L'incongrue

6 pages de Ernesto Férié
L'incongrue Ernesto Férié
Synopsis

Une page de prose en passant.

Publié le 20 Novembre 2024

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7 commentaires , 1 notes
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@Ernesto Férié
(Vous qui admirez Kundera, vous me permettrez d’ajouter ce passage des Testaments trahis :
La seule chose que je désirais alors profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un « genre littéraire» parmi d'autres, ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte.)

Publié le 21 Novembre 2024

@Ernesto Férié
Grandeur de la littérature classique est un grand mot, je parlerais plutôt de vérité de la littérature classique, alors que les faiseurs de livres qui prolifèrent dupliquent stérilement et paresseusement les mensonges qui nous entourent, en ayant le souci d’entretenir l’air du temps, et leur standing. C'est quand la pensée ne cherche plus à plaire ou à se raconter des histoires qu'elle nous offre un déchiffrement du monde, un décryptage des situations que la vie n’explique pas, la plupart des question graves de l’existence… des motifs qui se répètent, du mensonge social et des faiblesses humaines, des stratégies de dissimulation, ce qui ne se dit pas… Dire la vérité peut amener à se moquer (Molière), ou à dévoiler subtilement (Proust) ce qu’on refuse tous de voir: notre insignifiance et notre ridicule à travers ces acrobaties quotidiennes. Proust était immergé dans un monde d'apparences avec cette volonté de se dessiller, et c'est ainsi qu'il nous permet, à notre tour, de voir ce que nous ne voyons pas, ou que nous voulons ignorer. Regarder en face « la vraie vie » n’est pas à la portée de tous, et c’est là l'importance de la vraie littérature. Elle nous soustrait à la mélasse du jour, elle nous oblige à voir les choses autrement, ne serait-ce que par son éloignement dans les siècles: c'est se confronter à un mode de perception étranger au nôtre, et c'est perdre de notre superbe, c'est-à-dire de notre connerie! Mais il est bien évidemment possible d’accomplir ce miracle aujourd’hui, sans se préoccuper de la réception de cette recherche.
Bonne journée neigeuse à vous aussi.

Publié le 21 Novembre 2024

@PatrickBateman
Merci beaucoup pour cette citation de Proust, qui me touche profondément. Ce passage souligne, avec une grande vérité, que la littérature a ce pouvoir unique de rendre visible ce qui échappe à notre perception ordinaire, et ce, d'une manière qui dépasse la simple transmission d'une histoire. Je suis d'accord avec l'idée que l'art véritable cherche à dévoiler cette réalité cachée, souvent ignorée dans notre vie quotidienne.

Étant un auteur amateur, ma démarche est peut-être modeste, mais j'espère, à travers mes écrits, contribuer, à ma façon, à cette quête. Mes textes n'atteignent pas, certes, la profondeur de la "vraie vie" que Proust évoque, mais chaque mot que j'écris est pour moi une tentative d'approcher, même un peu, cette vérité cachée. Et c'est aussi dans cette recherche que la littérature trouve tout son sens, dans la passion, la sincérité, et l'envie de comprendre le monde autour de nous, aussi imparfaitement que ce soit.

La littérature est un domaine vaste et complexe, et je reconnais évidemment la grandeur de ce que des auteurs comme Proust ont accompli. Mais je crois que chaque auteur, peu importe son niveau, participe à sa manière à cette quête. Mon objectif n’est pas de prétendre atteindre la grandeur de la littérature classique, mais de continuer à progresser, à travers chaque texte que je partage.

Bonne journée neigeuse !
Ernesto

Publié le 21 Novembre 2024

@Ernesto Férié
Ah mais je n’ai pas parlé de psychanalyse, j’ai parlé de littérature…
« La grandeur de l'art véritable, au contraire de celui que M. de Norpois eût appelé un jeu de dilettante, c'était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d'épaisseur et d'imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie.
La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature. (…)
Ce travail qu'avaient fait notre amour-propre, notre passion, notre esprit d'imitation, notre intelligence abstraite, nos habitudes, c'est ce travail que l'art défera, c'est la marche en sens contraire, le retour aux profondeurs où ce qui a existé réellement gît inconnu de nous, qu'il nous fera suivre.
Proust, Le Temps Retrouvé, p.289-290, édition G.F.

Publié le 20 Novembre 2024

Merci pour votre retour de lecture @PatrickBateman.
Comme j’avoue que je n’ai pas tout compris, je vais faire un copier-coller et l’envoyer par courriel à mon héroïne.
Et, dès l’ouverture du premier cabinet de psychanalyse pour créatures de fiction, je lui recommanderai de prendre rdv.
Bonne continuation à vous aussi !

Publié le 20 Novembre 2024

@Ernesto Férié
Les prisonniers inscrivent parfois des graffitis sur les murs de leur cachot dans le but de soutenir les futurs captifs… Votre héroïne, pour sortir d’elle-même, pourrait aborder l’écriture avec la même ambition. Le motif qui émerge surtout de votre texte n’est pas tant son obsession que son insatisfaction (d’être elle et non une autre, de se comporter ainsi et non autrement). La désorientation dans le métro du rêve semble incarner celle de l’existence, que l’héroïne a pourtant construite avec les pierres qu’elle trouvait autour d’elle (là est la construction, les choix, les retraits!); la solitude est le fruit de cette insatisfaction au milieu de la construction… dont seule l’écriture peut rendre compte (puisque la construction ne peut pas être changée), sans faux semblants. Bonne continuation!

Publié le 20 Novembre 2024

D’accord, Michèle @Zoé Florent, merci pour votre retour de lecture, je passerai le message à Karine. Mais ce n’est pas sûr qu’elle entende ! Déjà que les gens réels ont tendance à mieux voir la paille qui est dans l’œil du voisin que la poutre qui est dans le leur, alors vous imaginez quand il faut faire entendre raison à des créatures de fiction ! ;-)
Fraternellement,
Bruno

Publié le 20 Novembre 2024
3
@Ernesto Férié Belle confession aux multiples résonnances, dont certaines ont l’intensité du vécu, tout en étant différentes d'autres confessions lues de vous, mais confessions tout aussi intenses. /// Plus généralement, et pour en revenir au sujet de ce texte court, les TOC ne sont pas une fatalité. Prendre conscience que l’on en est victime est déjà une étape décisive. Dans la réalité, resterait à votre héroïne à aborder la phase active. Ne plus s’accrocher à une obsession qui la tire par le fond, y substituer les autres et un monde plus varié, plus coloré, plus vivant. Cesser de focaliser sur elle, car focaliser sur elle revient à focaliser sur soi. Se faire aider par des antidépresseurs si besoin, voire suivre une psychothérapie... Les échappatoires sont multiples pour qui veut en sortir, donc, car le principal obstacle est la dépendance à une obsession qui leurre en valorisant, en donnant l’illusion d’exister et d'être unique, à travers elle. /// Je dirais pour ma part à votre héroïne qu'elle pourra profiter de la vie le jour où elle acceptera de pas être Kafka et consorts ;-). /// Merci pour ce partage dense, fort bien écrit au demeurant. Amicalement, Michèle
Publié le 20 Novembre 2024