Dans ce champ de réflexion, il y a, comme vous l'avez émis, le watermarking (un sceau numérique liant l’acheteur du livre à son identité) mais par extension, tout marquage, toute personnalisation de chaque exemplaire. Plus l'exemplaire sera unique, plus le lecteur hésitera à le partager sur les réseaux pirates. Techniquement (et pour se départir d'un mot fourre-tout tel que watermarking), il peut y avoir du marquage visible, invisible, aléatoire, du marquage que l'on ne peut pas retirer de manière automatisée parce qu'il faut obligatoirement observer et analyser chaque copie minutieusement, etc.
Développeur de logiciels depuis une trentaine d’années, j’ai mis au point un logiciel de dédicace d'ebooks disponible depuis fin 2014 : Dedee. C’est le seul sur PC et Mac à ce jour (d'autres solutions existent sur iPad). Il prend en charge tout e-book au format e-pub avec ou sans DRM*. Il contient sa logique d'authentification qui permet de vérifier si une dédicace est "d'origine", authentique ou non. L'idée initiale était de pouvoir dédicacer un e-book à distance ou de visu, à tout instant, en tout lieu et relativement facilement. Vous trouverez sur le site une section vidéo contenant quelques démonstrations clés, dont une présentation d’une demi-heure. D’ailleurs l’un de vos auteurs l’utilise, Patrick Ferrer (tout premier à l'acquérir ; merci Patrick !)
Je pense que l'addition de toutes les solutions de marquage (watermarking de différents types et marquage par dédicace à l'aide de Dedee) appliquée à un e-book le rendra suffisamment unique pour que le lecteur se sente impliqué dans le cas d’une dédicace.
Le marquage doit être conséquent sans être rejeté. Le watermarking visible peut déranger ou être accepté selon l'inscription apposée et son endroit. Il faut donc minutieusement en décider ; ce peut être un email, un nom, un numéro de commande, un identifiant. Ce sont des niveaux d'invasion psychologique différents.
Une dédicace, elle, est d'emblée très personnelle autant que bienvenue ; elle est un lien intime entre l'auteur et le lecteur, ce n'est plus un ebook lambda ou abusivement marqué, mais SON e-book, LE SIEN A SOI, le marquage qui aura donné de la valeur affective, sentimentale, au froid livre numérique !
Un lecteur mal intentionné (pirate en puissance donc) ne devra pas exactement savoir s'il reste ou pas trace de quelque chose quelque part -- qu'il se dise que dans les moindres recoins de l'e-book, il peut subsister une empreinte qui aura un sens pour un logiciel de détection malgré son "nettoyage". Créer le doute est, il me semble, une technique dont on dit qu'elle fut utilisée au début des radars routiers : certains étaient vrais et d'autres pas. Pour les DRM*, c’est pareil. Pour ça (créer le doute), je pense donc qu'en terme de watermarking, il faudrait multiplier les solutions singulières sans jamais les documenter auprès du public. Tout ce qui est publié est accessible aux gens mal intentionnés aussi. Alors, le secret prime la complexité ! En plus direct : en terme de protection logicielle, le mieux est toujours de donner dans l'exotique (voire l'illogique) et, surtout, "de la fermer" !
Concernant le watermarking et assimilé, il faut à mon avis pousser la personnalisation de chaque exemplaire par le cumul de marquages de tous types, dedeecation (nom donné à une dédicace réalisée à l'aide de Dedee) incluse. Ce système permet aussi de personnaliser un exemplaire avant envoi en service presse. Impliquer et sensibiliser ces destinataires privilégiés (journalistes, critiques, chroniqueurs, blogueurs) me semble participer d'un environnement sécuritaire sans trop de contraintes ajoutées...
Au bilan, la notion de protection est positive si elle crée du lien entre l'auteur et ses lecteurs. C'est le sens de ce marquage particulier qu'effectue Dedee, tandis que le watermarking technique me semble être une base moins humaine. Si chaque libraire en ligne « watermarque » de manière propriétaire (c’est à dire de manière différente du voisin) et que chaque éditeur et/ou auteur engage ses lecteurs à demander une dédicace, la solution devient plus efficace que les DRM*.
Il faut donc à mon avis que chaque structure de distribution mette sa solution en œuvre et que le monde de l'édition numérique ne sacrifie pas ce lien unique de la dédicace sur l'autel de la vente en rafale et indifférenciée. Le jour où les auteurs ne seront plus que des vendeurs, les lecteurs ne seront plus que des pirates potentiels. S'ils expliquent à leurs lecteurs qu'ils peuvent demander une dédicace par email, ils en font des alliés. Si les éditeurs poussent leurs auteurs dans ce sens et communiquent quant à cette possibilité vers le public, ils s'épargnent un certain effort de répression en aval.
Le champ de réflexion prioritaire pour la protection des auteurs est pour moi indissociable de la protection du lien auteur-lecteurs !
Dédicacer à l'aide de Dedee est le marquage le plus personnalisé qui soit, en même temps qu'il crée un lien : le lecteur a ainsi entre les mains un livre numérique unique au monde. C'est désormais le sien en propre ! Le lecteur peut faire équipe avec l'auteur. Il devient un agent de protection. Aucun livre piraté de cet auteur ne passera par lui et il ne piratera pas cet auteur avec lequel il y aura eu un échange particulier.
Mon opinion globale est qu'aucune protection technique ne peut tenir sans que l'infrastructure humaine fasse corps ; comme une certaine idée de la protection par voie de solidarité induite, par mise en considérations réciproques.
Voilà ! Merci d'avoir pensé à moi et en espérant que ma pierre servira à l'édifice humain via le numérique.
Éric Lequien, écrivain, développeur de logiciels et créateur de Dedee.
* DRM (digital right management) : ce système dominant la protection des ouvrages numériques est un verrou qui interdit le partage des fichiers numériques et leur impression. L'accès à la lecture du document ainsi protégé n'est alors autorisée que pour l'équipement ou l'identification logicielle certifiée par le fournisseur.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
La technologie NFT semble adaptée pour protéger les ouvrages numériques, par exemple s'il est dédicacé.
Nous sommes dirigés par des personnes bardées de diplômes prestigieux qui sont incapables de résoudre des problèmes dont la solution ne leur a pas été enseignée.
Exemple :
La solution à la copie des ebooks existe depuis des années mais les écrivains et les éditeurs n'en ont pas ( encore ) conscience.
Ce sont les "applications" qui contiennent
1) un texte
2) des images
3) des vidéos
4) des "features" : fonctions
5) le réseau social de l'auteur et des lecteurs du texte et des utilisateurs des features qui permet, notamment, de
- connaitre les lieux et dates des meet-up organisés par l'auteur ou des utilisateurs de cette application ;
- de faire la connaissance de personnes qui ont un sujet d'intérêt donné ;
- d'échanger des informations avec elles ;
- de rencontrer ces personnes ;
- de travailler avec ces personnes ;
- etc
qui sont mises à jour régulièrement : mise à jour du texte ( la recherche n'est jamais terminée ), mise à jour des features, mise à jour du design, mise à jour de la base de données du réseau social,...
Dans ce cas, télécharger le texte de cette application c'est capter qu'une fraction de la valeur de l'application car, en 2015, les personnes qui aiment un texte veulent des mises à jour, un réseau social simple dédié au livre et fourni avec le livre ( donc pas besoin de le chercher, de s'inscrire, d'apprendre à s'en servir, puis de chercher dans ce réseau social les personnes qui ont le même centre d'intérêt à l'instant t,... ) pour pouvoir échanger, rencontrer, travailler avec ces personnes, dans le but de passer d'une théorie à son application dans le cyberespace ou dans le monde réel.
Donc les écrivains et les éditeurs ne doivent plus seulement travailler avec des graphistes, des photographes, des attaché(e)s de presse,... Ils doivent désormais également travailler avec des développeurs.
Donc l'Ebook de l'avenir ne sera pas une version électronique du livre imprimé : ce sera un livre numérique relationnel.
Excellente idée, j'ai toujours été convaincu que par là était la solution. Une personnalisation, un marquage efficace qui ne résoudra peut-être pas tous les problèmes mais arrangera bien des choses. Et de là un prix plus juste! J'ai beaucoup lu sur le sujet mais n'ai toujours pas réussi à comprendre pourquoi le prix d'un livre numérique restait si proche de celui d'un livre imprimé; alors qu'il n'y a plus de papier, d'envois, stockage physique, etc. La forte réduction du piratage d'un livre numérique par un tel système, je pense que ce sera le cas, devrait sans doute permettre de réduire les prix pour un même gain. Pas ou très peu de piratage, prix réduit, ventes boostées. Je crois et j'espère...