Tout le monde ou presque a entendu parler du Best-seller "Le roman de la Rose", mais on connaît moins une autre production du même géant de la littérature, monsieur Umberto Eco :
"Comment voyager avec un saumon"
Umberto Eco ! Ce nom évoque immédiatement des volumes poussiéreux, des bibliothèques obscures et des citations en latin que personne ne comprend vraiment. Un érudit ? Plus qu’érudit, le gars est une véritable encyclopédie vivante, un manuel ambulant de sagesse médiévale. Et voilà qu’un jour, au détour d’une réflexion profonde sur la signification de l’univers, il décide de partager son ultime perle de savoir.
Alors là, on se dit : "Voyager avec un saumon, mais pourquoi pas ? Pourquoi s’embarrasser d’un guide de voyage quand on peut se promener avec un poisson entre les bras ?". Imaginez la scène : Eco, dans son complet trois-pièces, mine sérieuse, tenant fermement un saumon en laisse. Et pas n’importe quel saumon, attention. Ce n’est pas une de ces tranches roses élégantes que vous trouveriez dans un sushi-bar. Non, c’est un saumon entier, énorme, glissant et bien décidé à ne pas rester dans la valise de M. Eco.
Serait-ce une métaphore ? Peut-être qu’avec Eco, tout est métaphore. Ce saumon, c’est peut-être le poids de la connaissance, toujours présent, toujours encombrant, comme ce poisson qui refuse de rester à sa place dans une soute à bagages. On peut imaginer Umberto Eco essayant de faire passer le saumon au contrôle de sécurité à l’aéroport : "Monsieur, s’il vous plaît, posez votre saumon sur le tapis roulant... Non, pas dans le scanner, monsieur !" Et le pauvre Eco, obligé d’expliquer que non, il ne compte pas faire de sushi en plein vol, mais que le saumon est essentiel à sa quête spirituelle — et là, tout le monde opine du bonnet, pensant qu’il s’agit encore d’un de ces artistes bizarres.
Mais peut-être n’est-ce pas ça du tout. Peut-être qu’Eco, dans un élan de rébellion contre l’establishment littéraire, a tout simplement décidé de nous faire une blague. Comme Boris Vian avec son "L’automne à Pékin", qui ne se passe ni en automne ni à Pékin, peut-être que le saumon d’Eco n’est pas un poisson du tout. Peut-être que le voyage n’est même pas un voyage. Peut-être que ce livre, c’est juste Eco qui se moque gentiment de nous tous, ses lecteurs si sérieux qui pensaient qu’il ne pouvait jamais s’amuser.
Une manière pour Eco de dire : "Les gars, relaxez-vous un peu ! La vie est pleine de moments absurdes. Prenez votre saumon, mettez-le sous votre bras, et partez à l’aventure, sans trop vous prendre la tête."
Alors, la prochaine fois que vous irez à l’aéroport, n’oubliez pas votre saumon. Parce qu’avec un poisson à vos côtés, qui sait où vous finirez par aller ? Peut-être même quelque part en automne, à Pékin. Ou pas. Après tout, ce qui compte, c’est le voyage, pas le poisson. Ou l’inverse. Demandez à Eco, il vous expliquera. Ou pas.
En tout cas, une chose est sûre : après "Comment voyager avec un saumon", on ne regarde plus jamais le rayon poissonnerie de la même façon.
Et là, on se dit que la littérature a encore beaucoup à offrir, même quand elle sent un peu la marée.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Trouver le titre de son roman, c'est vraiment pas facile...
Contrairement à Vian, dans le bouquin d'Eco, il y a bien un saumon fumé (donc mort), qui voyage dans une valise, même si l'anecdote n'existe que pour décrire la situation absurde dans laquelle son acheteur se retrouve, une fois à l'hôtel... occasion pour l'auteur de critiquer un monde informatisé à l'excès et ses bugs.
Quant au deuxième saumon apparaissant dans ce livre, il est bien vivant, dans une rivière, et sert de support à une démonstration.
En dépit de ses titre et ton légers, son recueil reste érudit, et l'humour très présent, tout comme dans "Le Nom de la rose" (et non "Le roman de la rose";-)), dans un autre registre (seul autre écrit d'Eco que j'ai lu).
Merci pour ce billet et bon week-end.
Amicalement,
Michèle