Actualité
Le 20 fév 2023

La source de l'écriture

Pourquoi ne pas poursuivre l’investigation de l'écriture jusqu’à sa source ? Certes, il faut être fêlé de la citrouille pour s’embarquer en de telles complications quasi archéologiques. Seriez-vous suffisamment curieux et patients pour avaler le gros boa des lignes délirantes qui vont suivre ? À moins que vous ne vouliez seulement me faire plaisir, eu égard à ma douce folie !

Voici donc la pseudo docte prose, qu’en vétérinaire mal avisé, je voulais vous soumettre sans aucune garantie de légitimité, ni du gouvernement ni d’aucune instance savante, (gare aux fake news) :

L'’écriture, graphie qui associe par le geste l’encre au papier ou le clavier à l’écran, traduit chaque pensée par une concaténation de symboles. Simple abstraction me direz-vous avec raison. Alors accrochez-vous, ça va accélérer dans la complexification des concepts :

 « Prenez un cercle, caressez le, il deviendra vicieux »

L’écriture opère ainsi une saisie de la mouvance immatérielle de l’esprit, dans l’obscur dessein de figer sur un support concret l’ image parcellaire d’un réel virtuel. Virtuel car le mental ne cesse de le reconstruire d’instant en instant, à travers des myriades de perceptions sensorielles et mentales, purement extemporanées.

Je vous avais prévenu, c’est ardu. Pourtant en réalité, à votre insu, vous n’ appréhendez le monde, et vous même, qu’à travers des images mentales élaborées dans votre cerveau. Même ce « je », pour qui vous vous prenez (en tant que témoin de ce cinéma intérieur), résulte de cette élaboration. Il est aussi fictif qu’intermittent !
Comme disait Ionesco dans « la cantatrice chauve » : « prenez un cercle, caressez le, il deviendra vicieux ». Dur, dur mais pourtant tellement bien vu. Il n’y a pas de pilote dans l’avion, ni d’avion dans l’espace, tout apparaît et disparaît en un milliardième de seconde comme les images d’un film qui défilent sans que rien n’existe derrière la pellicule. Vous, comme moi, avons construit notre maison sur un lac gelé et vivons dans la matérialité illusoire d’un univers qui s’écoule et s’écroule constamment. Dommage, le temps se réchauffe ! Un radeau eut mieux convenu. En prendre conscience inopinément, ça peut être très déstabilisant.

 Tout a commencé dans ce mouvement d’abstraction initié par la parole, d’abord articulée à partir de grognements et cris animaux...

Pourtant je parle (ou écris) et c’est bien moi qui cause (ou gribouille), me direz-vous. Certes ! Par là nous commençons à remonter vers nos origines lointaines, ce qui plaît au vétérinaire que je suis. Tout a commencé dans ce mouvement d’abstraction initié par la parole, d’abord articulée à partir de grognements et cris animaux. Ensuite seulement, l’écriture a poursuivi beaucoup plus loin l’évolution. Dépassant la simple nécessité primitive de communiquer sur l’instant, elle prétendait se souvenir : imprimer une trace durable de son propos pour en marteler ainsi plus longtemps, voire éternellement, le bien-fondé. Grâce à cela, elle prétend matérialiser que tout ce que je viens de vous expliquer (d’assez perturbant, je dois le confesser) n’est justement qu’une simple vue de l’esprit puisque les paroles s’envolent mais les écrits restent. Point que je conteste puisque je n’ai pas fait que vous le dire, je l’ai écrit moi-aussi !

Le voilà, justement, le bon gros stigmate de l’humanisation du primate ! Sans avoir réellement réussi à lâcher notre branche, l’écriture nous a ancré comme homme/femme (non genré!) dans un dualisme foncier. Ses représentations graphiques (lettres, mots, idéogrammes) peuvent finir par masquer (voire s’y substituer) l’indicible fluctuation transparente et immatérielle de ce pour quoi elles codent depuis l’origine, un simple mouvement au sein de l’esprit universel que Jung baptisait inconscient collectif.

Le personnage de mon roman, lui, du fond de son amnésie, invoque parfois un retour à cette dimension magique et sacrée qui s’inscrit dans le patrimoine des plus belles évolutions du vivant. Il se met à danser comme un Chaman en pleine rue, appelle ses visions protectrices et ses Animaux de Pouvoir. Est-il finalement aussi timbré qu’il n’y paraît ? Pas si sûr.

En quoi cette écriture est-elle si profitable à celui qui la pratique ? 

Mais alors, me direz-vous, en quoi cette écriture est-elle si profitable à celui qui la pratique ? Tout dépend de notre conscience. Car si nous nous coagulons en auteur au lieu de nous dissoudre en filigrane d’une inspiration puisée dans cet inconscient universel, elle risque fort de se transformer en outil d’asservissement de l’autre à nos prérogatives. Il ne vous a pas échappé que pour vous le démontrer, en plaisantant, je vous balade gentiment au fil de ma pensée, non ?

Elle peut aussi provoquer un besoin quasi obsessionnel d’être lu, reconnu et surtout édité. Nous voilà alors enchaîné aux affres d’un balancement sans fin entre espoir et crainte, plaisir et déplaisir, gain et perte, louange et blâme, renommée et discrédit.

Pas trop grave, j’en conviens avec vous, puisque nous avons tous déjà tellement l’ habitude de ces petits désagréments inhérents à notre société consumériste et aux impatiences qu’elle véhicule. Ça remonte a plus de deux-mille ans, paraît-il…

 La mémoire de l’écriture a du bon pour éviter les dangers de l’oubli

Puisque tout fout le camp, la mémoire de l’écriture a du bon pour éviter les dangers de l’oubli. Par contre, tirage et notoriété ne sauraient cautionner, à eux seuls, sa valeur. Pour preuve : les écrits de Karl Marx et le « Mein Kampf » d’Hitler qui avaient cartonné en nombre d’exemplaires édités et vendus, ont induit plus de morts (plusieurs centaines de millions) que toutes les catastrophes naturelles réunies. Sans vous bassiner avec des considérations politiques, histoire de ne pas abuser de votre patience, vous conviendrez comme moi que chacun de ces auteurs était intimement persuadé du bien-fondé de son point de vue. Ça pose question. Pourtant, l’état actuel de la situation internationale reflète avec une acuité bruyante où peut mener la perte de référence à l’universalité. Pas évident de concilier la multiplicité des points de vue avec le respect d’une interdépendance naturelle du vivant. Écologie fondamentale avant toute récupération politique et clivante !

Probablement vous ai-je perdu depuis longtemps dans le dédale de ma pensée ? 

Qu’importe ! À mes yeux, l’art de l’écriture restera toujours une des plus belle (mais aussi des plus exigeantes) dimensions de notre Humanité.

Une profonde satisfaction intérieure naît de se sentir juste à sa place, le stylo à la main dans la vacuité d’une page blanche

Dans le génie de son authenticité, le véritable écrivain n’a jamais rien écrit comme le véritable musicien n’a jamais rien joué. Depuis la source universelle, le livre s’écrit en le premier, comme la musique se joue en le second, malgré les années de labeur technique assidu qu’il a fallu investir pour qu’advienne cet oubli de soi. Succès commercial ou non, une profonde satisfaction intérieure naît de se sentir juste à sa place, le stylo à la main ou le clavier au bout des doigts dans la vacuité d’une page blanche où peut se refléter la luminosité de l’Esprit.

Vous l’avez compris, l’écriture demeure la plus belle des méditations.

Il est là, le bonheur, il est là...

ENJOY !

 

Alain-Paul, auteur de Si c'est amer, tu dois l'aimer                      

 

 

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@Alain-Paul @Yvar BREGEANT Bonjour à vous deux.
Je ne me souviens plus précisément de mon commentaire, juste que j’évoquais cette nouvelle émergence des croyances archaïques qui, en réponse à votre question, Yvar, confirme un retour à des sources plus ou moins obscures ou lumineuses, en fonction des choix et points de vue. Que je disais avoir été sensible à votre phrase, Alain : « L’écriture est l’espace de tous les possibles ».
Faute de réponse et réalisant à la relecture mon total hors sujet, j’ai finalement effacé cette intervention. Pas de médiation divine, donc ;-).
Du coup, je ne vais pas de nouveau botter en touche, même si, Yvar, je m’étendrais volontiers sur le cercle, qui est aussi l’Ouroboros, ou encore celui qui renvoie à la fécondité, au monde... Mais c’est volontiers que je partage virtuellement (faute de mieux ;-)) le Kapala tibétain avec vous deux.
Bonne fin de journée ! Amicalement,
Michèle

Publié le 06 Mars 2023

@Alain Paul
Allez ! C'est parti ! Je fais mon baluchon et j'arrive

Publié le 06 Mars 2023

@Zoé Florent
Avant tout mes plus plates excuses car je ne vous ai pas répondu en temps et en heure et votre précédent commentaire à mon intention n’est plus, ingurgitée par la déesse MBs (!).
Je me souviens simplement que vous me disiez que de votre point de vue le langage était une adaptation évolutive.
Je suis assez d’accord avec vous dans le sens où à partir du moment où nous sommes face à un individu conscient de lui-même, des autres, de son rapport au monde, doué de raison, doté de libre arbitre, capable d’abstraction, tous les « gestes » lui sont possibles, toutes les formes d’art lui sont accessibles, y compris l’écriture. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle était nécessairement partout et tout le temps utilisée puisqu’elle pouvait par choix demeurer comme potentialité et ne pas être utilisée.
Je trouve intéressant de constater qu’il y a eu un basculement dans la pensée humaine que reflète assez bien d’ailleurs le choix de notre écriture. L’alphabet phénicien, dont dérive nos alphabets, a en effet emprunté la grande majorité de ses signes à ceux des hiéroglyphes égyptiens qui avaient une valeur phonétique en délaissant ceux qui avaient une valeur idéographique c’est-à-dire conceptuelle, abstraite, figurative, symbolique. C’est un peu comme si l’humanité faisait le choix de cesser de se représenter immédiatement le monde par l’abstraction, le circuit court, pour faire le choix d’un circuit plus long, en intercalant entre la pensée et l’abstraction, des lettres qu’il faudra maintenant prononcer une à une pour finir par revisualiser le concept voulu. Toutes ces lettres phonétiques ne sont-elles pas le rajout d’une étape un peu inutile ? N’est-ce pas le signe d’une perte d’abstraction ? J’ai du mal par exemple à voir ce fait là, cette « débauche de lettres que nous devons aujourd’hui tracer pour signifier » comme le marqueur d’une amélioration de notre cognition.
On pourrait dire encore beaucoup de choses mais j’ai déjà beaucoup trop écrit sur cette tribune. En tous les cas Merci pour cet échange enrichissant et plaisant.
Yvar

Publié le 05 Mars 2023

@Alain-Paul
Bonjour Alain-Paul
Je dois dire qu'à la première lecture de votre tribune, je me suis dit que vous aviez fumé quelque chose d'illicite. Du coup, je me suis dit que pour bien vous comprendre il fallait que je fasse la même chose alors je suis allé passer commande au petit dealer du coin (qui était un peu halluciné de me voir) en lui expliquant timidement (j’étais quand même un peu gêné) que je voulais juste me mettre à la place d’un ami. Il n’a pas trop compris (j’avais plutôt l’habitude d’y aller de ma réprimande) mais bon... bref … après avoir pris bien soin de donner les clefs de ma voiture à un ami (… !) j’ai ainsi rejoint mon boudoir improvisé et c'est là que, embué dans des vapeurs de... biiiiip ... j'ai, à un moment donné, Euréka ! saisi le fil conducteur de votre pensée : du fait de la totale vacuité et relativité de notre monde généré par une conscience universelle, notre écriture ne serait sur la ligne du temps que l'expression d'un très bref soubresaut de notre conscience individuelle bien orgueilleuse qui, pendant un court instant, se berce de la douce illusion d'être unique, de pouvoir se dissocier de la conscience universelle originelle pour influer sur le monde qui l'entoure alors même qu’elle se fera irrémédiablement ingérer par elle et qu'en disparaîtra à tout jamais toute trace. Les brumes de chii..uuuut ne s'étaient pas encore dissipées que j'ai lu votre réponse où vous avez bien plus clairement exprimé votre pensée, propos que j'ai trouvés aussi intéressants que les premiers (comme d'ailleurs la réflexion de Zoé), même si donc formulés cette fois-ci en étant visiblement sevré !
Etant maintenant sevré moi aussi, j’ai réfléchi et je pense opportun d'attirer votre attention sur un point.
Enfin, plutôt sur un cercle et un point. Histoire de voir dans quels deux sens nous pouvons les lire, les caresser.
En effet, un simple cercle avec un point au milieu était le symbole archaïque pour représenter la déité suprême. Pourquoi ? Parce que les anciens (bien avant Jung ou Spinoza), croyaient que le dieu suprême était un "étant » impersonnel et immanent, (on peut aussi l'appeler conscience universelle) avec cette particularité fondamentale qu’il était considéré comme étant la fusion de toutes les dualités, de genre, masculin, féminin, neutre mais pas que… d’absolument toutes les dualités et contraires donc aussi celle d’ordre morale (bien/mal/neutre) ou, pour être plus générique et non « moralisateur », en étant à la fois l’Ordre et l’Anarchie (le Chaos) ou l’absence de l’un et l’autre (car la voie du milieu, le nihilisme (y compris bouddhique) est aussi une option incluse dans ce cercle). C’est, par exemple, l’Atoum égyptien émergeant du Noun, la Source indifférenciée qui créé l’univers des dieux et des hommes par la scission de son être. Dans la symbolique abstraite de l’écriture (qui va donc bien au-delà de la simple prononciation littérale du logogramme « cercle ») la circonférence du cercle représentait tous les contraires en opposition l’un par rapport à l’autre. Le point au centre signifiait lui, la fusion de ces derniers, l’état de du Dieu suprême qui était perçu en ce point central comme le parfait point d’équilibre qu’Il/Elle était et que chaque créature devait s’efforcer d’atteindre, car le but ultime de tout créature était de refusionner avec Lui/Elle.
En gros, ce symbole était leur ying/yang à eux.
Mais il y a une autre façon de « lire » ce symbole. A la circonférence, ne se trouve, non pas des contraires de toute natures opposées, mais que leur pôle positif, que des qualités positives. Et le centre, représente la fusion de ces qualités positives en un être qui concentre toutes les qualités de manière absolue. C’est la conception chrétienne de Dieu, un être transcendant, une personne unique, qui, même s’il est libre de faire le choix du mal, s’il le souhaite, fait en revanche constamment le choix du bien, le bon choix, le choix de l’ordre et non de l’anarchie, et qui n'est donc pas esclave d'une nature duelle mais bien au contraire maître de lui-même.
Vous mettez justement le doigt sur le centre de ce cercle lorsque dans le cours de votre réflexion vous dites : comment se fait-il que tout fout le camp alors que la conscience universelle qui a créé le monde est normalement parfaite ?
A mon sens, la question qu’il faudrait se poser est celle-ci : Qu’est-ce qui pour moi, en toute logique, doit définir l’état de perfection ? Une oscillation interne simultanée et permanente entre l’ordre, le désordre, le rien ; ou bien le fait d’être libre de choisir et de toujours, systématiquement faire le bon choix (laissant ainsi le mauvais choix présent mais que dans sa potentialité d’existence, pas dans les faits) ?
Lequel des deux est le cercle vicieux ?
Lequel des deux est le cercle vertueux ?
Comment faut-il donc écrire, lire correctement ce cercle ?
Si c’est la première lecture qui est la bonne, pourquoi donc éprouver un sentiment d’injustice quand des autocrates se lèvent et répandent sur la Terre leur folie meurtrière ? Pourquoi s’insurger contre nos 1% d’ultrariches puisqu’ils ne sont, finalement, que les « survivants les plus aptes » de notre Histoire présente et nous les proies de service ? Pourquoi monter au créneau contre les retraites ? Ce monde ambivalent, avide de justice mais rempli d’injustice, n’est-il pas que juste la copie conforme de l’Etant immanent qui les a créés, un dieu aux trois visages, une trinité de sagesse, de folie et de néant ? Pourquoi le sentiment de justice coule t’il dans nos veines puisque, si l’avidité est le moteur de l’évolution, l’injustice devrait depuis l’origine être intégrée, incrustée comme un élément constitutif génétique de notre être et du monde. La voir ne devrait même provoquer en nous un tremolo d’émotions. Au fond, cette lecture de ce cercle ne nous conduit-elle pas au terrible fatalisme que vous évoquez, savoir que par notre vie ou par notre écriture, nous ne pourrons en fait jamais en rien influencer le Monde pour qu’il change en mieux car sa fin et la nôtre est écrite d’avance ?
Si c’est la deuxième lecture en revanche qui est la bonne, notre condition actuelle ne s’explique-t ’elle pas plutôt par le fait qu’ayant reçu en cadeau, en héritage de ce Dieu libre, le libre arbitre de faire, ou pas, toujours le bon choix, nous avons visiblement décidé à un moment donné d’en faire un mauvais usage, nous nous sommes comportés comme des apprentis sorciers et avons détruits le monde qui nous entoure. Le sentiment d’injustice qui traverse notre conscience aurait alors le mérite de prendre tout son sens car conscience de soi et de l’autre, amour, justice, libre arbitre sont des reliquats de notre humanité déchue. Alors, notre écriture de ce cercle prendra une tout autre tournure. Tout en étant conscients de notre petitesse, nous ne cèderons pas au fatalisme et deviendront acteurs de notre vie et du monde qui nous entoure en sachant que même chichement, par notre vie et notre écriture, nous pouvons faire « bouger les lignes » changer les choses, changer le monde pour le faire correspondre à la volonté originelle de son Créateur.
Cercle, point, abstraction, écriture, lecture, sens à leur donner… sommes-nous au cœur de la tribune ? ou très éloignés du sujet ? ;)
En tous les cas j’apprécie beaucoup notre échange et le fait que vous m’ayez accordé du temps pour me répondre si gentiment.
Là j’ai besoin d’un ptit…verre de rouge pour me détendre un peu. Vous m’accompagnez ?
Amicalement
Yvar

Publié le 05 Mars 2023

Bonjour @Alain-Paul
Puisque le pluralisme des idées est souhaité et l'universalisme des idées antinomique de votre réflexion, je porte à votre attention la réflexion suivante : pourquoi l'apparition de l'écriture serait-elle donc toujours aussi universellement considérée comme un marqueur de l'évolution darwinienne, l'apogée ultime de grommellements devenus harmonieux, et pas, c'est une suggestion, plutôt le marqueur d'une dévolution cognitive ? Je m'explique : Nos ancêtres n'étaient pas, loin s'en faut, dotés de capacités cognitives moindres aux nôtres, en tout cas ceux qui nous sont datés du Paléolithique supérieur. Ne confondons pas l'accumulation du progrès technique dont nous sommes, logiquement, en bout de course, les ultimes bénéficiaires, avec capacités cognitives comme si cela nous rendait de facto supérieurs. Ce n'est pas parce j'ai un i-phone que je suis plus intelligent que celui qui a dessiné une fresque rupestre. J'ai simplement bénéficié de ses inventions et de l'accumulation mécanique de celle de ses successeurs. Dans cette hypothèse, il est tout à fait plausible aussi, qu'à l'instar de nombreuses civilisations bien plus récentes (comme les Celtes qui se passaient parfaitement bien d'écriture ou les peuples arabes préislamiques ou les indiens d'Amérique...) ils basaient la transmission de leur culture sur l'oralité, elle-même fondée sur une capacité de mémorisation, pour nous hors norme, mais pour eux usuelle et constamment entretenue, favorisée notamment par leurs représentations des concepts par l'image et les symboles qui est l'un des plus puissants moyens mnémotechniques (recommandés par tous les experts en mémorisations qui insistent sur les associations mentales d'images dans un palais des souvenirs) d'où d'ailleurs les représentations à caractère idéographique de leurs fresques rupestres sacrés et, justement, des premières écritures. Dans cette perspective, ils pouvaient donc potentiellement, cognitivement, recourir à l'écriture mais sans en éprouver le besoin puisque leurs capacités de mémorisation la compensait largement. L'apparition de l'écriture n'est alors, au fond que la preuve d'une diminution soudaine des facultés sans doute couplée à un grand sentiment d'insécurité que peut éprouver à un moment donnée une civilisation donnée face à la menace de perdre son identité (pour cause de graves menaces extérieures, guerres, catastrophes...) et qui poussent alors les derniers vecteurs de ce language à mettre par écrit ces connaissances en les gravant dans la roche ou tout autre support pour ne pas qu'elles se perdent à tout jamais. Il est tout à fait vraisemblable aussi que l'écriture n'a été pendant longtemps utilisée que pour le sacré. D'ailleurs, les premières écritures furent utilisées dans un contexte sacré, métaphysique et pas pour compter veaux, vaches, cochons comme on le lit encore trop souvent.
Alors, la question est posée : Ecriture : évolution ou dévolution ? ;)
Je trouve cette question intéressante en rapport avec le thème de l'écriture et le plaisir choisi de conter, raconter, ou... d'écrire. ;)
Bonne journée
Yvar

Publié le 01 Mars 2023

Bonjour @Alain-Paul. Je me lance dans la rédaction d'un commentaire, histoire de vous faire un retour, car une tribune sans, cela me dérange un peu ;-).
J'avoue avoir du mal, puisque je n'ai pas compris le but votre message. Il m'a fait l'effet de débarquer en pleine discussion métaphysique et de n'en saisir que quelques bribes, comme des raisonnements poussés à l'absurde, la relativité de tout acte, toute chose, etc.. Dans ces conditions, difficile de mettre mon grain de sel, si ce n'est que pour moi, la méditation précède l'acte d'écriture, par exemple. C'est maigre, et vous m'en voyez désolée.
Quoi qu'il en soit, merci pour cette contribution et bonne journée !
Michèle

Publié le 01 Mars 2023