Actualité
Le 24 Jan 2014

La concentration des maisons d'édition joue-t-elle nécessairement contre les auteurs ?

Dans le monde anglo-saxon, la récente fusion de « Penguin » et « Random house » n’est pas qu’une concentration de plus, c’est l’annonce d’une réforme profonde du monde du livre. Une mutation lourde, précurseur d’une nouvelle série de fusions et de rachats. Les mastodontes s’unissent pour lutter contre les nouveaux prédateurs plus agiles : Amazon, i books pour ne pas les citer. Qu’on le veuille ou non le monde anglo-saxon ouvre le chemin à ce que tous les éditeurs, auteurs et lecteurs vont vivre demain. La France n’y échappe pas.
La concentration des maisons d'édition joue-t-elle nécessairement contre les auteurs-monbestsellerLa concentration des maisons d'édition joue-t-elle nécessairement contre les auteurs-monbestseller

D’un coté, Amazon s’efforce (avec succès) de dominer la chaîne du livre, en s’arrogeant un quasi-monopole de la distribution, doublé d’un credo : le maximum de désintermédiation entre les auteurs et la distribution. De l’autre, les grands traditionnels se rebiffent, « Random house » et « Pinguin », les deux géants de l’édition récemment fusionnés (éditeurs de 35 % des livres écrits en Anglais) se rapprochent de la chaîne géante de la librairie américaine "Barnes and Noble".

On assiste au duel entre le géant de la distribution sur le net (Amazon) qui se voit déjà éditeur, (inventeur et spécialiste du e-book à 0,99 dollars) et des éditeurs gigantesques intégrant ou s’alliant les librairies, trustant le livre physique. Le  monde virtuel contre le monde réel (même si ce n’est pas tout à fait ca !)

Si notre cœur peut pencher d’un coté, cela n’augure rien de prometteur pour les auteurs. La révolution de la musique l’a illustré : peu d’opportunités pour les nouveaux artistes tandis que les grandes stars se voient re-consacrées d’album en album. (Ce mot existe-t-il encore ?).

Pour preuve, les palmarès de vente de livres en France parlent d’eux mêmes. En 2013, Guillaume Musso et Marc Levy comptabilisent respectivement 1,4 et 1,2 millions d’exemplaires, incluant les formats poche (Source Figaro-GSK). Dans leur roue, David Foenkinos et Delphine de Vigan qui n’ont pourtant rien publié en 2013 (Les formats poche prennent le relais). Sans même parler de qualité, le système se reproduit, on étouffe. De l’air…

La troisième force vive, ce sont les auteurs. C’est étrange, ce sont eux dont on parle le moins. Cette troisième force est largement née du digital. C’est leur espace d’expression. On écrit, on met en ligne, on promeut et on cultive les relations de long terme avec les lecteurs. Il faudra compter avec eux, car ils sont indépendants, entrepreneurs, lucides, combattifs et nombreux.

Dans leurs fusions, les grands éditeurs et les jeunes prédateurs ont bien repéré ces potentiels filons et ne comptent pas les laisser s’échapper tous. Ils vont bien créer des maisons d’édition « machines à Bestseller » consacrées à recruter ces auteurs indépendants et entrepreneurs. Et ce, pour les re-packager et les placer dans leurs équipes gagnantes d’auteurs. La roue tourne. Le système en décomposition renaitra de ses cendres avec un nouveau visage. Est-il si nouveau ?

 

Christophe Lucius

 

 

 

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Publié le 27 Janvier 2014
On oubliera un jour prochain le quatuor d'auteurs banckables précités en tête d'article comme on a oublié les peintres pompiers du XIXe siècle au profit des impressionnistes.
Publié le 26 Janvier 2014
La mutation est technologique. Le papier ne résistera pas longtemps. Vingt ans, au plus, à la vitesse du progrès. Ah, le grammophone de nos grands-mère avait du charme, et les disques 78 tours aussi, et le microsillon, et le CD... Vous avez dit MP3 , cloud, stockage virtuel. L'objet livre n'a aucune chance. On vend encore des étagères. On y met trois bibelots de mauvais goût. Les livres ne sont plus debout. Un temps couchés, ils disparaissent on ne veut savoir où. Elles sont des morts que l'on veut croire vivantes. C'est mieux comme ça.
Publié le 26 Janvier 2014