Votre roman Un conte digital est le dernier opus de votre trilogie composée de Le 30, un feuilleton de rue et Hlm Space Craft. Un mot à nous dire pour définir chacun des trois tomes ?
Le 30, est une fiction basée sur des faits réels. Pour, HLM SPACE CRAFT, plutôt que de faire bêtement la suite, j'ai mis en place une mise en abîme de l'auteur du 30 afin de pouvoir planter le récit dans un temps aussi proche et réel que possible de nous. Je voulais par là même occasion exposer les galères que rencontre un jeune auteur à essayer de vendre son livre, la réalité de cette vie d'écrivain, la réalité de tout être humain aussi. Le tout, dans la mesure du possible, avec du suspens et tout ce qui fait qu'un livre est un bon livre.
Pour le troisième titre, Un conte digital, j'ai gardé le narrateur, sa réalité temporelle, et j'ai continué à le suivre dans sa déchéance, ses désillusions. À me suivre, si je puis dire.
Vous êtes écrivain, scénariste, photographe et musicien. Les uns influencent-ils, nourrissent-ils les autres ? Comment managez-vous tous ces métiers ? dans une si jeune vie…
Disons que n'importe qui peut se dire être ceci ou cela. Pour ma part, je me suis intéressé au cinéma bien après la littérature et je voulais vraiment réaliser, écrire des films, mais quand j'ai vu que ce monde est principalement constitué de gens qui se payent du matos qui coûte les yeux de la tête pour se donner de l'importance, mais qui sont sans profondeur et n'ont aucune vérité à montrer au monde..., eh bien quand j'ai vu cela, je me suis rabattu sur la photographie qui ne demande pas beaucoup de matériel si on croit encore que la magie est dans l'homme et non pas dans la machine. On n'a plus qu'à sortir et mitrailler à volonté ce que la vie nous apporte. C'est très différent de la littérature, mais ça se complète. Dans un livre on essaie de rendre le plus concret possible l’abstrait, on décode des émotions, des sensations, des idées, on leur donne forme et sens... Une photo c'est la même chose, sauf que ça va plus vite, c'est plus facile, et on n’a pas droit à l'erreur. Par contre, si on rate l'instant décisif, c'est foutu. Il faut partir en chercher un autre.
Il arrive que les mots nous ferment leurs portes pour un temps, alors il faut trouver d'autres chemins. Ne pas être fidèle. L'écriture doit vous réclamer et pas l'inverse.
Vous n’épargnez le lecteur d’aucun détail quotidien, même les plus crus. C’est violent et en même temps poétique. C’est ainsi que vous vivez ? Ou c’est la vie que vous avez choisie pour votre héros?
C'est comme ça que je vis, et je pense que c'est le cas pour tout le monde. La vie est principalement pas facile, assez répétitive et usante. Si nous ne sommes pas capables de trouver, de créer de la beauté, de la poésie là où elle ne devrait pas être, alors nous sommes foutus d'avance. Si je peux donner, par le biais de mes livres, l'envie de vivre ne serait-ce que la journée la plus vide et insipide d'une existence, si j'arrive à y insuffler la poésie qu'il faut pour la rendre enviable, alors je sais que j'aurai sauvé des âmes en donnant les clefs pour voir autrement et déjouer la fatalité.
Votre écriture est sobre, sans effet de style. Vos lecteurs ont même salué son dépouillement au fil de vos livres. Leurs commentaires ont-ils influencé votre façon d’écrire ?
J'essaie de rester neutre et de ne pas me laisser influencer. Mais je remercie chacun des lecteurs et chaque commentateur. Leurs mots m'on fait beaucoup de bien et m'ont donné beaucoup de courage. Je pense que cela a contribué à rendre mon écriture encore plus simple.
Vous avez publié votre livre gratuitement sur monBestSeller. Qu’en attendiez-vous ? Vos attentes ont-elles été satisfaites ?
J’avais trouvé monBestSeller très juste dans son concept et cela m'avait beaucoup plu. J'en attendais des retours de lectures et pourquoi pas des opportunités. Je suis agréablement surpris.
Que vous inspire d’être élu Sélection du mois et ainsi nominé au Prix Concours de l’auteur indépendant 2016 ?
Beaucoup de joie et de fierté.
Et maintenant ? Vous souhaitez être édité ? Avez-vous entrepris des démarches dans ce sens ?
J'ai déjà un livre qui a été édité et mon expérience d'écrivain édité s'est très mal passée. Le compte d'éditeur n'est que du compte d'auteur déguisé. On touche deux euros par livre vendu. Ce que j'ai vécu c'est que l'éditeur paye la fabrication et la distribution et se met le reste dans la poche, sachant qu'il ne fera, pour vous aider à vendre, que des publications facebook, twitter, sans aucune puissance de promotion. Ce qui ne sert à rien. Des milliers de petits écrivains vendent ainsi 300 exemplaires avant d'abandonner parce qu'ils ne sont pas devenus l'écrivain du siècle... Le processus est le même qu'Amazon Kindle et autres plateformes. C'est tellement bien fait que ce sont des automates qui gèrent tout, ils n'ont qu'à laisser le désespoir agir…
Pour ma part, si on veut mes livres, on les paye cash une bonne fois pour toutes et c'est tout. Pas de contrat, de ventes... C'est la vraie édition. Y’en n’a pas d'autre.
Pour finir, je dirai qu’un lecteur perdu sur la toile, qui passe par hasard, me lit et laisse un commentaire, ça, ça n'aura jamais de prix !
Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Rezkallah, je vous remercie d'avoir pris le temps de me répondre :-)
@Yannick A. R. FRADIN
Bonsoir cher ami,
Vous pouvez facilement trouver avec qui j'ai travaillé, car je n'ai qu'un livre édité de manière, disons, traditionnel ;)
Cela dit, ce n'était pas un compte d'auteur déguisé comme vous les détaillés si biens, non, le vrai souci, c'est que le circuit de l'édition en général se passe ainsi, toute la chaine de production se nourrie de l'auteur, se paye et se rembourse sur son dos. De manière implicite et inconsciente, l'auteur paye sa propre édition d'éditeur, en ne touchant presque rien, en fournissant l'œuvre, en faisant figuration en salon et sur la toile... et bien souvent en se tapant toute la promotion virtuelle, la relecture, la correction... Il ne faut pas être crédule, qu'une mise en page, qu'une mise en place d 'une belle couverture, de la mise en forme d'un livre, et quelques conseils subjectifs, et je parle avec expérience, tout ce travail d'édition ne coute presque rien, si ce n'est un ordinateur et une ligne internet et de la créativité. Ainsi les éditeurs se payent grassement et profitent bien du flou dans lequel navigue un auteur. De même, il ne faut pas être idiot pour savoir que les couts d'impressions leurs sont dérisoires, bien loin des 5 euro et des centimes réclamer par les imprimeurs en lignes qui se gavent bien aussi passages ayant bien capté l'angle mort de l'écrivain.
Pour faire simple, comme tout objet de consommation, la réalité du prix de fabrication et du prix de vente exprime clairement la réalité du marché, la réalité sur le coté obscure de l'édition.
Un éditeur va chercher en premier lieu à profiter de l'auteur parce qu'il bénéficie de tarifs réel forcement rentable quand bien même, l'auteur est un inconnu, et qu'il ne vende que 100 exemplaires. Le bénéfice sera là. Je n'ai pas signé avec un grand éditeurs, mais je reste persuadé que c'est le livre qui fait la différence, et j'ai pu constater que même les grands éditeurs ne transformes pas un livre anodin en bestseller, non ils fonts des ventes dérisoires mais le bénéfices demeure.
Amicalement.
Chouette interview. Merci Isabelle et Mohamed et félicitations pour ce parcours et cette sélection :-) @Rezkallah : vous avez vécu une expérience désagréable avec un éditeur à compte d'éditeur. Puis-je me permettre de vous demander s'il s'agissait d'un "petit" ou d'un "gros" éditeur ? Certains éditeurs estampillés à compte d'éditeur sont en effet des à comptes d'auteur déguisés. Certains ont même des méthodes discutables (pour parler poliment^^) en envoyant par exemple une lettre type pour inviter les auteurs à travailler avec leur partenaire, qui n'est autre qu'une sous-partie de la même maison camouflée, et les inciter soit à débourser pour des services annexes, soit à faire eux-mêmes la promotion. Bref, ça m'intéresserait de savoir, sans forcément donner de nom, si vous avez "travaillé" avec une petite structure qui a joué sur les mots en se faisant passer pour un éditeur à compte d'éditeur ou avec un éditeur qui n'a tout simplement pas fait son boulot, car ce n'est tout de même pas la même chose. Mon expérience est encore mince en la matière, mais j'ai un véritable respect pour les éditeurs qui font vraiment leur boulot, et me méfie (et me défie !) des petits malins qui se cachent sous une étiquette pour grapiller un franc dix sous (pardon, un euro dix cents :p) et causent ce faisant des torts importants (ne serait-ce que moralement !) aux auteurs qui leur font confiance. Au plaisir de vous lire et de lire votre réponse à ma question si vous voulez bien y répondre. Bien cordialement.
Mes félicitations Rezkallah, c'est mérité. J'ai adoré te lire, d'abord surprise par tes textes, j'ai tout de suite adhéré aux tribulations de ton héros. Il y a aussi une bonne dose d'humour dans tes récits, j'ai ri plus d'une fois devant les constatations du personnage. Vraiment, tu as du talent et tu apportes de la nouveauté avec ton style bien à toi.
@Corinne Le Gal
Je vous remercie Corinne. Je suis honoré de participer à ce prix. Ce qui est sur pour moi c'est que plus j'écris et plus cela devient mystérieux.
Félicitations @Mohamed Rezkallah pour votre nomination. Une interview pleine de lucidité et d’humilité aussi. Deux traits de caractère indispensables à l’auteur d’aujourd’hui. J’aime beaucoup "L’écriture doit vous réclamer et pas l’inverse". Quelle pertinence ! Je vous souhaite bonne chance dans votre avenir d’artiste polyvalent. Cordialement.