@Zultabix
J'ai toujours l'oeil un peu résistant et le rictus en cul de poule devant ce type d'exercice pour le moins périlleux. Oui, périlleux car, disons-le, il peut nous rappeler ces fêtes de fin d'année au lycée Notre-Dame de mes Deux ou au bahut Tartempion. Fêtes acnéiques et aux cheveux gras où pour amuser la galerie et constiper nos cerbères à tête de corbeau, quelques insolents boutonneux et cabots (dont je faisais partie) pastichaient sur une scène miteuse ce bon vieux Corneille, le surestimé Poquelin ( cela n'engage que moi of course!) et le plus génial des trois : le père de Cyrano. Evidemment, nos tirades de branquignoles étaient aussi indigentes, fumeuses et crétines que les poèmes de Bukowski mais au moins, avions-nous l'excuse de l'âge, cet âge merveilleux et con où notre poésie à nous, on la trouvait plutôt dans les culottes des filles, le houblon d'une bonne Kro bien fraîche, les volutes tarabiscotées de nos premières clopes ou dans le sulfureux déhanché d'un Jagger (oh my God, ce petit cul trémoussant du bad boy de Dartford!!!) envoyant « Satisfaction » ou « Under my thumb ». Alors, en me retrouvant, pour ce dernier jour de l'année, avec mon nez en péninsule, mon œil méfiant et mes roustons sur la réserve devant ce texte de Zultabix-le-Pelvix, je me suis jeté à l'ô, comme disent les pouètes, avec le trouillomètre en mode banquis . Et là, trois pages plus tard ô mes bons amis, sur le cul le sceptique. Oui, sur le cul et la mirette éberluée, le tarin virant cap, roc ou pic, le rouston reconnaissant et le rictus un rien moqueur illico ramené au rang de fiotte. Car il faut ici le clamer, le dégoiser à réveiller les sourdingues, vous l'enfoncer en tout bien tout honneur dans le...euh...dans le...enfin...oui.... voilà... dans le cortex, ce texte là c'est du nanan, du « r'mettez nous ça la patronne », du p'tit jésus dans la crèche avec une grosse larme à l'oeil ! Et vous dire aussi qu'au delà du rire « hénôôôôôôrme ! » et de l'itou plaisir à déguster cette sauce alexandrine « cuisi-nez » (j'ai pas pu m'en empêcher, désolé) aux petits oignons, il y a là, mesdames, messieurs, un colossal boulot pour donner à chaque vers une hallucinante subtilité, bien loin des cucuteries pubères évoquées plus haut et torchées entre deux gitanes sans filtre dans les gogues du pensionnat. Il faut dire et redire ici, et surtout sans se la jouer prof de lettre encombré de vingt sept mille diplômes et pas pour autant écrivain, qu'un texte (poème, nouvelle, roman, pastiche, pamphlet, théâtre) qui vous désosse, vous vrille le ventre, vous met des cailloux dans la bouche que vous pouvez même plus parler, c'est d'abord et encore d'abord un travail de malade, une quête éperdue de la Beauté, un truc de ouf qui te réveille quatorze fois par nuit, un Golgotha où tu souffres, où t'as des clous sur chaque touche du clavier. Ben oui, « qu'est ce vous croyez », écrire comme un mec qui en a, ça demande du « sacrifice », de l'exil au plus profond de soi, de la solitude à faire pleurer les statues, des heures de 98 minutes de doute à se pisser dessus, à se dire « Bordel mais ça sert à quoi tout ça ? » Ca sert à quoi ? Ca sert à s'aimer mieux et tu sais quoi, ça sert aussi à mieux aimer les autres, à leur donner de la joie en béton armé. Armé contre la connerie car un texte haut-de-gamme avec du rare dedans, ça te protège des médiocres, des petits, des moches du coeur, des sales de l'âme et de ce chiendent de merde qui pousse et repousse dans la tête des barbares ordinaires
Encore chapeau, mec ! Si j'étais une gonzesse, j'te roulerais un patin. Bonne année à toi !
Publié le 31 Décembre 2016