Interview
Le 18 mai 2024

N’y a-t-il qu’une seule langue française ?

C’est ce qu’on pourrait croire quand on lit certaines critiques littéraires : il n’y aurait qu’un « bon » français, correct, juste, académique. Pourtant, rien n’est plus faux. La réalité est que la France dispose d’un patrimoine linguistique d’une grande richesse. Pas moins de 75 langues sont reconnues comme "langues de France ".
Tribunes monBestSeller : N’y a-t-il qu’une seule langue française ?

Or donc, poser qu’il n’y a qu’un français correct versus des français de cuisine indignes d’intérêt, baragouins pourvoyeurs de galimatias, ne peut être qu’une erreur de jugement.

 

Petit récapitulatif des 29 langues parlées dans le seul périmètre de l’hexagone

Commençons par nos langues dites « régionales » qui perdurent, sont encore enseignées et, quoi qu’il en soit, influencent le parler français, et peut-être plus… la manière de se représenter le monde.

 

Les langues régionales de France

- Origines celtiques, comme le breton,
- Origines germaniques, comme le flamand occidental, le francique et l’alsacien,
- Origines romanes regroupant : 7 langues d’oïl, le franco-provençal, et les 6 déclinaisons de l’occitan, le catalan et, par amour pour l’île de Beauté, la langue corse,
- Les 2 parlers liguriens,
- et la singularité linguistique représentée par le basque.

 

Les six langues non territoriales parlées dans l’hexagone

Ce sont les langues de l’immigration, elles sont sans lien géographique ou linguistique avec le territoire de la République, mais elles sont pratiquées par des citoyens français depuis plusieurs générations (de façon à former des groupes linguistiques). Il s’agit de

 

- L’arabe dialectal maghrébin,
- L’arménien occidental,
- Le berbère,
- Le judéo-espagnol,
- Le romani, 
- Le yiddish.
 

Et bien entendu, bien qu’elle n’ait pas, à notre connaissance, d’impact sur la littérature : la langue française des signes.

 

Alors que retirer de cette variété linguistique du français, et quels retentissements attendus sur la littérature ?

- Tout d’abord, "le" français n’a pas de réelle existence. Il faudrait plus justement parler « des » français possibles, car une chose est certaine : si dans son enfance on a été bercé par d’autres pratiques linguistiques, elles perdureront et se manifesteront toujours, d’une façon ou d’une autre, à travers la langue française telle qu’imposée par l’Education Nationale ;

- Un écrivain est-il celui ou celle qui s’applique à utiliser le langage appris au cours de ses études ?
- Une écriture n’est-elle pas plus que des mots, des phrases ? N’est-elle pas en priorité une expérience sensorielle, corporelle totale ? Autrement dit, écrit-on seulement avec sa tête ?
- Parce qu’il n’est pas soumis à l’académisme, un site comme monBestSeller n’est-il pas le lieu où cette expérience de l’écriture peut être vécue, et encouragée ?

 

Sources : Ministère de la Culture Rapport au Parlement sur la langue française

 

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13 CommentairesAjouter un commentaire

Qu'ajouter devant tant de chapitre resplendissant de vie et de passion divergente ?
Un patois est une "langue" régionale qui n'est pas forcément comprise par une autre région.
Certains mots peuvent signifier une valeur différente selon son contexte qui pourrait être alors commune à une région, mais reçu comme autre ailleurs.
Je suis de la vieille école, celle de molière et surtout pas Shakespearien !

Publié le 29 Mai 2024

@Catarina Viti
Vous avez sans doute compris depuis longtemps que je ne suis pas une adepte transie du politiquement correct, et je n'ai eu aucun doute sur la manière dont vous recevriez mes propos. Maintenant, que d'autres s'en emparent pour me faire un procès en racisme, force m'est de vous avouer que je n'en ai strictement rien à branler. Qu'ils crèvent, tous, et de préférence dans les pires tortures !
PS : Je prends bonne note de votre conseil à m'africaniser.

Publié le 20 Mai 2024

@Molly Bloom, de la part de tous les nègres d'Afrique et d'ailleurs (et de la part de la nègre de certains nègres) : rassurez-vous pleinement, vos propos auront beaucoup de mal à passer pour ce qu'ils ne sont pas.
Puisque vous en parlez si gentiment, ma motivation vient de ce que je trouve auprès de ces personnes une vitalité, une énergie que je pensais disparue. Le continent africain (avec ses plaies, ses bosses, ses fractures, ses famines, ses désespérances, ses agonies multiples) a révolutionné l'Art occidental à une certaine époque ; je suis de ceusses qui pensent qu'il peut encore nous permettre d'évoluer. En tout cas, je vous le recommande...

Publié le 20 Mai 2024

@Catarina Viti
Il va de soie, comme disent les chenilles du bombyx du mûrier, que je plaisantais. En vérité, je n'en ai pas chié du tout, et cela d'autant moins que vous êtes (et je sais que je risque fort d'être pendue pour ces mots) une femme qu'il est fort plaisant de connaître (un peu), pour peu que vous parveniez à vous défaire de ce tropisme quelque peu pathologique pour tout ce qui touche à l'Afrique. Notez bien, s'il vous plaît, qu'à proprement parler je n'ai rien contre ce continent, mais je trouve tout de même qu'on y trouve un peu trop de nègres. Non pas que j'aie quelque chose contre les nègres, mais, contrairement à vous, je n'ai rien pour non plus, et force est de reconnaître, avec le plus grand calme, qu'ils sont tous beaucoup trop noirs pour être tous entièrement honnêtes. Je sais bien qu'en écrivant cela je m'expose à d'inconsidérées accusations de racisme, ce qui est parfaitement ridicule dans le sens où, si je ne suis pas noire moi-même, je mériterais assurément de l'être, ayant été conçue lors d'une nuit sans lune, alors qu'une panne d'électricité assombrissait la ville, et que mes futurs parents n'avaient même pas une bougie pour éloigner autour d'eux les ténèbres. "Sum oscuro patente viribilus omnia", comme disait l'Ecclésiaste, un soir de beuverie. Amen.

Publié le 20 Mai 2024

Très dear @Molly Bloom. Pour quelle raison vous ai-je tant rasé les roubignettes pour que vous m’aidiez à donner figure humaine à mes textes d’alors ? La raison est bien simple : parce que j’étais horrifiée par mes erreurs. À défaut de savoir les éviter toute seule, comme une grande, je voulais au moins qu’on me les désigne. Vous vous êtes donnée à cette tâche avec une générosité et une patience qui ne pouvaient être motivées par autre chose que l’amitié (la pitié aussi, vous me direz, mais je ne le crois pas). Vous m’avez appris plus que quiconque, et je n’hésite pas à renouveler mes remerciements. Mais vous le savez très bien, car je vous l’ai dit sans retenue : je ne me sens pas bien dans cette langue, je n’y ai pas ma place. Et quelle pire misère pour un aspirant auteur que de ne pas se sentir légitime dans son écriture ? À mes risques et périls (et tant pis si je me goure), je préfère pastouiller, modeler à ma guise. Après tout (et là encore, vous savez à quel point je suis honnête en le disant), je n’écris pas pour l’exportation. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour vous le dire, dommage que je n’ai pas votre adresse postale, car, autant que vous le sachiez, j’ai changé ma manière de travailler. Avec la complicité d’une amie peintre, nous confectionnons des livres faits main et à tirage extrêmement limité à partir de mes textes, et seules deux ou trois personnes en reçoivent un exemplaire en cadeau.

Publié le 20 Mai 2024

@Catarina Viti
Je ne peux m'empêcher de trouver quelque peu amusant votre plaidoyer. Non pas que je n'adhère pas à votre défense des différents idiomes pratiqués sur le territoire, non pas que je nourrisse quelque aversion que ce soit contre le breton, le basque, le provençal, le berrichon, etc, mais, dans ces conditions, je me demande bien pourquoi, fut un temps, vous m'avez autant fait chier à vous aider à corriger vos manuscrits pour tenter de rendre à leur langue (le français), avec plus ou moins de succès (on a tous nos limites), disons une figure plus humaine. Seriez-vous un de ces Visages-Pâles à la langue fourchue que dénonçait Taureau Bandant, le chef de la tribu des Pieds Panés, resté fameux dans l'histoire de la Conquête de l'ouest pour avoir flanqué une pâtée mémorable (à la pelote basque) au colonel John Armstrong Tenderfoot, le 38 octembre 1857 à Pecos (Texas) ?
PS : Aurait-il échappé à votre sagacité que les auteurs de ce site s'expriment (ou tentent de s'exprimer) en français ? Dès lors, pourquoi faire un procès à ceux qui leur adresseraient le reproche d'ignorer ou de méconnaître les règles qui régissent cette langue ?

Publié le 20 Mai 2024

@Quetzalcóatl
Cher camarade reptilien, quoique emplumé, il me semble, comme dirait ma jeune cousine Amélie (elle a appris le bien parler chez les poissonnières de Rungis), que vous chiez grave dans la colle. Pour ma part (et parce que j'ai d'autres manières plus policées), je dirais plus civilement que vous attigez, car je serais fort surprise que le ou les propriétaires du site parviennent à se faire des couilles en or en accueillant tous les écrivassiers éclopés de France et de Navarre. En outre, je ne pense pas que ce soit un appétit de lucre qui les motive. Je crois au contraire que c'est dans un esprit humaniste qu'ils agissent, et ce n'est évidemment pas leur faute si l'enfer est pavé de bonnes intentions. Amen.

Publié le 20 Mai 2024

Marrant, on met un jeton dans le bastringue, et il envoie la musique... Tout ce qui n’est pas académique devrait passer à la trappe. Certes, certes. Tout ce qui ne sort pas du même tonneau estampillé NF, peut aller se faire remplumer. Diantre, diantre. Il n’y aurait qu’un seul français, et une seule manière correcte de s’exprimer. Diable, diable !
Eh bien, moi, l’ex-crivassière à pédales, je milite pour une expression libérée du carcan. Pour une langue vivante et même vivassière. Je suis à fond pour le barbarisme, pour le régionalisme, pour l’enivrement par le verbe, et, coquin, c’est certes pas à l’Académie que je vais trouver cette vie. Eh oui, il faut prendre des risques pour insuffler la Vie au verbe, parce qu’on a beau le chanter sur tous les toits et le mettre en musette : au début, c’est la Vie, et qu’on ne vienne pas me rembourrer les miquettes avec le verbe. Est-ce que je réalise que je me fourvoie en prétendant de pareilles sornettes ? Pleinement, fichtre. « On n’a rien sans rien », disaient les vieilles ; parfois il faut savoir se retrousser les manches et plonger les mains dans le cambouis jusqu’aux coudes. Parce qu’apprendre et répéter, c’est bien, ça permet d’avoir ses diplômes, mais se rebeller, c’est pas mal non plus. Mes grands-parents étaient battus s’ils utilisaient leur provençal à l’école ; ils se planquaient pour le parler librement et ils me l’ont transfusé. Après Mistral, qui connaît-on comme plume provençale ? Alors qu’en son temps, nombreux étaient les poètes célèbres. Aussi, si le bon usage de la langue nous interdit de nous exprimer comme nous vivons, trafiquons cette langue française, faisons-lui rendre gorge, tordons sa corde jusqu’à ce qu’elle exprime notre jus, à nous et rien qu’à nous, qui avons l’honneur de ne pas être Parisiens.

Publié le 20 Mai 2024

@Molly Bloom
Logique commerciale d’un site internet: ratisser large, « Venez comme vous êtes! » (slogan de MacDo), et pas grave si vous ne maîtrisez pas la langue: plus il y a de clics, plus ça rapporte (mais pas aux auteurs qui alimentent le site), alors autant décomplexer et attirer un max de gens.

Publié le 19 Mai 2024

@Marie Berchoud
Je me dis que c'est tant pis si une masse d'individus ne préfèrent pas le macramé, la marelle, le tir aux pigeons d'argile, la philatélie, la cueillette des champignons, etc, plutôt que l'écriture. Car de la manière dont la pratiquent nombre d'auteurs de ce site, ne pourrait-on pas considérer que leurs ouvrages sont autant d'attentats contre la langue ? Et on sait comment ces choses-là se terminent : on commence par s'asseoir sur la grammaire et on finit par injurier l'intelligence, l'esprit. Et on connaît le couplet : "Peut-être que j'injurie la langue française, mais j'ai pour moi de parler avec mon cœur !" Combien de fois ai-je lu la chose, en substance, dans de nombreuses réponses à des commentaires qui pointaient des insuffisances, parfois même des incohérences, grammaticales ! Mais c'est oublier un peu vite que le cœur n'est qu'un bien pauvre organe s'il ignore les règles qui régissent l'expression écrite. Et c'est ainsi qu'on confond, allégrement, parlant du cœur, sentiment et sentimentalisme, et c'est ainsi qu'on pond des machins veules, des trucs amorphes, des bidules mous et avachis. Amen.

Publié le 19 Mai 2024

Pour aller plus loin, : les langues régionales et le patois différents d'une ville, voire d'un village à l'autre (ma grand-mère maternelle avait du mal à suivre une conversation en patois thiernois, alors que la distance n'est que d'une vingtaine de kilomètres) font que nous avons des mots, des expressions que ne comprennent pas nos lecteurs. Il m'est arrivé que les miens me demandent des explications. Le parler, l'accent sont aussi différents. Lyonnaise de naissance, mais de parents Auvergnats qui avaient gardé leur accent, mots et expressions, c'était un peu compliqué à l'école. Pour dire, j'ai la nausée, les lyonnais disent : j'ai mal au cœur, prononcé " côr ". Jeune, prononcé jeûne... Puis arrivée en Auvergne à l'âge de 24 ans, le jour où j'ai demandé une flûte à la boulangère, elle n'a pas compris. Un exemple parmi tant d'autres. J'ai dû m'adapter ! Mais cela ne m'empêche pas de faire tout mon possible pour maitriser la grammaire commune à nous Français.

Publié le 19 Mai 2024

@Molly Blum. Je me dis que c'est tant mieux si une masse d'individus se lancent dans l'écriture : pendant ce temps, ils & elles ne disent et ne font pas de mal à autrui ! Oui, beaucoup sont assez néophytes [litote] en français écrit, mais... si le désir est là, un apprentissage viendra tôt ou tard. Pour ma part, je fais confiance. Et s'il m'arrive de lire des énormités, je dis un petit mot... discret (pour éviter de me faire agresser, la susceptibilité humaine étant parfois vive; en effet il y a souvent des armées de fans et famille promptes à vous voler dans les plumes... alors, je m'occupe de ma plume, et j'évite les néos, en me disant qu'ils et elles se lasseront.

Publié le 19 Mai 2024

Il y a fort à craindre que votre article ne serve d'alibi à tous ceux (ils sont nombreux) qui se lancent dans l'écriture sans jamais s'être donné la peine d'apprendre et de maîtriser un tant soit peu les règles qui régissent la langue qu'ils emploient, quelle qu'elle soit. C'est bien joli de laisser parler son cœur, mais si la tête n'est pas là pour tenir en quelque sorte les rênes de l'attelage, on risque fort d'aboutir à un triste et, disons le mot, minable charabia. Les exemples sont nombreux, surtout dans la littérature moderne, d'écrivains qui ont en quelque sorte "créé" leur propre langue (deux exemples parmi d'autres : Céline et Joyce, ce dernier se privant de la ponctuation pour imiter le monologue intérieur qui clôt son "Ulysse"), mais il est remarquable que ces auteurs maîtrisaient parfaitement leur langue et qu'ils auraient parfaitement pu écrire dans un français et un anglais irréprochables. Leur écriture est un choix délibéré et non le fruit d'une méconnaissance de la grammaire, de la syntaxe et de la ponctuation, elle est en quelque sorte un artifice, et l'artifice est affaire de tête plus que de cœur. Si j'avais, à Dieu ne plaise, un conseil à offrir aux apprentis écrivains, ce serait celui d'apprendre à leur cœur à parler la langue de leur tête, si tant est qu'ils en aient une. Autrement, ils se condamnent à l'amphigouri, à la cacographie, au baragouin et au galimatias. Amen.

Publié le 19 Mai 2024