Sophia Desliet

J'ai beaucoup aimé lire votre récit à la fois biographie et témoignage où vous nous communiquez votre attachement indéfectible pour le Cambodge que la guerre allait plonger dans un chaos sans nom qui vous séparera tragiquement de Titiane, votre jeune épouse. Titiane qui ne put bénéficier de la protection de l'ambassade de France pour de sombres raisons de paperasserie et qui allait être capturée par les Khmers rouges pour disparaître de votre vie pendant de très longues années. Vous ne renoncerez jamais à l'espoir de la retrouver et votre lancerez à sa recherche, entreprise périlleuse dans un pays longtemps marqué par le conflit. J'ai apprécié aussi l'aspect documentaire de votre récit où, à la fois témoin et reporter, vous retracez votre expérience de cette guerre civile que les agissements des puissances occidentales ont contribué à exacerber et faire durer. Votre volonté de dévoiler l'ampleur de leurs responsabilités reste à ce jour une interminable quête. Je souhaite longue vie à votre livre.

la grande férocité de vos quatre détenues qui est peut-être une des clés de leur survie en milieu carcéral est contrebalancée par leur lucidité, leur besoin de comprendre et d'aider, leur humanité. Je trouve le principe du dialogue adapté à votre sujet. La différence de langage entre les détenues et leur interlocutrice est très accentuée mais plutôt éclairante. Le côté pompeux de la juge, par exemple, avec ses citations latines tout à fait ridicules vu la situation souligne l'abime qui sépare celle qui a la pouvoir de la sentence et la prévenue. Mais vous ne forcez par le trait, le juge a aussi ses problèmes. J'ai aimé la fin (plutôt inattendue) où j'ai compris pourquoi vous avez choisi le mot "Kintsugi" comme titre de votre texte.

On a l'impression de lire une conversation tout à fait plausible entre la gamine abandonnée à sa solitude devant son écran et Greg. Au fil des échanges, son espoir de trouver le petit ami rêvé ne fait que croître et on se dit qu'une rencontre pourrait avoir lieu. Mais est-ce qu'on a de bonnes raisons de craindre le pire ? La chute nous le dira. L''histoire se déroule un peu trop en ligne droite à mon goût, mais ce n'est que mon avis.

J'avance lentement mais sûrement dans ma lecture et je vais de surprises en surprises. C'est un roman un peu long pour lecture sur ordi (à mon goût) mais jusqu'ici tout va bien et si ça continue dans la même veine - intrigue soutenue avec personnages excessifs et mal embouchés néanmoins attachants dans un univers sombre de bon polar, je ne vois aucune raison de ne pas aller jusqu'à la fin.