auto publication Kindle Direct Publishing (KDP) ».
Voilà, j’espère, avec cette nouvelle chronique, vous avoir démontré que l’autoédition n’était pas réservée à des ratés de la littérature. Pour ma part, elle correspond à un choix délibéré : celui d’être lue.
Si vous souhaitez plus d’informations sur l’autoédition, inscrivez-vous à ma liste de diffusion. En tant qu’abonné, vous pourrez télécharger gratuitement les pdfs « Comment distribuer son livre au plus grand nombre ? », « Comment faire sa promotion sans spammer ses contacts ? », « Quelles sont les étapes de l’autoédition ? », « 10 astuces pour utiliser Scrivener », « 3 mois pour 3 000 abonnés » et recevoir des informations sur la sortie de mon guide « Autoédition : à vous de jouer ! »
Nathalie Bagadey
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Boissié-Dubus Bernadette Merci d'avance pour votre projet d'article. Oui, vous pouvez envoyer votre texte par mail à contact@ monbestseller.com. @ bientôt donc !
Je voudrais écrire un article sur l'auto-édition. Malheureusement je n'ai pas compris comment je peux faire. Faut-il envoyer les textes par mail ? Merci de bien vouloir m'éclairer. Bonne journée à tous
Je reconnais qu'il faut beaucoup d'énergie et y passer beaucoup de temps, mais on finit par se faire connaître et ça vaut vraiment la peine...
Je vous conseille de lire mon pdf gratuit, Navizim, "comme faire sa promotion sans spammer ses contacts" : je vous donne plein de pistes à explorer... :)
@Eugeny
D'apres Wikipedia, EL James a d'abord publie son ivre sur son propre site web avant de le presenter sur le site "Writers coffee shop" (je ne connais pas ce site).
J'adhère ! Et, j'ajoute qu'un site libérant les relations auteurs-lecteurs, offrant des livres à choisir, à aimer, à critiquer, à rejeter, ... est une véritable aubaine littéraire, culturelle, intellectuelle.
On s'enrichit par les livres, et plus notre panel de lectures est large, plus on capitalise les expériences, et plus on cultive notre esprit.
L'humanisme est né des livres, des voyages, du goût de l'hétéroclite . Il est l'homogénéité résultant de la synthèse de cette richesse.
Bonnes fêtes de fin d'année à vous tous.
Que l'amour vous réjouisse et fasse de chacun de vous des êtres en devenir dans un monde heureux !
Il serait intéressant de connaître le site gratuit qui a propulsé CINQUANTE NUANCES DE GREY.
@ Yannick A.R. Fradin : merci de votre intérêt et enthousiasme. Je suis (aussi) professeur et j'ai à coeur de partager ce que je connais, je pense que cela doit se voir dans les pdfs que j'ai rédigés. ;) En tout cas, des propos comme les vôtres me motivent à continuer !
Je vous souhaite une belle aventure dans l'autoédition !
@ Robert Dorazi : le but de ma chronique sur "les idées reçues" est de JUSTEMENT contribuer à mettre fin à cette suspicion des Français regardant l'autoédition... Et je pense que cela commence par arrêter le pessimisme ambiant. Oui, l'autoédition marche, permet d'être lu (et souvent apprécié) tout en permettant aux auteurs de gagner de l'argent de leurs écrits (ceci sera d'ailleurs le prochain sujet, je pense). :)
Cela dit, il ne faut pas se leurrer. Il est bien evident qu'une majorite des auteurs auto-edites (et surtout depuis la mise en place des plateformes numeriques) ont essaye l'edition classique sans succes. Beaucoup d'autres n'ont meme pas essaye parce qu'ils/elles savaient, ou du moins pensaient tres fort, que leurs manuscrits seraient refuses. Qu'ensuite certains d'entre eux aient eu suffisamment de succes pour etre edites ne change pas cela. D'ailleurs il est assez ironique justement de constater que des le succes arrive, ces auteur(e)s se sont tournes vers l'edition classique pour leurs livres suivants.
L'auto edition est certe tres en retard en France compare aux USA ou au RU mais c'est aussi parce que la France a toujours ete a la traine dans les nouvelles technologies ou les nouveaux phenomenes de societe. Il n'y a qu'a se souvenir d'Internet. C'est culturel.
Rebonjour, je viens de lire le premier PDF proposé (dans mon cas --> Question 1 : comment distribuer son livre au plus grand nombre ?). C'est un retour intéressant et c'est présenté de manière claire, avec humour et professionnalisme. Je recommande à ceux qui se demandent s'ils vont aller voir ou non la liste de diffusion de Nathalie de le faire sans attendre. Vous y trouverez des choses utiles, des retours d'expérience, des liens, et le tout totalement d'actualité (11 novembre 2015 pour le PDF que je viens de lire, à peine un mois !). Pour ma part, je vais en tout cas continuer à lire avec plaisir les documents proposés. NB : le blog de Nathalie a l'air très bien renseigné.
Bonjour Nathalie et merci pour cet article intéressant. Je suis moi-même auteur (en herbe !) de fantasy, et je vais de ce pas m'intéresser à votre liste de diffusion. J'ai en effet pour objectif d'auto-publier les premiers volets de mon cycle à partir de juillet 2016, et cette date approche à grands pas :-) Vos PDF apporteront peut-être des points dont je n'ai pas encore connaissance. Il faut dire que l'auto-édition est un monde vaste, mouvant, et en perpétuelle évolution !