"Noosphère, Représentations photographiques de la pensée", Raquel W est la première à relever le défi...

"J’ai rêvé l’autre nuit que j’étais assis sur le trottoir de Moody Street Pawtucketville, à Lowell, Massachussets, un crayon et un papier à la main, et que je me disais : Décris les craquelures du goudron de ce trottoir… " etc.

Telles sont les premières paroles de Docteur Sax et elles disent tout de la vie, du temps enfui, de la mémoire, de l’enfance.

Chaque fois que j’ouvre ce livre, et cela m’arrive souvent, j’ai l’impression d’ouvrir la porte d’un placard, bourré jusqu’à la gueule de bric-à-brac et je ne peux rien retenir, c’est l’avalanche. Cela commence presque rationnellement avec une fissure dans le goudron, "les poteaux de la grille de l’Institut Textile ou bien le porche sous lequel Lousy et toi et G.J. venez toujours vous asseoir", et puis la mémoire déchaînée inonde les pages, comme la crue du Merrimac.

Quelle autre image plus juste que celle de l’emaki pour traduire les sentiments que m’inspirent ce roman ?

Une sorte de Montagnes et rivières sans fin. Il y a la règle qu’on s’impose "… et si tu t’interromps, que ce ne soit pas pour chercher tes mots, mais plutôt pour essayer de mieux te représenter l’image". Combat entre le rationnel et l’imagination, le rigide et le souple, le plein et la vacuité, que j’ai voulu symboliser par le motif central ("cerveau droit", "cerveau gauche"). "Laisse ton esprit se détacher de toi dans cette tâche." Est-ce pour cela que presque chaque phrase de Dc Sax est un pur diamant ?

Raquel W.

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