Romans d'été, romans de plage ou comment faire fondre les coeurs d'artichauts

Romans de plages : On a tous en soi un peu de sensiblerie

Romans de plage, romans d’été : les succès

Qu’est-ce que les Romans de plage ?

Les romans de plage, ce sont ces livres qu’on emporte partout : en bateau, en voiture, au café, qui prennent un peu d’eau, de sable, de soleil, et qu’on égare un moment au fond d’un sac de plage ou de courses. Ces lectures des vacances accompagnent les longues heures de farniente et les siestes estivales.
On s’autorise dés Juin à lire « moins sérieux » mais avec, paradoxalement, des exigences : des livres qui doivent mobiliser immédiatement notre attention, qu’on peut lire par bribes et reprendre sans effort, mais suffisamment captivants pour qu’on n’ait pas envie de les lâcher.
Pas trop épais pour ne pas lasser, pas trop légers pour ne pas ennuyer, pas trop vulgaires pour qu’on puisse en parler : un subtil équilibre.
S’il existait une recette miracle, les éditeurs l’appliqueraient chaque été.
Mais justement, le roman de plage se réinvente sans cesse : chaque été, de nouveaux ingrédients, de nouvelles saveurs, et un public exigeant.

Et parfois même, si nous avons un peu honte des titres et des couvertures tapageuses de ces romans : Les jours heureux sont devant nous, la commode aux tiroirs de couleurs, Respire, Et tu entendras le bruit de l’eau ; on ne boude pas son plaisir quand on les termine en fin de journée après une sieste un peu trop longue, et que la canicule pose ses armes, enfin

Romans de plage : les attentes précises des lecteurs… et des succès variés

On pense immédiatement aux best-sellers qui caracolent en tête des ventes : Virginie Grimaldi, Guillaume Musso, Marc Lévy, mais aussi Melissa Da Costa , Carène Ponte, Clarisse Sabard  qui incarnent cette littérature contemporaine feel-good, tendre, optimiste mais qui posent aussi les questions d’aujourd’hui.
Les lecteurs cherchent l’évasion, l’ailleurs, des intrigues qui jouent avec le temps ou l’espace : quêtes personnelles, secrets de famille, voyages intérieurs… On aime que le roman de l’été soit un page-turner, un compagnon fidèle qu’on savoure. Délaissé un moment, on le reprend avec plaisir, en retrouvant à peu près le passage ou on l'avait abandonné.
Les genres sont de plus en plus variés : polar (pensez à Michel Bussi, Niko Tackian, Franck Thilliez), comédie romantique moderne (Sophie Tal Men, Marie Vareille), saga familiale (Muriel Barbery, Laetitia Colombani), mais aussi des romans plus profonds qui appartiennent à la sphère littéraire tout en restant accessibles, comme ceux de Maylis de Kerangal ou Delphine de Vigan.

Romans de plage : les codes marketing toujours bien rodés

Les couvertures sont pensées pour accrocher l'oeil : colorées, illustrées, évocatrices d’un lieu, d’une émotion, d’un parfum d’été. La saison estivale voit fleurir les sorties de livres plus légers, d’auteurs confirmés, des « valeurs sûres » destinées à séduire un large public. Les maisons d’édition visent les gares, aéroports, maisons de la presse, là où se concentrent les achats impulsifs des vacanciers.
Le succès se nourrit du succès : dès mi-juin, être bien placé dans ces points stratégiques assure une visibilité précieuse qui peut faire basculer un livre dans la catégorie des incontournables de l’été.

Un calendrier bien huilé

Les paris de l’été se lancent dès le printemps : après les succès planétaires des Cinquante nuances de Grey ou de la saga de Katherine Pancol, les maisons d’édition misent désormais sur des nouveautés comme Les possibles de Virginie Grimaldi, Vers le soleil de Julien Sandrel ou encore des feel-good à l’anglo-saxonne comme ceux de Beth O'Leary (The Flatshare, The Switch), désormais traduits en français et très prisés des lecteurs francophones.

Stratégies estivales des éditeurs

Les éditeurs adoptent une double stratégie :

Ils ressortent en poche les grands succès de l’année précédente, accessibles et parfaits pour les valises surchargées.
Ils misent sur de gros lancements de ce qu’on appelle les big books : des romans épais, réconfortants, des feel-good qui savent aussi mettre en scène les difficultés de la vie, destinés à devenir les hits de l’été.
Les livres primés sortent en formats légers. Ainsi le Goncourt de l'année dernière "Veiller sur elle" est sorti en poche en Juin, un livre qui, s'il mérite son prix est un petit monument de littérature, pas très plage.

Mais ils n’oublient pas les libraires indépendants : opérations spéciales, rencontres d’auteurs, sélections thématiques… car même à l’heure des ventes de masse, la prescription du libraire reste précieuse.
Et parfois, l’été permet de redonner vie à des romans passés inaperçus au moment de leur sortie mais qui trouvent enfin leur public, dés le mois de Juin.

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