Plagiat : mieux vaut ne pas se faire prendre ! L'homme n'a pas attendu Internet et ses moteurs de recherche pour oublier d'ouvrir les guillemets quand il emprunte à d'autres ce qu'il n'a pas écrit. Petit traité à l'usage des auto-édités - mais pas qu'eux - tentés par le copier-coller des idées et des mots.
Le plagiat : des origines lointaines, qui dépassent la littérature.
Pour le Larousse, le plagiat, c'est « l'Acte de quelqu'un qui, dans le domaine artistique ou littéraire, donne pour sien ce qu'il a pris à l'œuvre d'un autre ». Simple et clair. Remontons maintenant à l'origine du mot. En latin plagiarius signifie voleur d'homme. Un plagiarus était donc quelqu'un qui avait volé l'esclave d'un autre, ou qui vendait en esclave un homme libre. Par extension, le mot a désigné par la suite les voleurs d'enfants et ce jusqu'au XVIème siècle. Mais dès le premier siècle après Jésus Christ, sous la plume de l'écrivain poète Martial Valère (dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler !), le mot plagiaire est déjà utilisé pour désigner le vol de vers, à une époque où les droits d'auteurs étaient déjà un sujet...
Définition académique du plagiat par Voltaire.
Accélérons et entrons dans le XVIIIe siècle pour nous arrêter à la définition qu'en donne Voltaire dans l'encyclopédie. « Le véritable plagiat écrit-il, c’est de donner pour vôtres les ouvrages d'autrui; de coudre dans vos rhapsodies de longs passages d'un bon livre avec quelques petits changements. Mais le lecteur éclairé voyant ce morceau de drap d'or sur un habit de bure, reconnaît bientôt le voleur maladroit». Lumineux !
Internet, le lit du plagiat en littérature : thèses, mémoires, biographies, essais. Tout y passe.
Avance rapide de nouveau pour arriver au XXIe siècle, celui du numérique et du fact checking. Vous savez, ce procédé qui vous évite de faire travailler votre mémoire ; qui vérifie pour vous, mais qui n'oublie pas de laisser des traces indélébiles de votre passage sur Internet. Mais ce n'est pas le sujet. Enfin, un peu tout de même. Parce que le web est perfide. Il n'a jamais été aussi simple de plagier, mais jamais plus aisé non plus de remonter à la source du plagiaire.
Ecrits plagiés sur internet : des auteurs faciles à traquer
Avec Internet, le plagiat de thèses ou de mémoires est devenu, pour les universitaires par exemple, un véritable fléau. S'il est relativement facile de repérer si une production est plagiée ou pas, en vérifiant notamment les changements de tons du discours, le plagiaire n'est pas forcément un être stupide. Et l'astuce peut être une autre de ses qualités !
Pour pallier le plagiat, les logiciels permettant de traquer l'impétrant se sont multipliés. Des logiciels comme Wordcheck, Copyscape, Article Checker ou Dupli Checker qui détectent le plagiat par les fréquences de mots-clés ou de correspondances avec des moteurs de recherche comme Google. La traque commence.
Plagier des romans, la tentation du 21eme siècle !
Mais laissons les écrits et revenons aux auteurs. Que celui qui, en mal d'inspiration ou en panne de carburant littéraire n'a jamais tapé quelques mots clés bien pesés sur un moteur de recherche me jette son premier feuillet ! Comment démarrer mon papier ? Au fait, quel auteur a déjà traité de ce sujet ? Que dit-on sur le web de cette nouvelle tendance ?... De l'inspiration au plagiat, n'y aurait-il que 4 lettres ? Où s'arrête l'inspiration, l'hommage et où commence le larcin ?
Juridiquement le plagiat correspond à des critères précis.
Voilà ce qu’en dit la loi, et le Code de la Propriété Intellectuelle qui encadre et distingue les délits de plagiat et contrefaçon. En effet, si l'objet de l'emprunt est une idée, il y a plagiat ; s'il s'agit de la forme sous laquelle ces idées sont représentées, il y a contrefaçon. Cela signifie que la loi protège au-delà de la simple reproduction au mot pour mot, et qu'elle reconnaît le style et les caractéristiques d'un auteur. Et les sanctions encourues peuvent aller jusqu'à de 300 000 euros d’amende voire 3 ans d’emprisonnement. Vous pensez alors, in petto, qu'il ne vous reste plus qu'à vous rabattre discrètement sur les œuvres publiées il y a plus de 70 ans, celles qui sont entrées dans le domaine public. L'année dernière, ce fameux domaine public s'est enrichi, entre autres, des œuvres de Jean Giraudoux et de Saint-Exupéry. En 2013, ce sont Stefan Sweig et Apollinaire qui ont rejoint le panthéon des droits d'auteur arrivés à expiration. Vous imaginez déjà Ondine ou 24h de la vie d'une femme ! Mais attention ! Car si les œuvres sont à la disposition de tous et que chacun peut en principe les recopier librement, le droit moral de l’auteur (respect et paternité de l’œuvre) est intemporel et post mortem. Parce que rien n'est simple avec la législation, toujours truffée d'exceptions, elle -même peine parfois à s'y retrouver dans ce processus complexe. Je vous laisse imaginer comment vous en dépêtrer seul.
Je terminerai en plagiant Michel Serres et son dernier ouvrage, véritable ode à la sérénité, le Gaucher boiteux : Penser n'est pas copier. Alors un conseil, continuer de penser et d'imaginer pour nous donner à nous, lecteurs, plaisir ou agacement, dans la découverte vos textes !
Merci pour leur aide précieuse (je ne tomberai pas dans le piège) : Le Larousse, avocats picovschi, un mot par jour : originedesmots.blogspot
Sylvie Arzelier
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Bonjour, @Sylvie Arzelier
Plagier, je pense, est aussi une forme de reconnaissance de l'auteur, une sorte d'hommage, qu'on y appose les guillemets ou pas, mais cela reste un avis personnel.
Ensuite, il se doit de n'être qu'un mot "inventé", une phrase ou deux, et si l'auteur le "permet".
Pour moi, le cinéma d'aujourd'hui est un immense réservoir à plagiaires, et les gens y vont quand même !