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Le 16 jui 2016

TANAGA d'Alice Quinn - Saison 2 - Chap 8 : Labradorite

Un nouvel épisode de TANAGA, la série d'héroïc fantasy d'Alice Quinn à retrouver et à lire en ligne gratuitement tous les mercredis et samedis sur le site. Saison 2 : TORFED - Chapitre 8 : LABRADORITE.
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Chapitre 8
Labradorite

Juste avant de se relever, elle décida de poser son épée miniature au creux de l'empreinte croisée laissée par la poignée de Luz dans la pierre mordorée.
C'était plus par sentimentalisme qu'autre chose. Une façon de dire au revoir à cette pierre qui avait eu son utilité à l'époque du Monde Perdu, entre les sortilèges et les incantations et qui maintenant, à l'ère d'Internet et des téléphones portables, voyait sa magie ravagée par le temps.
Une fois posé au creux de la pierre multicolore, son pendentif brillant de toutes ses pierreries se mit à grandir sous ses yeux. Était-ce une illusion ou la réalité ? Peu importait à Théo. C'était prodigieux.
Et ça faisait un moment que Théo ne s'étonnait plus de ce qui pouvait lui apparaître comme invraisemblable.
L'épée grandissait, grandissait. Jusqu'à prendre sa taille réelle. Jusqu'à redevenir Luz. Jusqu'à s'emboîter parfaitement dans la forme creusée dans la Pierre.
Émerveillée, Théo se pencha sur elle pour la saisir à deux mains, comme elle l'avait fait le jour où elle l'avait vue pour la première fois. Et le même phénomène se reproduisit.
Un discret soupir jaillissant du cœur du Monde se diffusa dans la grotte étroite. Un courant d'air déchaîné, gémissant âprement, dont la plainte ressemblait au cri d'un animal blessé, circula dans le long boyau, la frôlant de son souffle glacé.
Comme quand elle avait pénétré au centre même de l'ordinateur, elle éprouva la sensation vertigineuse d'être absorbée qui s'infiltrait en elle, harponnant brutalement son cœur. Et Théo fut finalement ingérée tout entière par la Pierre Sacrée qui l'avait aspirée inéluctablement.
En quelques secondes, elle fut propulsée, sur ses deux pieds, ahurie, au beau milieu d'un escalier d'onyx poli. L'escalier enchanté qui menait à la Galerie du Plenum. Théo eut une pensée reconnaissante pour l'Inspirée. Grâce à elle, tout lui était familier et aucune peur ne l'étreignait, car elle connaissait déjà ce lieu singulier.
Elle était au cœur du château de Menaour Kazell.
Au centre du Monde Perdu.
Mais en quelle année était-elle ? Avait-elle, comme la dernière fois, franchi les siècles qui la séparaient du Monde Perdu ?
Si oui, cette fois l'Inspirée n'était pas avec elle pour la protéger et figer les habitants du lieu afin qu'il n'y ait aucune interférence entre les Temps parallèles.
Théo se souvenait très bien de la menace qui pesait sur elle. Si elle était confrontée aux habitants du Monde Perdu et que les siècles se télescopaient, il serait très difficile, voire impossible pour elle de revenir en arrière, ou fallait-il dire en avant, bref, de revenir chez elle, tout simplement.
Avec précaution, attentive au moindre bruit, avec dans l'idée de se cacher si un être humain s'approchait, Théo entreprit la descente du grand escalier pour rejoindre la Galerie du Plenum.
Elle ne rencontra personne et franchit la dernière étape avec soulagement.
Dès qu'elle entra dans la Galerie, elle le vit. Nalyd !
Il gisait au centre du demi-cercle formé par les gradins. Tout en bas. Elle se précipita vers lui, s'agenouilla à ses côtés, posa par terre la grande épée qu'elle tenait toujours à deux mains et souleva son visage pour le poser sur ses genoux.
– Nalyd. Qu'est-ce que tu as ?
Zerda, de l'autre côté, s'allongea près de lui, son museau sur une de ses mains. Morose, il semblait espérer le retour à la vie de son maître comme s'il savait qu'il n'y avait rien à faire d'autre.
Mais Théo, elle, ne voulait pas attendre. Elle colla son oreille à la poitrine de Nalyd et constata que le cœur battait toujours. Elle sortit de son sac à dos un peu d'eau qu'elle fit couler entre ses lèvres, sur son front.
Et sans réfléchir, elle ne put résister à la pulsion de se pencher sur lui et de déposer un léger baiser sur ses lèvres.
Ce fut instantané. Il ouvrit les yeux et la regarda.
Elle pensa à la Belle au Bois Dormant. C’était drôle. Enfin sauf que c’était à l’envers. Ellen’était pas le Prince. Elle n’était même pas princesse, d’ailleurs. Ça faisat deux fois que Menaour Kazell lui rappelait ce contre.
Elle rougit. Il avait l'air de n'avoir pas senti son baiser.
Il lui dit juste :
– Tu es là. Enfin. Tu as été longue.
Elle éclata de rire, car c’étaient les paroles exactes du conte. Il rit avec elle en disant :
– C’est une blague ! C’est pas ce que dit la Princesse quand le Prince l’éveille en l’embrassant ?
Embarrassée, Théo piqua son deuxième fard en moins d’une minute.
Puis elle se fit la remarque qu'il n'avait plus aucun accent en parlant français.
– Mais tu parles français ? T'aurais pu me le dire plus tôt. T'es gonflé d'avoir fait semblant de ne parler que l'anglais.
– Je ne parle pas français. Nous sommes dans la Galerie du Plenum. La salle du Verbe Unique. Il n'y a aucune barrière de langue ici.
Théo s'aperçut alors que, en effet, elle percevait la langue comme étant du français car elle la comprenait parfaitement, dans ses moindres nuances, mais elle avait conscience qu'il s'agissait en réalité d'une autre langue.
– Ah, oui, je me souviens vaguement. Lully m'en avait parlé je crois. C'est quoi, déjà cette histoire ?
Pendant qu'ils discutaient, Nalyd recouvrait ses forces et il s'assit, cajolant avec bonheur Zerda, qui se laissait faire avec plaisir. Et il expliqua à Théo :
– Le langage universel. C'est ici qu'il tient sa source. C'est d'ici qu'il se répand. C'est ici son berceau. C'est pourquoi c'est le seul endroit où tu peux rencontrer les autres.
– Eh bien justement, où sont les autres ? Je croyais que je devais les voir dans cette salle ? Il faut absolument que je leur parle, qu'on décide d'une stratégie.
– Exact. Mais encore faudrait-il savoir comment les faire venir.
– Je commence vraiment à en avoir ras le bol. Chaque fois que je crois en avoir fini avec une recherche, il faut que j'en commence une autre. Chaque fois que je crois avoir atteint un but, je dis bien UN but, pas LE but, ça se met à reculer un peu plus loin. Et maintenant qu'on se comprend tous les deux, tu peux me dire qui tu es exactement ?
– Je peux te le dire, bien sûr.
– Et aussi ce que tu fais dans cette histoire ?
– Je peux te dire ce que j'en sais en tout cas.
Mais tout en lui parlant, Nalyd furetait de droite et de gauche, se baissant pour regarder sous les gradins de pierre, scrutant les bas-reliefs des parois arrondies, suivant les reflets de lumière sur le sol.
– Je croyais te l'avoir déjà dit. Je suis un mage. Enfin, pas encore tout à fait, je me vante, là. Je suis un apprenti mage si tu veux.
– Un genre de sorcier ?
– Si tu veux. Mais pas à ton époque. Mon incursion dans ton Monde a été aussi brève qu'artificielle. Je ne suis venu que pour te rencontrer et t'aider dans ta quête. J'espère ne pas avoir à y retourner. Je supporte mal la pollution. Bien sûr, si je dois encore veiller sur toi et que tu parviens à rentrer chez toi, je te suivrai... Tu es ma mission.
Ces mots « si tu parviens à rentrer » firent frissonner Théo.
– Mais qui t'a envoyé ?
– Les Persistants. J'en fais partie. Envers et contre tout nous continuons la lutte afin de rétablir un jour la Reine dans son royaume du Zéphyr. Nous sommes la Colonie Souterraine. Nous avons survécu et nous préparons le Retour. Madame Nahal en fait partie. Nous t'avons repérée, comme d'autres Persistants ont repéré les autres Pèlerins. Nous sommes les seuls à savoir où est retenue notre Reine. Mais nous ne connaissons pas le Grand Secret, car seul le Clairvoyant le détient, en attendant de vous le transmettre.
– Mais qui est-ce, ce Clairvoyant dont tu parles toujours ? À-t-il un rapport avec le fameux Clarus Luminis de Dame Belissama ?
– Exactement. Tu vois, tu le savais. C'est bien lui.
– Par les rognures avariées de détritus puants ! Qu'est-ce qu'il doit être vieux ! Et vous savez quoi d'autre, vous, les Persistants ?
– Nous connaissons seulement les voies que vous, les Pèlerins Glorieux, devrez emprunter pour combattre, le jour venu.
– Ah oui ? Ben ça m'arrangerait que tu m'en fasses part, car je commence à en avoir un peu marre de me faire trimballer de partout comme une vieille chaussette. Tu pourrais aussi m'expliquer l'histoire des Passages ?
Nalyd sourit mais continua néanmoins, très sérieusement.
– Je suis ton serviteur. Je mets à ton service toute ma science afin de t'aider à suivre ton chemin. Les Temps ne sont pas les mêmes d'un Monde à l'autre. Le Temps du Monde Nouveau est linéaire. Ce n'est pas le cas du Tanaga. C'est pourquoi un Passage peut provoquer l'intrusion chez nous dans un Temps de guerre comme dans un Temps de paix. Il doit y avoir des réglages à faire pour être précis, mais j'avoue que je ne les possède pas.
Il rosit.
– Je n'ai pas encore terminé mon apprentissage.
– Ah bon ? Qui est ton maître ? Ça fait combien de temps que tu étudies ?
– Mon maître est le Clairvoyant, bien sûr ! Je ne te l'ai pas déjà dit ? C'est difficile de subodorer depuis combien de temps j'étudie avec lui. Tu veux savoir en Temps d'ici ?
– Bien sûr !
– Alors c'est plus facile. Ça fait environ douze ans. Je n'en suis qu'à la moitié.
– Bon alors, vas-y ! Qu'est-ce que tu attends pour faire apparaître les autres Pèlerins ?
– Je te comprends. Je suis impatient moi aussi. Mais je sens autre chose. Je crois qu'il y a une étape avant de les voir. Ou alors je me suis trompé de chemin. J'ai mal interprété les runes du Livre et les propos de Dame Belissama. J'ai cru que je devais t'emmener ici.
– Non, tu ne t'es pas trompé. Lully aussi l'avait dit. Je dois venir ici pour parler aux autres, loin de la censure du Jeu. Ils doivent essayer de trouver un moyen, eux aussi, de me rejoindre dans cette salle. Tu connais des formules magiques ? Alors vas-y, c'est le moment. Tiens, je vais me mettre ici et tu vas me dire les paroles que je dois répéter.
Théo se plaça sur un rehaussement qui faisait face aux gradins. De toute évidence, c'était l'endroit où se tenaient les orateurs lorsqu'ils s'adressaient à toute la salle.
Elle se posta bien au milieu, en face des spectateurs et se mit à vociférer :
– Venez tous ! Je vous appelle ! Je vous somme d'apparaître tout de suite.
Elle était un peu inquiète, mais en même temps cette pantomime lui donnait le fou rire.
– Arrête, cria Nalyd. Pas d'enfantillages ! Les Écorcheurs sont aux portes et toi tu ne penses qu'à blaguer !
– Donne-moi une formule, alors.
– D'accord. Tu veux quoi ?
– Disons une formule pour faire apparaître... heu... ce qui doit apparaître... Comme ça on est sûr de ne pas se gourer. Qu'est-ce que tu en penses ?
– Pas mal. D'accord. Tu la veux en quelle langue ?
– Il n'y a plus de langue, ici, t'as oublié ?
– D'accord. Bon. Répète après moi. « Par le Pouvoir de l'Impalpable secret, par la Volonté de Yir, Erdin, Rwind, Rhun et Log, par la Force tellurique de la Pierre, Lucidus, Clarus Luminis, Perspicuitas, ce qui doit apparaître apparaîtra. »
Et Théo, remplie d'une gravité soudaine qui l'habitait tout entière et parcourue de frissons, se mit à répéter après Nalyd, étonnée d'avoir retenu le texte en entier :
« Par le Pouvoir de l'Impalpable secret, par la Volonté de Yir, Erdin, Rwind, Rhun et Log, par la Force tellurique de la Pierre, Lucidus, Clarus Luminis, Perspicuitas, ce qui doit apparaître apparaîtra. »
Elle avait levé les bras très haut et sa voix avait pris un timbre inhabituel. Très grave, presque rauque, semblant jaillir d'un autre être, plus vieux, plus avisé, plus éprouvé. Elle-même assistait, étonnée, à sa propre métamorphose. Elle se sentait différente, remplie d'une sagesse antique, d'une expérience profonde.
Ce fut alors qu'une voix lui répondit. Cette voix ne venait pas de Nalyd, ni même de Zerda, qui fixaient, tous les deux, un point derrière elle.
Théo se retourna en un réflexe rapide et elle sursauta devant l'apparition.
Un homme se tenait là. De toute évidence, c'était un genre de mage ou de sorcier.
Qu'est-ce qui, en lui, reflétait sa fonction, son rôle, son essence même ? Théo n'aurait pu le dire exactement, si ce n'est qu'en le regardant, elle éprouvait une curieuse sensation de déjà-vu.
Certes, il portait une longue robe de bure et tenait un bâton à la main. Mais c'était tout. Pas de longue barbe blanche. Pas d’aura lumineuse émanant de lui.
Son visage, vieux, fatigué, sillonné de rides profondes, encadré d'une longue chevelure ondulée d'un noir de jais strié de fils d'argent, était cependant habité par une énergie farouche. Il était maigre, sa peau tannée était sombre et son nez en lame de couteau contredisait la tendresse pénétrante de son regard de velours noir. Son visage âgé reflétait une jeunesse éternelle, une force à toute épreuve, une énergie infinie, un enthousiasme juvénile débordant, une confiance innocente.
Théo le reconnut alors. C'était lui. Le Clairvoyant. Tel qu'elle l'avait entrevu dans Le Livre de la Prophétie. Clarus Luminis.
Théo, lentement, reculait sur elle-même pour mieux le considérer. Mais étrangement, le vieil homme la suivait sans avoir l'air de faire un seul mouvement, ni même de marcher.
– Par les rognures avariées de détritus puants ! Qui es-tu ? demanda-t-elle, sur la défensive.
– Tu le sais, répondit-il presque affectueusement.
– Le Clairvoyant ?
– Oui. C'est moi.
– Le Clairvoyant ? ? Non ? C'est dingue ? Le Clairvoyant ? ? Mais alors tu existes en vrai ?
Avec un sourire bienveillant, le vieillard répondit :
– Oui, j'existe.
– Est-ce vrai que tu possèdes le Secret ?
– Oui. Je le possède. Lorsque tu en sauras plus, je pourrai te le donner. À toi et aux autres.
– Quels autres ?
– Les autres Pèlerins. Où sont-ils ?
– Justement, c'est ce que j'allais te demander. Pourquoi ne sont-ils pas avec nous, ici ?
Le visage de l'homme s'assombrit.
– Ils ne sont pas là. C'est fâcheux. Je ne puis rien te dire de plus. Le Secret doit être en partage ou ne pas être. Connais-tu les Écorcheurs ?
– Si je les connais ? Ça fait des années que je joue.
– Je ne te parle pas du Jeu, je te parle des Mondes. Veux-tu voir tes semblables se transformer en ombres d'eux-mêmes ? Incapables d'articuler une seule pensée autonome, en proie aux pulsions les plus sauvages sans possibilité de projection, d'imaginaire, de choix ?
Ce vieux finissait par être barbant avec ses sermons. OK, elle avait compris l'idée générale !
Théo savait bien qu'elle était, d'après eux, un Pèlerin Glorieux et qu'elle avait un rôle à jouer dans l'expulsion des Écorcheurs du monde réel dans lequel ils avaient réussi à s'introduire, mais elle avait eu envie de narguer le vieux pour voir sa réaction, par pur esprit de provocation.
Le vieil homme leva les yeux au ciel et il tourna lentement la tête vers Nalyd.
– Nalyd. Tu la connais mieux que moi. Que sait-elle ?
– Elle sait des choses, maître.
Voilà que Nalyd l'appelait maître ?
– Mais elle ne sait pas tout. Elle ne connaît pas l'Histoire. Nul ne la lui a apprise. Dame Belissama a témoigné, mais ce fut un peu rapide. Tout va trop vite.
– C'est qu'Ils sont là. Et nous n'avons guère de temps devant nous. Comment lui expliquer ? Que lui confier exactement ?
Excédée, Théo se tourna vers Nalyd.
– Ça va continuer longtemps comme ça ? Vous voulez que je vous laisse, peut-être ? Je vous dérange ?
Ils se tournèrent tous les deux vers elle avec un regard à la fois agacé, admiratif et plein de patience.
Un long silence succéda à cette conversation emportée, durant lequel ils s'observèrent les uns les autres, cherchant le meilleur moyen de communiquer.
De toute évidence, Nalyd ne voulait pas prendre la parole le premier pour ne pas manquer de respect au vieux sorcier. Et Théo se disait que s'il était capable de retenir sa langue alors qu'il avait envie de parler, elle pouvait en faire autant.
Ce qui fut à son avantage car, au moins, elle parut plus polie qu'elle ne l'était en réalité.
Le mage se mit alors à parler :
– Au commencement était le Verbe. Et il était Unique. Il pouvait transmettre sagesse, connaissance et lumière. L'énergie pure de l'intelligence. Ce qui fait de nous des humains. Il charroyait l'harmonie. Il nous suffisait d'être à l'écoute pour connaître le nom de tout ce qui existe. Car toute objet projette son nom. Ainsi les choses parlaient d'elles-mêmes. Les Écorcheurs ne faisaient pas partie de notre monde. Ou peut-être que oui. Nul ne le sait. Alors c'est qu'ils s'y terraient quelque part, attendant leur heure. Ce qui est sûr, c'est qu'ils étaient friands de notre énergie mentale. Et que lorsqu’ils apparurent, ils entreprirent de la dévorer. Mais nous étions prêts. Car la Prophétie les avait précédés et, depuis de nombreuses années, notre Reine faisait s'entraîner nos armées à les combattre, quelle que soit leur forme. Les Pèlerins Glorieux sont les élites de notre armée. Ils sont cinq.
Sa voix se fêla et il continua avec moins d'enthousiasme.
– Pourtant, malgré toutes ces précautions, notre Monde a été dévasté et il n'en reste que l'illusion. Car rien ne pouvait nous préparer aux ravages des Écorcheurs. Surtout quand Miyader nous a trahis pour prendre la tête de l'Armée de l'Obscur.
– Pourquoi vous a-t-il trahis ?
– Nul ne le sait, mais il l'a fait. Il est le seul parmi les Écorcheurs qui possède l'énergie du Verbe Unique. Pour notre civilisation, ce qui survint alors était inconcevable. Dans un lieu enchanté, hors espace, notre reine vit toujours, attendant sa délivrance, qui ne peut venir que des Cinq Pèlerins.
Théo ne put s'empêcher de lui couper la parole :
– Mais pourquoi dites-vous que je suis l'un des Pèlerins ?
– Tous les signes nous l'ont prouvé. Tu ne peux le nier. D'ailleurs, tu as vu les Écorcheurs.
– D'accord, mais pourquoi ne suis-je pas, avec les autres, restée dans votre Monde, à l'époque ?
– Notre Monde est perdu, Théo, ne l'as-tu pas compris ? Vous faites partie des rescapés, des survivants, des combattants clandestins qui attendent leur heure et que nous surnommons les Persistants. Et ce n'est pas pour rien. La Persistance vous a mis à l'abri dans le Monde Nouveau en attendant le moment propice, comme la Prophétie le laissait entendre. Et le moment propice est celui de l'urgence. Celui où nous ne pouvons plus reculer, car le Monde Nouveau est à son tour en danger. Celui où les Écorcheurs ont forcé le Passage. Ils y sont parvenus grâce à vous, malgré vous, car vous ignorez comment protéger votre pouvoir. Vous ignorez même le posséder ! Trop de siècles dans le Monde Nouveau et de distance invisible séparent les deux Mondes à présent, même si par les Passages, ils peuvent parfois être simultanés. Et vous ne savez plus qui vous êtes. Trop de réincarnations successives vous ont fait perdre la mémoire de votre origine.
– D'accord. OK. J'ai compris. Enfin, je crois. Mais qu'est-ce que je dois faire ?
– Tu dois faire encore et toujours la même chose. Tu le sais déjà. Tu dois rejoindre les autres et reformer l'armée des Lumières. Vous ne pourrez vaincre que si vous êtes ensemble.
– Mais c'est pour ça que je suis venue ? Je ne comprends pas. Comment forcer les autres à venir ? Je ne peux pas communiquer en toute liberté avec eux sur le Break-Space, car nous sommes sur écoute. Je croyais que le fait de venir jusqu'ici, d'en trouver le moyen, les ferait apparaître par magie.
– Tu as Nalyd et Lully. Ils peuvent t'aider. Ce sont des faiseurs. À toi de leur demander ce dont tu as besoin.
Il se retourna et s'éloigna, mais Théo cria juste avant qu'il ne quitte la pièce :
– Une dernière question : où sont nos montures ?
– Vos montures ? questionna le Clairvoyant, décontenancé par la question.
– Ben oui ? Vous nous nommez les Pèlerins. Je ne veux pas tout faire à pieds, moi ! Je veux un destrier ! Comme un chevalier ! Nous monterons quoi, exactement ? Des chevaux ? Des oiseaux ? Des chats ? Je m'attends à tout avec vous !
Le mage leva les yeux au plafond d'un air excédé.
Et dans un mouvement ample de cape, appuyé par le son d'une supposée bourrasque en dolby stéréo, le Clairvoyant disparut.

C’était Labradorite, le chapitre 8 de TANAGA - Saison 2 – Torfed
© Alice Quinn - tous droits réservés – 2016

Rendez-vous mercredi pour le chapitre 9 de la Saison 2 de TANAGA !

J’ai voulu retrouver avec ce roman d’héroïc fantasy la joie de l’écriture de feuilletons, qui m’a toujours fascinée. J’espère que vous partagerez cette passion avec moi.
Dans un premier temps, 2 tomes seront donc ainsi déclinés chapitre par chapitre, gratuitement, en ligne, le temps qu’il faudra, à raison de 2 chapitres par semaine, les mercredis et les samedis, à 10 heures.
Si des fautes, des incohérences ou des coquilles se sont glissées à mon insu dans le texte, je vous serais reconnaissante de m’en informer.
Vous pourrez trouver la saison 1, Les écorcheurs, sur Amazon.fr le 27 juillet 2016
Pour la saison 2, Torfed, ce sera le 15 Aout 2016.
Vos remarques et retours me permettront de corriger ces détails avant la sortie.
Merci de votre aide et participation.

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Illustration couverture par Alex Tuis
Graphisme couverture réalisée par Kouvertures.com

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Encore beaucoup de répétitions et de maladresses dans ce chapitre. L'entrée en scène du Clairvoyant m'a un peu laissé sur ma faim. Nous n'avons pas appris grand-chose de nouveau et l'histoire au final n'a pas beaucoup évolué. De plus, si Nalyd et Zerda peuvent concrètement assister Théo dans sa quête, pourquoi ne l'ont-ils pas fait plus tôt ? Je suis curieux de lire la suite pour voir comment vous avez agencé tout cela. Cordialement.

Publié le 01 Décembre 2016