Actualité
Le 04 fév 2015

Billet d’humeur (de mauvaise foi) sur la critique littéraire.

Angelo Rinaldi, académicien, tirera au bazooka sur toute la littérature d’hier et d’aujourd’hui. Robbe-Grillet, icône du Nouveau Roman, à la sortie de "Topologie d'une cité fantôme" est qualifié ainsi : «Une oeuvrette, où perd son souffle quelqu'un qui n'en a jamais eu beaucoup ». Puis c’est au tour de Philip Roth, Philippe Djian («le Henry Miller des salles de baby-foot»), Christine Angot («Bécassine sur le divan») à Michel Houellebecq. Avec, quelques balles perdues pour Aragon, par exemple, ou Marguerite Duras.
La critique littéraire est elle objective ?Angelo Rinaldi, académicien, fut la terreur des Maisons d'édition

L'exercice de la méchanceté intelligente s’est élevé au rang d’art avec lui, nuisant sans doute à sa propre carrière 

Peut on avoir été un grand critique littéraire si l'on n'a pas défendu un certain nombre d'écrivains ?

Plus prosaïquement, dans nos vies de lecteurs et d’auteurs qui se déroulent en accéléré, qu’attend t’on d’un critique littéraire ? Donner envie de lire un livre ! (sans jouer la Bécassine). Or nombre de critiques semblent souvent s'adresser aux éditeurs aux écrivains, aux confrères, en un mot, au « monde littéraire ». Ou pire : à la Postérité.

Prétexte à faire valoir sa culture, certains critiques littéraires offrent des exercices purement narcissiques. Tour à tour drôle, sarcastique, ou trop bienveillant, le critique est finalement peu exposé à la critique elle même. La matière à juger en toute (in)objectivité se transforme en un jeu de flatterie ou de déconstruction déstiné à le valoriser. Une cour pressante (et parfois servile (son tour viendra)) entoure le critique car il est visible, et demandera sans doute à son tour un service. Juge, et arbitre, il arrive qu'il soit écrivain. Plus complexe. Dans ce cas, la méchanceté paie souvent, la bienveillance aussi.

On oublie les critiques, on garde les auteurs.

Kundera  déclarait en substance « ce qui déplaît dans l'oeuvre d'un créateur, c'est toujours précisément ce qu'elle a d'unique, d'inouï ».  Alors, à tous les critiques qui ont vilipendé Proust, Céline, Ionesco, Balzac à leur époque, à tous ceux qui ont jeté l’opprobre sur les "scandaleux" impressionnistes, les forçant à assurer eux-mêmes la promotion de leurs œuvres, il ne faut pas oublier, qu’on oublie les critiques, et qu’on garde les auteurs et les artistes (certains d’entre eux en tout cas).

Il est vrai qu'une critique au vitriol est parfois plus riche et excitante qu'une lecture bienveillante rapide. Un « dezinguage » en règle est motivant, car ce qui repousse le critique est parfois ce qui attire le lecteur. Pour preuve, Houellebecq (qui certes aurait eu sa promotion), est attaqué sur son sujet sulfureux, traité dans « Soumission ». Considéré comme à la fois misogyne et islamophobe, ses détracteurs sont aussi devenus ses agents commerciaux (avec ou sans son assentiment).

La critique littéraire pressurée par l’urgence de l’actualité.

Et ces mêmes livres, qui font la une des colonnes dès l’automne : présentés comme les référents de la littérature, ne sont là en grande partie, que pour manque de temps ! Les auteurs s'en font complices, à sortir comme des coucous suisses leurs livres. Réglés comme du papier à musique. Le souci de l'actualité, l'urgence, est sans doute le plus grand boulet de la critique littéraire. Imaginez un journal promouvoir un livre un an après sa sortie, ou découvrir un ouvrage inconnu dans la collection du Livre de poche. Ringard, le magazine !

Le temps d'évaluer une œuvre plutôt qu'un seul livre (il faut l’admettre, cela arrive avec le Goncourt), le temps de prendre de la distance, le temps de penser... est rare. Dommage.

Christophe Lucius

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Bonjour à tous, un bel article rempli de vérités, et je rejoins @zema birdy, dans le processus de découverte, je ne me fie JAMAIS aux critiques et bien souvent malgré les a priori, ce sont mes proches qui me font découvrir des pépites. Bonne journée à tous.

Publié le 15 Décembre 2017
Je viens de finir de lire "Le royaume" livre que sans doute je n'aurais pas lu si un de mes proches ne me l'avait recommandé. Passé les 150 premières pages pas très engageantes, je me suis régalée. Maintenant je suis allée voir des critiques de lecteurs et un certain nombre pensent comme moi. Moralité en tant que lecteurs je ne lis pas un livre en fonction des critiques ou de sa popularité, mais en fonction de mes gouts et de ceux de mes amis. Je suis rarement déçue
Publié le 08 Février 2015
C'est vrai qu'aujourd'hui, n'importe qui peut se proclamer critique litteraire puisqu'il n'y a aucun prerequis. En fait c'est tellement vrai que les "critiques" les plus celebres aujourd'hui sont les chroniqueurs/euses d'emissions tv ou le mot culture fait presque uniquement reference aux series tv americaines ou aux dernieres videos des derniers chanteurs/chanteuses en date. J'ai bien aime quand Houellebecq, en reponse a Valls qui pensait qu'il ne fallait pas lire son dernier livre, lui avait conseille d'ecrire 2 ou 3 romans avant de parler litterature. Au moins on ne peut pas reprocher a Rinaldi de n'avoir jamais ecrit quoi que ce soit.
Publié le 05 Février 2015
Le petit monde des services rendus est assez exactement décrit :-) Pour certains critiques, dire du bien c'est presque honteux, sauf si c'est utile. Quant à Rinaldi il était capable de flinguer un écrivain, c'est vrai. Mais il était aussi capable de dire du bien de ce qu'il aimait, et au moins, il lisait les livres avant de les descendre - si si, certains se contentent de la 4ème de couv' et d'un rapide coup d’œil: l'important n'est pas de savoir ce qu'on en pense, mais de savoir ce qu'il faut en dire:-)
Publié le 05 Février 2015
@Patrick Il faisait encore plus de mal avant d'acquérir son épée :-) C.lucius
Publié le 05 Février 2015
Il me semble que VGE est academicien... :) Cela dit, mettre sur le meme pied Roth, Djan et Angot, a part pour faire de la provocation gratuite, je ne vois pas tres bien a quoi ca peut servir.
Publié le 04 Février 2015
Attention Patrick, vous vous êtes levé du pied gauche ! Ne jetez pas les jumeaux avec l'eau du baignoire..C. Lucius
Publié le 04 Février 2015