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Le 25 sep 2024

Alice Quinn interviewée par Catarina Viti. 2 électrons libres !

Suspense et humour, polars historiques (n’hésitant pas à inviter Guy de Maupassant dans ses aventures) ou feelgood, elle fait tout avec la même passion et nous embarque dans son univers de romancière. Vous avez dit "Alice Quinn ?"

 

Elle se fait appeler Alice (comme Alice Roy, la jeune enquêtrice de la série des Alice) Quinn (comme la douzaine d’auteurs de la même série cachés derrière le pseudo de Caroline Quine). Et c’est notre Alice Quinn nationale.

Pour moi, Alice a d’abord été la créatrice de Rosie Maldonne (Un palace en Enfer, Rosie se fait la belle), à l’époque, et, aussi, une super « camarade d’école » sur monBestSeller.

Alice fait partie de ces auteurs qui ont pris un jour une décision qui a transformé leur vie… « L’écriture est le cadeau que j’ai décidé un jour de m’offrir en comprenant que la vie serait courte et que le bonheur ne tiendrait qu’à moi. ».

Alice est un peu comme Rosie : spontanée, simple, bagarreuse, désorganisée, championne du Système D, mère de gamins… et de chats.

Et Quinn est un peu comme Quine (12 en une).

Alice Quinn, c’est l’autrice électron libre qui décide de toutes ses mues, et qui se frotte à tous les genres qui l’intéressent, du polar au roman historique.

Alice Quinn est auteur "indé" comme on disait à une époque, mais vous pouvez très bien vous rendre dans votre médiathèque et découvrir, bien mis en valeur dans l’entrée (comme cela m’est arrivé), son titre : La Lettre froissée.

Alice est tout cela : une autrice à succès, une femme qui prend plaisir à ce qu’elle fait, la créatrice d’un univers, la manager d’une vraie petite entreprise, une créatrice débordante d’activité, une écrivaine hybride, une signature indépendante connue jusqu’outre-Atlantique.

Alors, question : y a-t-il une vraie vie en dehors des circuits de l’édition classique ? Peut-on trouver son bonheur sans Galligrasseuil, loin du petit cercle fermé germanopratin ?

Oui, assurément.

 

Question: 

Tu as dit un jour que l’écriture est un cadeau que tu t’es offert. Qu’est-ce que cela te procure au quotidien, en termes de plaisir personnel ?

Réponse: 

Alice Quinn : Tout d’abord un grand merci à Catarina et à monBestSeller, pour cet entretien, qui me permet de faire une pause et une sorte de bilan de mon parcours en tant qu’Alice Quinn, dans cette course permanente qu’est l’écriture indépendante. Pour répondre à cette question, l’écriture est un plaisir devenu tellement addictif que je me demande parfois s’il est toujours plaisir, puisque les jours où je ne m’offre pas ma séance d’écriture je suis en manque, je me sens comme inachevée, et je deviens ronchon. C’est le plaisir du carré de chocolat quotidien dont on ne peut se passer.

 

Question: 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de jongler entre différents genres littéraires ?

Réponse: 

Alice Quinn : La découverte, apprendre, me lancer un nouveau défi, me renouveler, éviter l’ennui, vibrer.

"Au moment où je devrais envoyer le roman à un éditeur, je choisis l’indépendance, la liberté..."

 

Question: 

Quel est le plus grand bonheur que tu retires de ton indépendance en tant qu’auteure autoéditée ?

Réponse: 

Alice Quinn : Ma souveraineté totale. Je suis pourtant en permanence dans le doute, mais mes questionnements se résolvent en général toujours de la même façon : au moment où je devrais envoyer le roman à un éditeur, je choisis l’indépendance, la liberté, l’autonomie, la jubilation de peaufiner le travail jusqu’au bout, y compris suivre les corrections, les créations de couvertures, les identités graphiques quand il s’agit d’une série. Et en plus, le délai avant parution est tellement plus court ! C’est une fierté qui n’a pas de prix de voir son livre broché arrivé par la poste quand on a suivi le bébé de A à Z. Quand j’ai commencé, je ne ressentais que la fièvre de la liberté, et j’ai mis du temps à me rendre compte de la joie que me procurait le fignolage de chaque étape. Ça doit flatter mon côté "perfectionniste" pathologique ! L’autre aspect plus présent quand on est aux commandes de l’ensemble, c’est la proximité avec les lectrices et les chroniqueuses. (Je mets au féminin, car elles sont plus nombreuses que les garçons).

 

Question: 

Y a-t-il un moment précis dans ta carrière où tu t’es dit : "C’est ça, je suis exactement là où je veux être" ?

Réponse: 

Alice Quinn : C’est en 2013, quand j’ai appuyé sur le bouton "publier" pour Un palace en enfer (le premier de la série Rosie Maldonne. C’était une décision qui bousculait plusieurs tabous pour moi puisque j’avais été éditée traditionnellement pendant de nombreuses années [sous un autre nom]. C’est un peu comme partir de chez ses parents en claquant la porte. L’excitation et la crainte en même temps. Mais à partir de ce jour-là, je me suis mise à planer. La cerise sur le gâteau a été à la fin de l’année, le roman était classé numéro 1 des ventes numériques en France toutes plateformes confondues. Et depuis, je vis de mon écriture. Il faut dire que ça a coïncidé avec un tournant dans l’écriture. Écrire de la comédie. Rire devant mon ordinateur. Inventer un univers léger qui me permettrait d’affronter les difficultés de la vie avec le sourire.

 

Question: 

La liberté créative que te procure l’autoédition semble être une clé de ton bonheur. Qu’est-ce que cela t’inspire d’être à la fois autrice et manager de ta propre entreprise ?

Réponse: 

Alice Quinn : Le côté auteur-entrepreneur n’est qu’une extension de l’écriture. Je crois que ça dépend du caractère de chacun. J’aime bien me relever les manches et me coltiner le boulot. D’autres personnes préfèrent se consacrer uniquement à l’écriture et laisser faire la suite aux professionnels de l’édition. Je comprends, c’est reposant. Mais j’avoue que pour moi, une fois le roman fini, j’ai du mal à présent à déléguer ce qui va avec. Ce serait un peu comme faire un bébé et ne pas avoir le droit de lui acheter ses vêtements, d’en choisir la couleur, de choisir les petites chaussures, bref vous voyez le topo. Quand on signe avec un éditeur, on lui donne tous les droits concernant le choix de la couverture ou celui du résumé sur la 4e. Certains sont courtois et vous montrent le travail en cours de développement, certains tiennent même compte de vos remarques [ah ah ah], mais pas tous. La frustration est difficile à vivre pour moi. La question s’est reposée pour la série de cosy mystery que je suis en train d’écrire : Le chat du Rocher [Co-écriture avec Sandra Nelson]. Nous avons beaucoup réfléchi et nous avons décidé de ne pas l’envoyer aux éditeurs. Et chaque sortie est un plaisir renouvelé. Nous en sommes à la quatrième enquête. Un bonheur !

Arrivée au volume 5, Maldonne au Festival de Cannes, Rosie m’a signifié qu’elle voulait voler de ses propres ailes. Je l’ai laissée à son destin et depuis je vis sans elle. Des lectrices m’ont écrit pour me dire qu’elle leur manquait. À moi aussi. C’est la vie  !

Mettre dans ses personnages tout ce qu’on n’est pas

 

Question: 

Ton héroïne Rosie Maldonne, comme toi, est spontanée et débrouillarde. Quelle part de toi-même mets-tu dans tes personnages, et est-ce un plaisir de te retrouver en eux ?

Réponse: 

Alice Quinn : En créant Rosie Maldonne, qui a représenté [je m’en suis rendu compte plus tard] un archétype de personnage, j’ai plutôt eu le sentiment de mettre en elle tout ce que je n’étais pas. Son côté qui ose tout, qui n’a pas froid aux yeux, qui fonce, sa générosité sans limites, je suis beaucoup plus réservée qu’elle ! Et je ne parle pas de son langage plus que familier, de ses expressions populaires, détournées, etc. Elle a été plus un défouloir pour moi qu’un alter ego. En fait, elle est plutôt la Superhéroïne grande gueule à laquelle je me suis identifiée, que quelqu’un qui me ressemblait. Tout ce qui lui appartient et qui me ressemblerait s’est produit de façon inconsciente. Difficile pour moi de le déceler. Arrivée au volume 5, Maldonne au Festival de Cannes, Rosie m’a signifié qu’elle voulait voler de ses propres ailes. Je l’ai laissée à son destin et depuis je vis sans elle. Des lectrices m’ont écrit pour me dire qu’elle leur manquait. À moi aussi. C’est la vie !

Question: 

Tu as pris une décision radicale en te consacrant à l’écriture. Aujourd’hui, qu’est-ce qui continue de te faire vibrer dans cette aventure littéraire ?

Réponse: 

Alice Quinn : Parfois je m’imagine quand je serai très vieille et que j’aurais [peut-être] pris la décision d’arrêter d’écrire. Mais mes journées seront d’un ennui mortel ! Ce qui me fait vibrer dans l’écriture ? C’est une nécessité pour moi. Ça fait partie de ma vie, comme respirer. Indissociable.

 

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Juste un coucou à @Alice Quinn pour lui dire toute mon admiration pour son oeuvre et sa réussite. Un succès mérité... on n'obtient rien sans rien !
Merci aussi à @Catarina Viti pour cette interview qui, en posant de bonnes questions, a généré des réponses très enrichissantes pour nous auteurs modestes écrivants ou écrivaillons.
Ces tribunes, ces interviews, ces articles variés constituent la richesse de cette plateforme unique en France. J'en suis fier, comme je le suppose de très nombreux auteurs de notre communauté.
MC

Publié le 01 Octobre 2024

Un coucou @Alice Quinn, que j'ai croisée lors d'une de ses lointaines escales sur la planète m42B/S de la Galaxie Trӫ-ᶇyὄn (sous mon ancien pseudo d'autrice : Lamish).
Merci pour ce billet enthousiaste, porteur de bonnes nouvelles, et bonne continuation.
Amicalement,
Michèle

Publié le 26 Septembre 2024