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Du 17 mai 2017
au 14 mai 2017

Les échanges entre auteurs : un lien fragile, aventureux, souvent vertueux

Tout a démarré avec un commentaire. Comment deux auteurs, éloignés, différents, commencent à se disputer pour une critique mal formulée ou mal interprétée. Céline Vay et Michel Canal rendent compte de leurs échanges et de leurs partages, de leurs disputes, et de leur réconciliation. L'important, ce n'est pas nécessairement d'être d'accord, c'est de chercher à comprendre l'autre. La littérature et l'écrit y contribuent.
Comprendre l'autre par l'écritureComprendre l'autre par l'écriture

Il y avait eu l'écriture à quatre mains entre lamish et BOSSY : "Lounis et Nour", échanges concertés de correspondances sous forme de mails entre deux auteurs qui ne s'étaient jamais vus, s'étaient seulement lus et appréciés mutuellement, avaient entamé une correspondance amicale d'échanges d'opinions, jusqu'au jour où l'idée germa d'écrire un livre à quatre mains. Une réussite, plébiscitée par la communauté monBestSeller.

Extrait du commentaire de Michel Canal : "… Dut-elle votre modestie en souffrir, vous m'avez bluffé par votre sincérité, votre complicité, la sensibilité de vos échanges touchant au plus intime. En prime, vous m'avez séduit par une écriture agréable… "

Entre Céline Vay et Michel Canal, rien de concerté

Entre Céline et Michel, rien de concerté. Un point de départ surprenant : le commentaire / notation du roman de Céline : "J'ai loupé le coche : p'tit joueur et sa suite" vécu comme un jugement de sa personne et non de son écrit par l'auteure, laquelle en a éprouvé une colère comme rarement ressentie envers Michel, qu'elle envoya in petto aux confins de l'Arctique, parce que" l'enfer ce n'était pas possible et qu'au moins là-bas il y avait des ours à sauver du réchauffement climatique". Elle a de prime abord considéré que Michel était sexiste et misogyne, pour finalement le reconnaître humain, respectueux de la femme, le laver de tout soupçon, admettre ce que les lectures et les échanges lui ont apporté.

Extrait - 9 février : " Wouah @VAY Céline, difficile de se remettre de ce long voyage "au bout de l'enfer"... j'en suis encore tourmenté. Que je n'aimerais pas me trouver dans la peau de Gaby, ni partager un seul jour de sa vie… "

Extrait - 9 février :  " Wouah @Michel CANAL, je vous remercie et d'avoir pris la peine d'accomplir ce long voyage "au bout de l'enfer" et d'avoir pris le temps de le commenter et de le noter (gentiment)… Tourmenté ? J'espère bien… "

Extrait - 10 février : " Amicalement, @VAY Céline, vous m'obligez à faire le constat qu'il est difficile, voire impossible de pouvoir échanger avec vous. Vous extrapolez mes propos, mes citations, vous me prêtez des pensées que je n'ai pas et que je n'ai pas formulées. Vous dites que j'ai tronqué vos phrases, que j'ai l'esprit réducteur... j'avoue ne pas comprendre. Dommage !… "

Extrait - 11 février : " Cher @Michel CANAL, merci pour vos derniers mots, ce joli petit moment où vous réagissez comme ce que vous êtes, un être humain, avec ses emportements, ses "coups de gueule", ses joies, ses passions, sa capacité à entendre ce qui fait d'autrui le même être humain que vous. "

Extrait - 12 février : " … J'ai été des plus ravies de ce superbe échange, il a un peu forcé ma personnalité, plus douce. Etre une mégère fut un moment délicieux, je dirais même divin, je m'en excuse avec une grande sincérité, mais je ne le regrette pas, il m'a permis d'apprendre à écouter différemment… "

Extrait - 13 février : " … Nous avons parfaitement illustré une bonne confrontation d'idées, emmenant progressivement des points de vue différents (parfois même antagonistes) à se faire admettre, comprendre par l'autre. N'est-ce pas tout simplement ce que font les négociateurs à longueur de journée ? Quel enrichissement par la seule volonté patiente d'apporter la compréhension réciproque ! Le pire aurait été, par des suppositions, des insinuations, des incompréhensions, de tomber dans un langage de sourds et d'en rester là... pour finir peut-être par se fâcher… "

Et ce qui aurait pu n'être qu'un malentendu regrettable a donné lieu à une longue série d'échanges constructifs, suffisamment déterminants pour être proposés en exemples, en références, à la communauté des auteurs monBestSeller.

Une analyse sans complaisance des écrits de Michel

Lorsque la confrontation initiale a évolué vers l'apaisement et la compréhension pour clore le débat sur le personnage de Gaby, Céline a entrepris la lecture des écrits de Michel pour analyser celui de Claire, dans un genre littéraire différent : " L'éveil de Claire - ou l'émancipation d'une jeune femme trop sage " et la suite, son " Journal intime ".

Commentaire - 14 février : " Bonjour @Michel CANAL, belle fluidité de style, elle saute aux yeux dès les premières lignes. Je vais poursuivre avec plaisir. "

Sans complaisance est le maître-mot qualifiant l'esprit avec lequel Céline a analysé et disséqué les écrits de Michel jusqu'aux sentences de ses commentaires / notations. Elle a été redoutable, pugnace, à l'affût de tout ce qui pouvait donner lieu à critique, l'a poussé dans ses retranchements.

Extrait Message sur Facebook — 3 MARS 19:24
" Bonsoir Michel, je ne vous dis pas que je serai forcément de votre avis sur la notion d’émancipation, mais je pense que c'est bien de l'évoquer en tout cas, que votre point de vue mérite d'être entendu et doit être entendu surtout. J'aime bien cette vision masculine, un garant de l'ordre des choses… "

Extrait - 5 mars : @Michel CANAL, " … Cela a rompu le charme de votre plume que je trouvais assez subtile, une sorte de carte du tendre, très discours de séduction femme-homme légèrement surannée, ce qui me plaisait car j'y vois surtout un discours amoureux : une femme qui s'initie à être la plus parfaite des amantes pour l'homme à aimer. Un personnage très en don de soi. (…) Je poursuis ma lecture Michel, que j'arrêterai immédiatement si Rocco pointe à nouveau le bout de son nez ! Car elle est jolie votre histoire Michel, cette découverte de l'autre, où l'exploration de son intimité permet peu à peu de découvrir une affinité d'âme. Elle n'a pas besoin d'autre chose, juste de ces phrases amoureuses… "

Quand on dit sans complaisance, voilà ce qu'en a pensé BOSSY lorsqu'en observateur avisé, il a commenté le feuilleton de leurs échanges :
" … On constate qu'un dialogue se noue (…) sur les différents aspects du texte décortiqué de cent manières afin d'en extraire tout le jus. La lectrice n'a pas peur de présenter son opinion sous forme d'énigmes qui inquiètent l'auteur, l'obligeant à fournir des précisions et des explications qui touchent à l'intime, que l'on répugne plutôt à trop mettre en lumière. En d'autres termes, la lectrice accule l'auteur dans tous les recoins où il préfère se cacher (…) Et cela double la richesse d'un texte qui, autrement, n'aurait pas tout dit… "

Des échanges enrichissants sur les thèmes de la parité et de l'évolution de l'émancipation de la femme

La parité (hommes / femmes) est pour Céline une préoccupation majeure. L'évolution de l'émancipation de la femme évoquée dans les écrits de Michel lui a donné l'idée de l'interviewer pour sa chronique en préparation sur le sujet. Parallèlement à l'analyse critique des personnages évoqués par Michel sur les pages de ses écrits, une nouvelle série d'échanges s'est poursuivie en aparté sur Facebook quand le contenu a concerné l'intime, puis sur les messageries lorsque le texte nécessitait un support acceptant de longs développements.

Extrait : Message sur Facebook — 12 MARS 11:49
" Un livre sur la parité ? Magnifique ! Je préparerai ma liste de questions et vous l'enverrai sur votre messagerie. Vous me direz ce à quoi vous ne voulez pas répondre. J'essaie de doser entre l'érotisme et la parité aujourd'hui, sous forme d'histoire, mais je crains d'être à contre-courant… "

Extrait : Message sur Facebook — 13 MARS 22:27
" Puis-je commencer par les questions ci-après :
Pourquoi avez-vous décidé de livrer aux regards un souvenir de vie vous semble trop direct ? Préférez-vous occulter qu'il puisse s'agir d'un souvenir de vie ?
La trame est de vous amener à préciser votre idée de l'émancipation féminine pour la "confronter" au journal de Claire.
Y a-t-il eu évolution après sa rencontre dans votre perception du statut féminin ? Etes-vous un humaniste ?
Bonne soirée à vous, Michel, tout cela peut vous sembler confus, mais j'ai un esprit très pragmatique toujours prompt à s'égarer. Et s'il n'y a aucun lien entre mes questions, j'en créerai un sans aucun souci… "

Message sur Facebook — 26 MARS 18:07
" Céline, j'ai répondu aux questions de l’interview, dont la trame était de m'amener à préciser mon idée de l'émancipation féminine pour la confronter au Journal de Claire. Mais comme elle fait 14 pages, je ne peux l'envoyer qu'à une adresse e-mail (de la lecture instructive en perspective). "

Extrait : Message de Céline VAY —  31 mars 2017 à 18:00
" … Je t'envoie un premier jet de la chronique, absolument pas sérieuse dans son introduction. C'est ô combien volontaire, j'enchaînerai ensuite avec l'interview que tu m'as transmise, beaucoup plus profonde. (…) Je voudrais mettre en exergue que nous les femmes nous sommes quand même les premières à véhiculer des clichés, on s'en amuse et je trouve inique qu'on prétende nous priver de nos jeux.
Bonne soirée à toi. Bises "

Extrait : Message de Céline VAY —  3 avr. 2017 à 10:36
"… Voilà "Vibrations, chronique de livres, présentation de mes écrits certes, mais des livres que je lis également" : https://vibrationschroniquedelivreswordpresscom.wordpress.com/
… "

Des échanges qui ont suscité la curiosité

A notre grande surprise, la teneur de nos dialogues épistolaires et leur fréquence quasi quotidienne ont attiré l'attention des lecteurs (probablement plutôt des lectrices intéressées par l'émancipation et le Journal intime de Claire) pour qui chaque nouveau post était attendu comme l'épisode d'un feuilleton. Hélas pour eux (et pour elles), durant un long intermède de plusieurs semaines, nous avons communiqué en aparté. 

Extrait de lectrice - 11 avril : @Michel CANAL,
" Et bien, auteur cher à mon cœur, j'ai bien fait de revenir en curieuse sur le Journal intime de Claire qui habite mes pensées depuis sa publication.
Vous avez fait un sacré travail d'analyse et d'échanges avec @Céline VAY. Je me demandais pourquoi vous n'échangiez plus depuis exactement un mois ; j'ai la réponse.
Je suis allée voir sa chronique sur la femme, chronique à laquelle vous avez participé. Elle m'a permis de mieux comprendre votre aventure formidable avec Claire à travers vos confidences à Céline. J'ai beaucoup apprécié tout ce développement de Céline sur la parité et l'émancipation. "
Pour en revenir à son commentaire, Céline a décrit divinement bien ce qu'une femme peut ressentir à la lecture du Journal de Claire. Elle a fait mieux que moi. J'imagine que vous avez dû vous faire plaisir à communiquer comme vous l'avez fait… "

Extrait d'auteur - 25 avril : " @Michel CANAL @VAY Céline, … nous assistons, ici, à un bel exemple trop rare d'échanges de commentaires entre la lectrice et l'auteur qui vont bien au-delà de remarques impersonnelles sur une lecture approximative. On constate qu'un dialogue se noue (…) sur les différents aspects du texte décortiqué de cent manières afin d'en extraire tout le jus. La lectrice n'a pas peur de présenter son opinion sous forme d'énigmes qui inquiètent l'auteur, l'obligeant à fournir des précisions et des explications qui touchent à l'intime, que l'on répugne plutôt à trop mettre en lumière. En d'autres termes, la lectrice accule l'auteur dans tous les recoins où il préfère se cacher, et d'autant plus lorsque le sujet traite de l'érotisme naturel qui s'installe progressivement entre un homme et une femme de bonne volonté qui n'approchent cette matière qu'avec précaution. (…) Une sentence de l'un provoque une interrogation de l'autre qui nécessite une réponse éclairante. C'est ainsi que, peu à peu, le commentaire permet de pénétrer dans les profondeurs que l'auteur n'avait pas initialement soupçonnées. (…) Et cela double la richesse d'un texte qui, autrement, n'aurait pas tout dit. C'est la démonstration d'une connivence entre lecteur et auteur qui aboutit à une sublimation de la narration… "

C'est pour témoigner de ce que le partage et la solidarité entre auteurs peuvent apporter qu'est née l'idée de publier (uniquement sur monBestSeller) la rétrospective de nos échanges dans leur quasi intégralité.

Simultanément à cette tribune d'extraits, nous la publions donc intégralement sous le titre "Le cercle vertueux du partage entre auteurs" : ici par Michel Canal et ici par Céline Vay.

Puisse notre coopération fructueuse être utile à la communauté des auteurs et lecteurs de mBS. 

Céline VAY et Michel CANAL

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14 CommentairesAjouter un commentaire

@VAY Céline, tu as toujours l'art de savoir aller au fond des choses, Céline, mais tu présentes là un schéma idéal. Bien sûr que l'autre peut avoir des défaillances dans sa communication pour des causes diverses entraînant des maladresses. C'est d'ailleurs ce qui se passe quand un échange commence sur un malentendu. @Ivan Zimmermann est passé par là, tout comme toi (comme nous).
Le doute n'entre pas forcément en ligne de compte. Cela reviendrait à dire que l'on n'est pas sûr du propos que l'on avance. Mais s'il est caustique, polémique, on peut anticiper la réaction de l'autre.
Même si tu as choisi un terme juridique pour qualifier un écrit comme un contrat, version maximaliste, oui un écrit engage son auteur, sans pour autant créer une réciprocité chez l'autre, hormis épidermique.
Ceux qui auront la curiosité de lire nos échanges y trouveront une progression dans la compréhension de l'autre, dont le moteur a été l'honnêteté intellectuelle de reconnaître ses maladresses ou ses erreurs envers l'autre. Merci de ton apport, Céline. Tu vas toujours au fond des choses.

Publié le 30 Mai 2017

@cats008, je suis confus de tant d'attention à mon égard. J'essaie simplement de faire bien ce pourquoi je m'investis. Apparemment vous faites mention à ce que j'ai organisé par le passé (les marches découvertes du dimanche, souvent complétées d'une publication relatant l'historique du site, l'intérêt architectural...) et aux rencontres vigneronnes qui connaissent un grand succès. Mais admiré et adulé, n'en faites-vous pas trop ? Être apprécié me suffit amplement.
Je voudrais simplement retenir de votre commentaire que vous avez trouvé intéressants nos échanges avec Céline et la complicité qui ne vous a pas échappée. C'est pourquoi cette tribune est un signal envoyé aux autres auteurs publiés sur cette formidable "pépinière" qu'est monBestSeller, et la rétrospective de nos échanges un "manuel" de savoir communiquer pour apprendre à comprendre l'autre.
Comme vous l'avez remarqué @VAY Céline a eu à cœur de dépasser le virtuel pour découvrir mon réel, ma personnalité vraie, ce qui a sous-tendu mon rôle auprès de Claire. Cela lui a permis de clarifier mon ressenti à son égard d'abord en tant qu'auteure après une première opinion faussée, en tant que femme ensuite, trouvant dans mes écrits une approche intéressante de l'évolution de l'émancipation de la femme, sujet qui lui tient à cœur.
Permettez-moi de vous dire à toutes les deux pour conclure combien j'ai apprécié votre finesse d'analyse et la pertinence (un terme récurrent pour moi) de vos propos. Merci.

Publié le 29 Mai 2017

@Michel CANAL et @VAY Céline, félicitations à vous deux pour avoir fait évoluer ce petit malentendu initial vers cette complicité qui vous habite aujourd'hui. J'ai trouvé vos échanges intéressants à suivre, me demandant même parfois s'il n'y avait pas plus "in petto" entre vous, inconsciemment. Mais j'ai la chance de bien connaître Michel, admiré et adulé dans ses activités associatives où il fait merveille, et je comprends que Céline ait été aussi sous son charme pour sa personnalité. C'est un trait de son caractère, il avait séduit Claire, nous l'apprécions toutes. Avec toute ma sympathie à vous deux. C...

Publié le 27 Mai 2017

@Elen Brig Koridwen,
J'avais bien compris, Elen. Amitiés. Michel

Publié le 24 Mai 2017

@Michel CANAL
"Jalouse" était une plaisanterie, mais en revanche, il est exact que j'ai une conception idéalisée de la communication auteur-lecteur.
Amitiés,
Elen

Publié le 23 Mai 2017

@Elen Brig Koridwen,
Merci infiniment Elen pour votre commentaire très pertinent. C'est bien parce que je l'ai considéré comme un "cas d'école" que j'ai convaincu Céline de publier la quasi totalité de nos échanges.
Oui, Céline m'a amené au bout de moi-même. Elle a dépassé les remarques sur mes écrits pour en comprendre le pourquoi. Elle a soulevé — avec pugnacité et sans complaisance — les points névralgiques : l'analyse de mes motivations d'acteur avant d'être auteur, et leur mise en perspective avec le panorama plus vaste qui était pour elle (adepte de la parité) celui des préoccupations humaines. J'ai accepté de m'allonger sur le divan, de répondre à son interrogatoire en règle... il en est sorti la chronique qu'elle avait en préparation sur la parité et l'évolution de l'émancipation de la femme. Un document très complet que toutes les femmes devraient lire.
Et ce qui est encore plus formidable, Elen, c'est que nous continuons de communiquer en toute amitié complice, mettant en pratique la notion de solidarité qu'évoque le partage entre auteurs.
Une magnifique expérience. Ne soyez pas jalouse Elen, nous l'avons rendue publique pour la partager. Quant à vos écrits (dont je suis un fidèle lecteur), ils ont tellement de succès et de commentaires élogieux que l'auteure adulée que vous êtes devrait pouvoir y trouver la plus grande satisfaction.
C'est toujours un plaisir de vous lire et une occasion de vous redire toute mon amitié. Michel

Publié le 23 Mai 2017

@VAY Céline @Michel CANAL
Formidable ! Bravo à vous deux. Voilà exactement le genre d'échanges dont j'ai rêvé toute ma vie en tant que lectrice, sans jamais réussir à le vivre pleinement (même avec mon auteur de père, trop pudique) ; et auquel j'aspire tout aussi vainement en tant qu'auteur. Il m'arrive de me dire que je n'écris guère que dans ce but jamais assouvi : c'est la vieille histoire de la bouteille à la mer. Toute ce que l'on peut espérer d'un lecteur de nos jours, dirait-on, c'est un commentaire qui ne va jamais au fond des choses, n'amène jamais l'auteur au bout de lui-même, ne soulève jamais les points névralgiques – je ne parle pas forcément de critique au sens négatif, mais de critique au sens professionnel : l'analyse des motivations d'un auteur, de sa manière de faire, et leur mise en perspective avec un panorama plus vaste, celui des préoccupations humaines (l'émancipation de la femme, dans le cas qui vous concerne). Vous, vous avez réussi et même transfiguré la prise de contact. Une telle qualité de communication se raréfie en notre époque de course incessante, de stress, de multiples sollicitations. Personne n'a plus guère de temps pour les autres ; le zapping, la superficialité des relations, deviennent difficiles à éviter. Vraiment, je suis jalouse ! Encore bravo.
Amitiés
Elen

Publié le 23 Mai 2017

@guy fontenasse,
Vous dites, Guy : "Les échanges sur l'écrit, sur son propre travail quoiqu'il en soit font de nous des écorchés vifs." Je ne peux pas vous laisser dire cela. Ça relève je pense de l'exception, seulement de l'exception.
Dans mon développement, j'écarte d'emblée l'hypothèse d'un commentaire intentionnellement malveillant comme on a pu en voir parfois, pour ne retenir que celle d'un lecteur courageux qui fait l'effort de donner un avis, quel qu'il soit. L'écrit lui a plu, il le dit. L'écrit ne lui a pas plu, il le dit aussi, si possible en étant explicite.
En règle générale, un auteur commenté préfère un avis élogieux, à défaut compréhensif ou neutre, de préférence détaillé et pertinent.
Plaçons-nous dans la peau d'un lecteur "lambda" (seulement lecteur, libre de rentrer ou non dans un écrit, d'en sortir quand il le souhaite, de le rentrer ou pas dans sa bibliothèque). Pourquoi, s'il n'a pas apprécié, se fendrait-il d'un commentaire qui lui demande un effort pour exprimer ce qui déplaira à l'auteur, au risque comme vous le dites si bien, de provoquer une réaction épidermique ?
Plaçons-nous maintenant dans la peau d'un bêta-lecteur (lequel peut être un autre auteur qui agit en partage, animé du désir d'aider son confrère ou sa consoeur). Dans ce cas, l'avis du lecteur exprimé sans complaisance sera a priori perçu comme salutaire, comme un conseil, comme un signalement de corrections. Je ne pense pas que dans ce cas la réaction de l'auteur soit celle d'un écorché vif.
J'apporterai une dernière précision, fondée sur mon expérience de dirigeant et donc de négociateur : on peut dire beaucoup de choses, à condition de bien les exprimer pour les faire accepter. En bref, il faut savoir convaincre pour ne pas se risquer à un refus ou à une situation conflictuelle.
Vous avez certainement compris, Guy, que si Céline a passé le cap de la réaction épidermique, c'est que nous sommes tous les deux auteurs et que nos échanges devaient déboucher sur la compréhension mutuelle. Un langage de sourds aurait rapidement mis fin à la volonté de dialoguer.
J'espère vous avoir fait partager mon point de vue, mais quoiqu'il en soit, Guy, je vous remercie d'avoir exprimé le vôtre. Cordialement. MC

Publié le 18 Mai 2017

Ces échanges à la fois publics et dits dans une semi-intimité sont particuliers. Ils sont à la fois très spontanés et exige une maitrise de l'émotion. Les échanges sur l'écrit, sur son propre travail quoiqu'il en soit font de nous des écorchés vifs.

Publié le 18 Mai 2017

@lamish,
Non Michèle, je me dépêche de rectifier : cette rencontre entre auteurs, nous n'aurions pas eu l'opportunité de la vivre égoïstement (ou non) hors mBS, et donc de la partager avec la communauté.
C'est précisément grâce à mBS (et à toi qui nous a mis en contact) qu'elle a pu se faire. Alors, merci à toi et à mBS. Vaut mieux le répéter que d'oublier de le dire. Et si en plus elle t'a mis du baume au coeur... nous sommes doublement satisfaits, Céline et moi.
Je t'embrasse. Michel

Publié le 18 Mai 2017

@Vay Céline,
Comme c'est drôle, Céline, nos commentaires ont été écrits dans le même temps et se sont croisés. Alors tu imagines avec quelle curiosité j'ai lu ta réponse à @Élizabeth M.AÎNÉ-DUROC. Tu me surprendras toujours par tes analyses pertinentes. J'en conclus que j'ai besoin de cette complémentarité pour mieux comprendre (oui, je ne suis qu'un homme... j'ai retenu la leçon !). Oui, je t'ai regardé tempêter, faire ton numéro de mégère, j'ai souri de tes répliques d'écorchée vive, j'avais le beau rôle (là, c'est mon avantage d'être un homme). Finalement, ce n'était pas si mal que ça ? Je t'embrasse.

Publié le 17 Mai 2017

Ah @Élizabeth M.AÎNÉ-DUROC, que vous me faites plaisir avec les paroles sincères de votre compliment ému. Je vais vous faire une confidence : je le suis aussi (ému) chaque fois que je relis nos échanges (je suis un sentimental). Un peu comme si je voulais me persuader que c'est bien nous qui avons tissé les liens de cette amitié complice, surtout durant la période où nous avons communiqué sur Facebook avec l'impression de le faire dans la clandestinité, à des heures parfois improbables en fonction des circonstances (disponibilité, réseau Wi-Fi en vacances à la montagne...), puis sur nos messageries personnelles avec des textes parfois très longs. Cette séquence en aparté a été vraiment enrichissante lorsque Céline m'a mis à contribution avec son interview (un interrogatoire en règle) pour sa chronique. Oh ! Je m'y suis prêté de bon coeur, ravi de confier mes secrets enfouis. Et tout cela a naturellement donné lieu à un partage solidaire. Nous avons bien ri lorsque nous nous sommes rendu compte, ayant repris nos échanges de commentaires sur mBS, que notre "feuilleton" avait ses lecteurs, des lecteurs hélas privés de nos potins quand nous avons communiqué en aparté. Ils peuvent désormais s'en donner à coeur joie. Nous n'avons plus de secrets. Ce qui est merveilleux, c'est que notre solidarité d'auteurs se poursuit puisque contrairement à moi qui n'ai été qu'un auteur de circonstance, Céline est une écrivaine. Comme elle doit livrer un roman avant une date butoir, je lui apporte mon aide de bêta-lecteur-correcteur. Ainsi va la vie sur monBestSeller ! Amitiés, Elizabeth. Votre commentaire m'a réchauffé le coeur. C'est toujours un plaisir de vous lire. Un plaisir que je souhaite partager avec @VAY Céline.

Publié le 17 Mai 2017

Je suis absolument "bluffée", -si vous me passez le terme-, par la qualité de cet échange qui vient de nous être livré. Je ne plaisante pas, Michel CANAL, Céline VAY, vous m'avez profondément émue, votre démarche m'a tiré les larmes aux yeux. Comme je comprends que des personnes se soient passionnées pour vos échanges ! Comme il est beau de voir qu'une soif de remise en question, une base d'honnêteté, beaucoup de courage et un amour du dialogue aient pu conduire deux auteurs comme vous, -depuis les confins de l'arctique (que j'ai ri !) et au-delà-, à l'écoute, puis à la conciliation, au respect, puis à l'amitié et au partage. On lit vos échanges qui fusent puis qui coulent comme on boirait du nectar, d'abord épris d'une vive tension, puis heureux de glisser sur un apaisement sincère, qui n'a rien de la simple poignée de main, mais rend compte de votre réelle transformation en tant que personnes.
Je remercie les équipes de mBS pour vous avoir donné l'opportunité de nous raconter tout cela, et je n'en saluerais jamais assez l'idée, de mon point de vue, tant cette expérience est enrichissante, correspondant à la vocation du site mais surtout, nous livrant l'exemple d'une belle aventure, pleine d'espoir. Quelque chose que j'envie ;-) !
Prenez soin de vous, chers amis, Michel et Céline, je ne saurais vous dire mieux, et je souhaite une longue et belle vie à votre amitié et à vos collaborations.
Merci pour tout et mille bravos.
Un petit P.S. pour vous @Ivan Zimmermann : que j'apprécie votre humour, cher ami ! Je vous l'ai déjà dit, mais alors, ça ne loupe pas. Bravo !
Élizabeth.

Publié le 17 Mai 2017

@monBestSeller,
Merci à l'équipe monBestSeller pour le graphisme de présentation et pour la publication de cette tribune, qui devrait intéresser nos collègues auteurs mais qui semble aussi attirer la curiosité des lecteurs, comme en témoignent le nombre de consultations sur ma page et sur celle de Céline... et les échanges que notre rétrospective a déjà suscités.
Naturellement, nous répondrons avec le plus grand plaisir à toutes vos sollicitations et à tous vos commentaires objectifs.
Bonne lecture ! Avec toute ma sympathie à celles et à ceux qui nourrissent l'esprit partage solidaire de la communauté mBS.

Publié le 17 Mai 2017