Sélection Nouvel Observateur monBestSeller.com de la quinzaine, ce roman met en scène un hyperréalisme psychologique saisissant. Vous vous laisserez entraîner si vous aimez vous glisser dans la peau de personnages attachants et authentiques. Son auteur dévoile (un peu) les secrets de son acuité…
Hier, comment tout a commencé ?
Premier déclic : John Fante et son personnage, Arturo Bandini. 1985, j’avais 23 ans. Je ne suis jamais allé à Los Angeles, mais j’en ressens l’atmosphère comme si j’y avais vécu. Fante écrivait pour s’en sortir, il n’y était nullement prédestiné, mais il ne savait faire que ça. Il racontait ce qu’il voyait, l’univers ouvrier auquel il appartenait, sans message particulier. J’adorais Zola et les romans réalistes, mais là c’était comme si l’Assommoir avait été écrit par Gervaise elle-même.
J’ai commencé à écrire, mais au même âge, Fante avait vécu beaucoup plus de choses, et disposait donc de matériau littéraire. Je partais avec un handicap, ce que je produisais était poussif. C’est quinze ans d’expérience plus tard que j’ai écrit mon premier roman, Chaos Debout. J’espère rattraper le retard, désormais.
Aujourd'hui, où en êtes-vous ?
J’ai un métier qui me prend du temps, mais me laisse aussi beaucoup de liberté. Le jour, j’écris rarement, mais je sors, me fonds dans la foule, travaille dans des cafés.
J’écris de minuit à 3h du matin environ. Les impressions récoltées, de ma vie ou des vies qui me sont racontées, de l’observation des autres, ressortent, triées par le grand lessivage de ma mémoire défaillante, souvent sous des formes inattendues.
Je suis en train d’écrire une suite à La Résolution, l’écriture est plus facile, je pense avoir trouvé un bon rythme. Des moments, des impressions de ma vie ressurgissent spontanément, comme par capillarité, drainés par le fil conducteur de la fiction.
Et demain, quels sont vos rêves ?
Bien sûr, j’ai envie d’être lu par de nombreux lecteurs, mais je suis réaliste et n’attends que d’éphémères et hypothétiques satisfactions. En revanche, le plaisir de lire les premiers commentaires argumentés de lecteurs inconnus est bien réel. Sans doute les meilleurs moments d’une vie d’auteur.
Mes projets se limitent pour l’instant à l’achèvement de mon nouveau roman. C’est mon horizon.
Comment écrivez-vous ?
Avant mon premier roman, je remplissais des cahiers entiers de notes, souvent absconses, parfois délirantes, d’une écriture manuscrite quasiment illisible. Je pouvais passer 48h à écrire, sans dormir, sans sortir de chez moi, me nourrissant de Petit-Brun et de lait.
Happé par le quotidien, mais aussi effrayé par l’état dans lequel me mettait ce processus créatif, un jour je rangeai prudemment ces notes et n’écrivis plus une ligne pendant des années.
Lorsque, plus sûr de mon équilibre, je repris l’écriture avec mesure et méthode, dans l’objectif de produire des romans publiables sans me rendre dingue, mon premier réflexe fut de me jeter avec appétence sur ces notes. Sûr qu’elles constitueraient une matière inépuisable qu’il suffisait d’ordonner, je voyais l’affaire faite en quelques mois. Quelle erreur et quelle galère ! J’ai mis deux ans à essayer d’assembler l’inassemblable et il a fallu passer le texte laborieusement produit à la centrifugeuse pour le débarrasser de ses lourdes et digressives scories. Je me suis alors promis de ne plus jamais prendre une note de ma vie. Tant pis pour les idées perdues, au moins je suis sûr que celles qui ressurgissent spontanément le font pour servir l’action, au moment précis où elle en a besoin.
La résolution. Philippe Mangion. monBestSeller.com.
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