Georges Moinaux a choisi le pseudonyme « Courteline » parce que cela sonnait bien". Tout simplement, comme son œuvre d’ailleurs, peut-être...
Auteur satirique du XIXe et début du XXe siècle, ses œuvres sont souvent qualifiées de légères au ton burlesque. Et si ses pièces furent jouées à la Comédie Française, c'est parce que son sens de la critique et son ironie paraissait insolente et rebelle. A la mode.
Il a diverti, amusé et interpellé le public de l’époque par son aptitude à se moquer des travers humains et des contradictions de la société.
Courteline décrit la bureaucratie, l'armée, la famille et le mariage. Il se moque de la rigidité des conventions sociales et de l'hypocrisie de la société bourgeoise. Son ’humour est grinçant et le comique de situation est son registre prèferé.
Le langage est simple et populaire, ce qui rend ses œuvres accessibles. Elles parlent à tous.
Il excelle au théâtre : Messieurs les ronds-de-cuir, une satire sévère de la bureaucratie, La Paix chez soi, qui décrit les éternelles disputes conjugales de manière comique.
Son talent et sa signature : le portrait de personnages ridicules mais émouvants.
La bureaucratie (Messieurs les ronds-de-cuir) et l'armée (Lidoire) sont des institutions rigides et hiérarchiques au début du XXe siècle. Elles sont moins centrales dans les préoccupations contemporaines. Ses critiques, même si elles contiennent certaines vérités, appartiennent à une autre époque, celle de la Troisième République.
Les figures d’autorité et des classes sociales manquent parfois de relief psychologique : le fonctionnaire incompétent, le militaire entêté.
Aujourd’hui, on n'aime plus les clichés. Place à l'individualité, à la spécificité.
On se penche davantage sur des questions d'ordre mondial, technologique ou écologique ou morales et surtout l’on revendique une remise en question permanente de l’ordre établi. Fluidité sociale.
L'humour du début du siècle dernier repose souvent sur des caricatures, des personnages stéréotypés, et surtout des situations de comédie de mœurs qui paraissent simplistes qui relèvent pour beaucoup de l’artifice.
Aujourd'hui, l’humour est plus complexe, plus subversif, voire plus sombre mais aussi plus prudent.
On ne peut rire de tout, en tout cas pas avec n’importe qui.
Et la grosse farce ne fait plus sourire, enfin moins.
En un mot, dans une époque focalisée sur des préoccupations nouvelles et graves comme le climat, les droits sociaux, le féminisme, la justice raciale ou l'intelligence artificielle, son travail semble coupé des grands débats actuels bien éloigné des questions existentielles ou universelles.
Architecte du suspense, Leroux a su inventer des intrigues mystérieuses avec des personnages marquants et des décors étranges. Il fait plonger dans des univers sombres et fascinants. Sa capacité à tenir le lecteur en haleine est unique. Elle fait de lui un des auteurs à suspense les plus talentueux et respectés de la littérature française.
Personnage célèbre d’une époque, ce romancier français, s’est fait principalement connaitre pour ses romans policiers empreints de fantastique.
« Le feutre de côté, conquérant, sur une chevelure bouclée châtain-dorée, le regard piqué de malice, une pointe de sourire aux lèvres, Gaston Leroux s’avance d’un pas léger précédé d’une fière corpulence comme le nez de Cyrano irradiant joie et générosité. »
C’est ainsi que son fils décrivait l’auteur fameux de Rouletabille et le Fantôme de l’opéra, Patrick Leroux
Le Mystère de la chambre jaune est une référence d'ingéniosité qui lui vaut un immense succès. C’est là que son héros récurrent Joseph Rouletabille, apprenti reporter, au raisonnement et à l’intelligence infaillible apparait pour la première fois. Il ponctuera de nombreux romans à énigme comme Le Parfum de la Dame en noir, Rouletabille chez le Tsar, le crime de Rouletabille…
Son succès se confirme avec le Fantôme de l’Opéra inspiré d’une légende : un cadavre d'une victime de la Commune aurait été découvert en creusant dans les sous-sols de l'Opéra. Quasi simultanément lors d'une représentation du Faust de Gounod, l'un des contrepoids du grand lustre de la salle se décroche et tue une spectatrice. La légende est prête.
Son style traduit un certain niveau de grandiloquence et de romantisme propre à la fin du XIXe siècle. Des descriptions luxuriantes ponctuées par les effets dramatiques et les exagérations qui peuvent sembler excessives ou archaïques.
"Il en fait parfois trop", comme on dit aujourd’hui : style orné en opposition avec les tendances plus épurées de la littérature.
Des thèmes et des intrigues datées : le mystère et le mélodrame sont des thèmes régulièrement portés. Les personnages sont souvent des archétypes du roman gothique, et paraissent parfois manichéens face aux multi-dimensions des héros contemporains.
Les vues et les opinions de Leroux sont souvent conservatrices.
Dynamique de pouvoir, rôles de genre dans un décor parisien profondément marqué par un contexte historique, thèmes et intrigues, normes sociales ne résonnent plus de la même manière auprès d'un public moderne.
Même si les anciens et quelques Afficionados se bercent d'images les yeux mi-clos avec nostalgie.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Merci pour cet article, @monBestSeller, dont le premier avantage est déjà de parler de ces deux monuments de la littérature, Courteline et Gaston Leroux.
Je suis dubitatif pour votre assertion "qui ne sont plus en vogue...". Être en vogue est comme la mode vestimentaire, ça vient et ça repart à intervalles réguliers.
La vraie raison est l'immense variété des auteurs qui ont marqué leur époque. Je ne sais même pas qui est en vogue aujourd'hui !
Tous ces grands auteurs sont remis sur le devant de la scène un jour ou l'autre soit par le cinéma, soit par la télévision (reportage, téléfilm, série...), soit par le théâtre. Seule certitude, s'ils ne sont pas en vogue, ils ne sont pas tombés définitivement dans l'oubli... et ils seront toujours des valeurs sûres, des intemporels.
Je partage l'avis de @Sylvie de Tauriac : "les classiques font partie de notre identité... et si les jeunes générations ne lisent plus ces classiques, ils perdront leurs repères".
MC
Merci pour cet article car ces auteurs méritent toute notre attention. Je pense que la littérature a une longue histoire et les classiques font partie de notre identité. Il n'y a pas de frontières entre les siècles et si les jeunes générations ne lisent plus ces classiques, ils perdront leurs repères. @Sylvie de Tauriac
Surtout en ce qui concerne Leroux, les anciens et les afficionados (pourquoi cette étrange majuscule ?) auraient-ils obligatoirement tort ? Il faudra m'expliquer, alors, pourquoi on adapte encore au cinoche tant de ses livres. S'ils sont passés de mode, je veux dire.
PS : Je trouve particulièrement agaçant, dans cette série de rubriques, qu'on pointe à tous les coups un style qui serait prétendument suranné. Votre ambition est-elle de nous conseiller de fuir tous les auteurs qui ont écrit avant l'an 2000 ?