Je désire, par l'intermédiaire de monBestSeller, rendre hommage à quelqu'un qui m'a beaucoup aidé pour construire la trame de mes histoires et j'aimerais vous faire partager mon expérience. Surtout n'allez pas croire que cet article est une pub gratuite pour Yves Lavandier. Il est surtout le reflet de l'immense admiration que j'ai pour son travail.
Un scénario, ça a l'air bête. Tout le monde, à partir d'une idée originale, peut se dire : tiens, voilà une bonne idée de scénario. Mais entre un pitch de cinq lignes et une histoire de cinq cents pages, il y a un gouffre. Et remplir ce gouffre n'est pas une sinécure. Car il faut attraper l'attention du lecteur dès le début, le tenir en haleine jusqu'à la fin en faisant vivre à son héros des aventures qui soient intéressantes et crédibles. Surtout crédibles. Combien de fois est-on sorti d'une séance de cinéma en se disant que le film, magnifique et bourré d'effets spéciaux, avait un scénario qui ne tenait pas debout ? Car la mode est aujourd’hui à l'action, pure et dure, avec une histoire qui passe trop souvent au second plan.
Alors, pour contrer ces flemmards de l'imagination, je veux saluer le magnifique ouvrage d'Yves Lavandier : La Dramaturgie. De mon point de vue, tout scénariste et tout romancier devrait lire ce bouquin. Et ils devraient pouvoir se le faire rembourser par la sécurité sociale. Car ce livre est une œuvre de salubrité publique. Didactique, simple à lire, truffé de références (littéraires, cinématographiques et BD), il éclaire le lecteur sur les bonnes pratiques mais surtout sur les erreurs à ne pas commettre. Et à chaque fois, il illustre son propos par des exemples tirés d’œuvres connues.
Au premier abord, vous devez vous dire que ce doit être rébarbatif à lire. Pour ma part, je l'ai lu comme un roman, en quelques jours, en prenant énormément de plaisir. Un régal !
Si je ne devais donner qu'un exemple pour comprendre les apports de ce livre, ce serait la problématique du Deus Ex Machina. Qu'est ce que c'est ? Dans le théâtre grec antique, lorsque le héros était en mauvaise posture, il y avait toujours un "dieu sorti de la machine" qui sortait de nulle part, attrapait le héros par le col et l’emmenait dans les airs loin du danger mortel. Et ce principe est hélas aujourd'hui utilisé par de nombreux scénaristes et écrivains paresseux. Car ce n'est pas le tout que de mettre son héros dans une situation inextricable. Encore faut-il qu'il arrive à s'en sortir par lui-même, de façon crédible et sans avoir recours au Deus Ex Machina. Vous voulez des exemples ? Le héros va se faire tirer dessus, ouf, le pistolet s'enraye. Le héros tombe dans un ravin, ouf, il se raccroche à une branche providentielle. Comme le souligne Y. Lavandier, allez jeter un œil sur "Tintin en Amérique", vous en trouverez une quinzaine du même acabit.
Bref, Y. Lavandier nous apprend qu'il ne faut compter sur aucun élément externe ou fortuit pour aider son héros à s'en sortir. Il doit être le seul artisan de sa réussite. C'est à lui de construire la stratégie qui lui permettra de s'en sortir. Ce n'est évidemment pas simple à écrire mais quand on y arrive, la satisfaction est immense. Et le plaisir du lecteur aussi.
Tout d'abord, Y. Lavandier va décrire les éléments de bases nécessaires à tout bon scénario. Il va décrire les notions de conflits (tout sentiment ou situation qui va influencer le destin des héros), des protagonistes et de leurs objectifs, des obstacles qui vont se dresser sur leur chemin et enfin la notion de caractérisation (l'art de créer les personnages). En décortiquant le langage de la dramaturgie, l’auteur réussit à en tirer la grammaire et les règles à suivre. Comme dit la pub, la puissance n'est rien sans contrôle. On pourrait dire la même chose de l'art de l'écriture ; le talent ne se suffit pas, il lui faut des outils sur lesquels s'appuyer. Et si vous ne l'avez pas encore compris, ce livre est l'outil idéal pour parfaire votre œuvre.
Tout le long de ce livre, Y. Lavandier s'attache à nous donner les conseils permettant de correctement structurer son histoire. Ce ne sont pas des recettes toutes faites permettant de réaliser un produit sans âme. Non, ce sont un certain nombre de principes de base sur lesquels s'appuyer pour maximiser la qualité de votre histoire. Il aborde les notions d'élément déclencheur, de découpage en actes, de nœuds dramatiques, de conflits, de climaxes, de coup de théâtres, etc. Il s'attarde aussi sur le bon usage du flashback et d'autres techniques narratives.
Voilà. Un livre de 615 pages de pur bonheur. A tous ceux qui veulent tenter l'aventure de la dramaturgie, je n'ai qu'un conseil. Mais je crois que vous l'avez déjà compris.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@jezzabel
Moi qui pensais que mes compliments (sincères et justifiés) étaient encore bien timides rapport au doux vacarme de mon palpitant en vous lisant, je vais suivre votre conseil et inspecter de ce pas mon entresol à bébêtes. En effet, je me disais ces derniers jours que quelques gratouillis bien placés étaient sans doute l'oeuvre de turbulents pous à pubis en mal de fiesta. Mais vous savez ce que c'est, on se néglige, on laisse faire, on se dit que ça va passer, pis non ! Le club des morbaques a de la ressource, du tempérament et du talent à revendre pour emmerder les vioques à l'hygiène volage. En même temps, ne soyons pas faux-culs, qu'est-ce qui nous reste, à nous les antiquités, pour égayer un peu notre service trois pièces. Finalement, se laisser chatouiller les valseuses et le bras de Vénus même par des Phtirius inguinalis, c'est mieux que rien. Et puis dites, c'est noël quand même !
Donc ne vous en déplaise, je persiste et signe : vous avez un grand talent.
Bien à vous
@Pascal HERVE
Merci pour ce partage. Et aussi " Le génie de Dostoïevski, c’est de transformer des êtres pathétiques, minables, en personnages inoubliables". Pas si simple. Amicalement.
@jezzabel
"le Zultabix est déjà en train de me grimper dans la guêpière par la face nord". Rien qu'en vous lisant (et riant aux éclats sous l'oeil ébaubi de mon chat Maurice), j'ai mes 62 piges divisées par deux. C'est vous dire à quel point, chère adorée impertinente, je vous suis reconnaissant, mon mal de dos, ma sciatique et tout le saint-frusquin étant désormais relégués au rang des souvenirs. A compter de cette seconde, je vous déclare" d'utilité publique" et infirmière de nos âmes. Que ceux qui vous attaquent, vous matraquent et cherchent, en vain, à vous « éparpiller façon puzzle » aient (c'est un minimum) la bonne et lumineuse idée de pratiquer le mea - culpa. Oui, je sais, on peut toujours rêver...
Bonjour,
L'ouvrage semble intéressant et utile. Pour ceux qui veulent se le procurer, évitez les "grands noms" qui proposent des exemplaires en occasion à 75€ et plus. Allez directement sur le site de l'éditeur (clown-enfant.com) où la 6eme édition est à 36€.