L’homme qui marche sur la lune fut une extraordinaire révélation : Une extension à son satellite de notre royaume la Terre !
Le paquebot « France », l’avion commercial supersonique « Concorde » nous paraissaient les conséquences logiques du développement prévisible du génie humain. C’était aussi le temps de la libération des Peuples et de la décolonisation, souvent très douloureuse, qui ressemblait à un progrès, mais nous laissait dubitatifs sur la « grandeur » de notre pays que De Gaulle avait posée en principe immuable. Les hommes, un peu partout, se battaient contre des tyrannies diverses et nous inspiraient une admiration franche, mais inquiète.
Dans ce charivari, j’accomplissais mon chemin d’étudiant à Paris, semé de troubles et d’embûches, découvrant dans le même temps le beau et le laid, le juste et le faux de la vie, secoué d’opinions contraires et d’interrogations entre les maîtres de la Science et ceux de la Philosophie.
Dans le tohu-bohu de ces années de doutes, de bonheurs et de drames, dans ces mouvements d’agitation perpétuelle, la jeunesse se cherchait des guides pour conforter ses espoirs.
Albert CAMUS fut de ceux-là, venu de ce pays mal connu qui a suscité tant de disputes et de combats acharnés, auxquels on nous destinait.
Ce fils d’une mère qui ne savait pas lire et d’un père mort à la guerre, extrait de sa gangue par un professeur des écoles talentueux découvreur de talents, parvint au Prix Nobel, pour nous récompense suprême et indiscutable, avec une aisance feinte, que nous jugions amplement méritée sans trop comprendre exactement pourquoi.
Le hasard voulut qu’à la même époque, nous parvînt d’une Espagne ensanglantée par la Guerre Civile, une actrice bouleversante qui nous glaçait le sang par ses déclamations de Phèdre ou de Médée.
A cette même époque, naissait le. T.N.P de Jean Vilar où, pour quelques sous de notre richesse estudiantine, nous pouvions écouter, certes de loin et de haut, nos idoles d’alors comme Gérard Philipe dans « Le Prince de Hambourg ». Je découvrais l’envoûtement et l’hypnose que procure le Théâtre. En plein ciel de gloire, Albert CAMUS et Maria CASARES se rencontrèrent, comme par miracle, ce miracle incompréhensible qui permet à deux êtres humains de se reconnaître pour fusionner. Le miracle du Théâtre, pour l’un auteur, pour l’autre comme interprète et passeur de cet art. Ce couple discret (Camus était marié), mais néanmoins resplendissant, resta pour moi le mythe enchanteur et enjôleur de l’amour imprévu autant que nécessaire.
Je n’ai jamais réussi, depuis, à dissocier ce grand ami et confident de René CHAR, mon modèle en poésie moderne, de cette femme en flammes qui traversait la scène en hurlant son amour ou son désespoir, selon les nécessités de l’Acte.
Le destin a voulu séparer ces deux êtres d’un coup de hache, lorsque la voiture que conduisait son Editeur écrasa Albert Camus contre un arbre planté au bord de la route.
L’ironie qui préside au déroulement de toute condition humaine, voulut que, ce jour-là précisément, Camus eût en poche le manuscrit du « Premier Homme », sommet pour moi de sa carrière littéraire, en ce que ce livre contient d’humanité humble, mais conquérante.
On a revu plusieurs fois aux émissions de Bernard Pivot, incontournable accoucheur d’œuvres de premier plan et de succès de librairies, cette femme modeste, à la vie débordante d’activités théâtrales et d’amours tumultueuses, venir nous expliquer calmement la violence qui peut incendier l’amour entre un homme et une femme d’exception, autant que la douceur inexprimable capable de couvrir d’un manteau protecteur les blessures du temps.
Maria Casarès fut la femme Première d’un Premier Homme, tous deux unis dans la légende et dans la mémoire du soir de ma vie.
Pour découvrir ce mythe moderne succédant à ceux habituellement cités d’Orphée, de Tristan et Yseult, De Romeo et Juliette, lisez la correspondance échangée entre Casarès et Camus, dont la fille vient de permettre la divulgation de cette merveille qui ennoblit le genre humain, au milieu des aberrations et des turpitudes dans les rapports entre sexes qui stigmatisent nos temps modernes.
Gérard BOSSY
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Mon cher @BOSSY, si «On ne peut pas prétendre déguster l’œuvre d’Albert CAMUS en une seule bouchée», moi, après avoir suivi ton conseil, c’est la bouche pleine que je viens te commenter ;). Au début de « Noces » (suivi de « L’été »), arrivé à Tapisa, Albert Camus descend du bus, nous prête son regard, nous téléporte littéralement là-bas, à ses côtés. Ses mots subliment l’émotion, décuplent les sens dont il saisit et immortalise toutes les subtilités. C’est beau, c’est dense, c’est lourd d’observations, de réflexions et d’expériences. A Tapisa, c’est un cœur qui vient se restaurer, se soumettre à la grandeur de la nature, avec humilité. «Ici, je laisse à d’autres l’ordre et la mesure. C’est le grand libertinage de la nature et de la mer qui m’accapare tout entier.» - «Comme ces hommes que la science ramène à Dieu, beaucoup d’années ont ramené les ruines à la maison de leur mère. Aujourd’hui enfin leur passé les quitte, et rien ne les distrait de cette force profonde qui les ramène au centre des choses qui tombent.» - «…j’ouvre les yeux, et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n’est pas si facile de découvrir ce qu’on est, de retrouver sa mesure profonde.» - «Devant l’énormité de la partie engagée, qu’on n’oublie pas en tout cas la force de caractère. Je ne parle pas de celle qui s’accompagne sur les estrades électorales de froncements de sourcils et de menaces. Mais de celle qui résiste à tous les vents de la mer par la vertu de la blancheur et de la sève. C’est elle qui, dans l’hiver du monde, préparera le fruit.»… Et tant d’autres encore qui font que je n’ai jamais refermé un livre avec tant de pages cornées. Merci, cher ami, de m’avoir incitée à parcourir l’œuvre de cet homme qui me parle, et dont je n’avais lu que «La peste», car je serais passée à côté d’une belle âme. Je t’embrasse. Michèle
23 novembre 2017
j'ai extrêment envi de me cultiver.
@Cathy Bonidan. Attention Mel, 1390 pages ! Mieux: « Tu me vertiges » de Florence Forsythe
Bonne chance dans le Finistère Fais de ton mieux comme d’habitude. Rien que des Bretons...Amitiés Gérard
@BOSSY Il faut dire qu'on ne choisit pas toujours la proximité Gérard...(demain, direction la pointe du Finistère...) Et pour CAMUS : merci encore ! Au nom de tous les amoureux de ce grand homme qui a fait de chaque livre une symphonie, utilisant les mots comme autant de notes de musique... Je vais très vite me procurer la correspondance de Camus avec Maria Casares. Amitiés, Cathy.
@Pascale Lécosse. Il y a longtemps que votre livre figure en bonne place dans ma bibliothèque, mais je m’amuse à faire des test à l’occasion , comme pour Cathy, pour m’assurer que je n’ai pas perdu ma fortune en vain !...Mais je n’ai pas été foutu d’aller chercher une dédicace aux quatre coins de France...
Amitiés. Gérard BOSSY
@Ivan Zimmermann . Oui, j’avais un grand projet pour Camus. Je me suis donc mis à la lecture de ses correspondances avec René Char, André Malraux, JP Sartre et surtout celle avec Maria Casarès ( pavé de 1390 pages !). J’ai à lire aussi le livre de Florence Forsythe plein de détails précis sur son oeuvre au théâtre et sa relation à Maria Casarès.. Mais cela se révèle un immense travail et des circonstances particulières font que je n’en ai pas la force en ce moment. D’autant que je mets la dernière main à mon roman-biographie que je peine à terminer ( Deux arbres sur la Dune ).. Cette dune et ces deux arbres qui se trouvent aussi en terre de pieds-noirs...Il me faudra probablement attendre le deuxième trimestre de l’année prochaine pour y voir plus clair, si Dieu me prête vie. J’ai aussi à relire les pièces, vous voyez un peu la somme des études à mener. Camus a suscité nombre de livres en tous en genres sur son oeuvre et il faudrait aussi aller y voir...Sa fille Catherine a consacré un magnifique volume à son père, elle est toujours active en ce domaine et je ne voudrais pas risquer de dire des bêtises. Je sais bien que quelques incultes ont qualifié Camus de « philosophe pour classe de terminale » Sartre, malgré son différend avec lui, le jugeait à sa taille, il faut donc y aller à pas de loup. Et puis, il y a Maria Casarès, dont je ne voudrais pas piétiner le chagrin, même si elle n’est plus là, non plus pour défendre son « Premier Homme. Peut-être plus tard... Amitiés. Gérard BOSSY
A moi aussi Camus me rappelle l'année du BAC, en même temps les cours de philo. Cela me rend nostalgique tout d'un coup. Merci Monsieur pour ce retour imprévu ce soir à l'innocence.
@Pascale Lécosse. Merci à vous, si occupée à dédicacer et signer un peu partout. J’ai demandé votre livre au Centre Culturel Leclerc de Chinon aujourd’hui
Réponse : Épuisé !!! De même pour Cathy Bonidan ! Les femmes de mBS sont harcelées par le succès ! J’espere que les royalties suivent...Amitiés
@Bossy; @Mbs. Oui, mon intention se tourne vers Marguerite. Mais....ce n'est qu'une intention . Je sors d'une longue période de jeûne écriture lecture etc...il faut que je me remette en selle. Bon WE
@chathymi
Marguerite Duras et moi ? Programmé !
@chathymi. Heureux de vous retrouver ici Chathymi Il paraît que vous auriez l’intention de me rabibocher avec l’oeuvre De Marguerite Duras ? Vous en serez vivement remerciée et cela complétera efficacement l’intérêt de cette rubrique qui nous ramène aux valeurs de fond de notre patrimoine Amitiés. BOSSY
Comme il est doux de vous retrouver là, cher @ Bossy. Et en belle compagnie. Camus. Avec la Casarès. La belle espagnole. Que vous nous servez sur un plateau d'argent. Joliment.
J'aime Camus. Essentiellement pour son exigence de la vérité, de la beauté et de la justice.
Merci.
@lamish. Précision : Il s.agit de la correspondance de Camus avec Maria Casares. Celle avec René Char existe aussi, tu peux aussi la lire, mais elle n.a pas la même saveur...
@lamish. « Passé de cancre », pas tant que ça, chère lamish, quand il conduit à l’écriture. Qui aurait cru que Camus, dans ses années d’apprentissage, accèderait un jour au rang de Prix Nobel ? Qui aurait cru qu’une petite espagnole de rien du tout accèderait un jour au rang d’actrice dramatique de cette taille ?
Et surtout, qui aurait cru qu’une telle correspondance puisse s’échanger entre deux êtres venus d’horizons si différents , que le hasard a réunis ? Bonnes lectures de rattrapage en tout cas, régale-toi ! Bises
Gérard