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Le 12 aoû 2022

Quand une dépression tropicale décide du sort du plus beau jour de sa vie

Quand deux amoureux échangent passionnément pour organiser le plus beau jour de leur vie, le destin peut intervenir brutalement pour le meilleur comme pour le pire. La proposition de Michel Canal pour l'appel à l'écriture monBestSeller sur le thème de Rien ne s'est passé comme prévu
une dépression tropicale : la réponse de Michel Canal pour l'appel à l'écriture, Rien ne s'est passé comme prévuune dépression tropicale : la réponse de Michel Canal pour l'appel à l'écriture, Rien ne s'est passé comme prévu

Dans la nuit du 11 au 12 février 1987, la tempête tropicale Clotilda qui s'est formée entre Madagascar et La Réunion, infléchit son déplacement vers l'Est. Devenant une menace directe pour La Réunion, l'alerte 1 entre en vigueur.

Une semaine auparavant, elle n'était qu'une dépression tropicale arrosant l'île de pluies torrentielles sans discontinuer, provoquant d'importantes inondations. Son intensité a fluctué au gré d'une trajectoire tourmentée avec des vents jusqu'à 170 km/h au nord de l'île à Saint-Denis, provoquant des chutes d'arbres, endommageant 250 bâtiments, détruisant 120 habitations et faisant 10 morts.

En termes officiels laconiques, le bilan n'affecte que les personnes qui ont eu à en subir les dommages.

Pour Claire, professeur agrégé jusque-là une jeune femme trop sage en quête d'émancipation et Eric, officier célibataire endurci, ce qui est devenu une belle histoire d'amour avait commencé par un curieux appel téléphonique de Claire le samedi 16 mai 1986, s'était poursuivi par une relation singulière entre les deux amants. Leur première rencontre avait eu lieu le samedi 8 août, après l'émancipation libertine de Claire. Une lune de miel anticipée à l'île Maurice du 14 au 23 août avait scellé leur amour. Le mariage était projeté à mi-avril l'année suivante. Un mariage médiatique compte tenu des professions des futurs mariés et de leurs parents, de la notoriété de la famille de Claire qui a compté des hauts magistrats et des officiers.

Dans son courrier "très intime", elle avait écrit à Eric :

Le 30 septembre : « Mon amour, (...) J'aurai un immense plaisir à te le dire de vive voix, mais je n'ai pu résister à l'envie de te l'écrire, pour que plus tard, nos enfants ou nos petits-enfants découvrent combien nous nous sommes aimés et par quelles étapes nous sommes passés. L'après-midi sans cours m'a permis de passer plus de temps auprès de mes tantes (...) Tout en leur demandant de garder cette information secrète pour l'instant, puisque j'attendrai les fêtes de fin d'année pour en informer mes parents, je leur ai annoncé notre intention de nous marier l'an prochain après la saison cyclonique, pendant les vacances de Pâques. »

Le 14 octobre : « Mon amour, (...) La lune de miel anticipée à Maurice me laisse espérer l'homme que m'a décrit Elodie : (...) Quand ils se décident enfin à s’arrêter, ils désirent se marier et fonder une famille. Ils seront un bon mari et un bon père. Je t'ai séduit, tu me plais, je t'aime, je suis heureuse… que demander de plus ? Ta femme qui t'aime. »

Le 21 octobre : « Mon homme adoré, (...) J'avais anticipé (...) en terminant ma dernière lettre par : Ta femme qui t'aime. (...) Si j'étais jusqu'alors, heureuse de lire dans ton regard la dimension amoureuse de l'homme que j'aime, tu as samedi affirmé ton amour de la manière la plus inattendue et la plus charmante. En me disant : j’attendais cet évènement pour t’avouer que tu es celle que j’attendais, la femme de ma vie, que je suis le plus heureux des hommes... que je t’aime. Dieu que c'est beau ! Mon coeur s'affole en écrivant cela. (...) Mon chéri adoré, je suis la femme la plus heureuse. Je voudrais le crier partout, te le dire à longueur de journée (...) Mais tu as fait mieux que cet aveu. En m'offrant cette magnifique bague qui ne me quitte pas, ornée d'un rubis, la pierre des amoureux, symbole d'amour, de bonheur et de passion, tu as concrétisé ton engagement très fort vis-à-vis de moi. Engagement réfléchi, à un moment choisi, le jour de mon anniversaire, de mes 24 ans. (...) Ta femme qui t'aime. »

Claire fut l'une des victimes évoquées laconiquement. Victime collatérale d'une chute de rochers sur la route littorale, provoquant un carambolage, sa Charleston réduite à un tas de tôles entre deux camions.

C'est ainsi que le beau mariage et tous les projets de vie qu'il laissait entrevoir fut réduit à néant par les conséquences d'une dépression tropicale dévastatrice devenue quelques jours plus tard la tempête tropicale Clotilda.

 

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@Michel Eyquem
Je laisse les autres apprécier votre commentaire qui vous qualifie parfaitement. Rien à dire. Vous jugez déjà ce que vous n'avez pas lu. C'est extraordinaire !
Par ailleurs, ce n'est pas nous qui écrirons ces papiers, ce sont des auteurs et des volontaires. Mais donnez-moi votre papier sur la liberté d'expression. Nous sommes ouverts à toute réflexion nouvelle. Exposez-vous, nous commenterons...pour une fois
Merci de votre participation. Nous sommes heureux que vous passiez tant de temps sur ce site.

Publié le 17 Août 2022

Liberté d'expression et injures n'ont rien à voir. Désolé que certains confondent. 3 ou 4 articles vont sortir sur ce qu'est la véritable censure. Rien à voir avec les stériles attaques d'anonymes destinées à blesser et à satisfaire des égos. C'en est pathétique.

Publié le 17 Août 2022

Sainte Pouffe Pouffe :-))) ! Faites gaffe, sérieux... Vous êtes si crédible dans votre rôle de victime que la canonisation vous guette ;-) !

Publié le 16 Août 2022

@Michel Eyquem, ne nous prenez pas pour des billes. Vous vous êtes trahi en parlant de "censure". Un bien grand mot, seulement un coup de semonce... un avertissement si vous préférez. Seul le troll pouvait savoir de quoi il s’agit.
Mais je suis d’accord avec vous sur un point qui vous concerne : "je ne sais si je vais rester, car l'image rendue est celle d'un bac à sable." Un bon conseil, ne restez pas, ce sera salutaire. Bon vent ! Il paraît que l’air du large est très bon pour les bronches.
Décidément, vous ne serez jamais très doué.

Publié le 16 Août 2022

@Yves Aubry, à l’impossible, nul n’est tenu.

Publié le 14 Août 2022

Merci @Michèle C. pour avoir mentionné, aidant en cela d’autres lecteurs, par quelle progression je suis passé pour donner un peu plus de détails sur ce drame dont les circonstances ont été horribles et le désarroi inimaginable (presque 30 ans pour faire le deuil en évoquant l’histoire, 33 pour en révéler un peu plus sur l’intime, plus encore pour dire l'indicible).
Merci pour cette citation de notre ami commun Bossy. Son ressenti est tellement profond, tellement adaptable, que je l’ai reçu comme s’il m’était adressé. Je mesure combien son analyse était juste et sa personnalité admirable.
Et merci pour ton soutien. Sept ans que nous avons débuté quasiment ensemble. Autant de solidarité d’auteurs... et presque autant de luttes contre le "troll" aux nombreux pseudos qui a souvent découragé des auteurs débutants.
Je t’embrasse et te souhaite un bon retour. MC

Publié le 14 Août 2022

@Michel CANAL Cher Michel,
Dans tes différentes publications à propos de Claire, tu étais resté jusque là évasif... Mort précoce et tragique ; rien de plus. Des paliers auront été nécessaires avant de confier les circonstances de la disparition de ton amour à ton lectorat.
J'imagine la douleur abyssale dans laquelle ce drame a dû te plonger, et je suppose que le relater marque la fin de ton deuil... Merci pour cette confidence qui m'a d'autant plus émue que sa sobriété et sa pudeur disent plus qu'un texte larmoyant...
Je t'offre ces quelques mots de feu notre ami Bossy ; des mots qui m'ont accompagnée en douceur et aidée à commencer à faire le deuil d'êtres chers récemment disparus...
"On emmène toujours les morts à la sauvette, pour ne pas gêner les autres. C’est de moins en moins un rite, de plus en plus un simple service public. C’est bien après que l’on prend véritablement le temps d’enterrer ses morts. Très souvent, en regardant les étoiles lorsque le ciel est sérieux, immobile et lumineux, lorsqu’en levant la tête surgit ce qui est enfoui. Et l’on enterre doucement et lentement ses morts en les revoyant vivre, en leur redonnant leurs parures d’amour dont on n’avait pas su les vêtir en les mettant furtivement en terre. Les secrets de nos morts sont alors éparpillés parmi les pluies d’étoiles qui crépitent à la vitre infinie ouverte sur la nuit. Ils sont déliés en autant de poussières qu’une voie lactée. Ils sont inclus et non plus limités dans un espace qui nous englobe et ne nous exclut plus nous-mêmes.
Qu’importent nos solitudes blessées, si nos morts scintillent de la sorte ? Nous savons bien que les deux ou trois décennies qui nous séparent d’eux n’ont pas de durée, à la vitesse de cette lumière : notre propre mort est pratiquement identique à la leur. Cette magie du temps, qui est illusion de vie, est vérité de mort, par son infini."
Je t'embrasse,
Michèle

Publié le 14 Août 2022

Merci @Cécile Quétier pour votre commentaire.
La nouvelle est hélas le rappel de faits vécus en 1986 et 1987… Peut-être n’étiez-vous pas encore née, d’où un langage qui peut vous paraître « démodé ».
Si le cœur vous en dit, je vous invite à lire le Journal intime de Claire et son courrier « très intime ». Féministe assumée et bonne connaisseuse de la condition des femmes, Claire aurait compté aux côtés d’Elisabeth Badinter pour leur évolution. Avec toute ma sympathie. MC

Publié le 14 Août 2022