La Pluie et les Arbres sont deux pièces que j’ai écrites l’une après l’autre. Je comprends tout ce qu’on a pu dire sur elles : pièces étranges, sensation que rien n’avance jamais vraiment, humour, ironie…
À l’époque, je tournais sans cesse autour d’un même problème : celui du coinçage. J’étais originaire de la banlieue parisienne : coinçage. J’étais devenu, par une succession logique de choses, ingénieur : coinçage. Succession de naufrages amoureux : coinçages.
Je me demandais si ce coinçage était extérieur à moi ou si il faisait partie de moi. Je pense que c’est de cela que parlent profondément ces pièces. Se séparer en plusieurs personnages, enfermer ces personnages dans une même pièce et observer ce qui se passe.
Ce livre est noté par
Bonjour @Gaby Chantrie et merci de votre commentaire concernant « la Pluie » et « les Arbres ». Oui, entièrement d’accord sur la nécessaire interprétation par des comédiens de ces pièces pour ressentir ce qui s’y joue. Non, pas envie d’actualiser ces pièces, en tous cas, pas pour les « décoincer ». Je vois les choses comme ça : Admettons qu’un chanteur écrive une chanson poignante après une déception amoureuse. Quelques années plus tard, il est de nouveau heureux en amour, est-ce qu’il doit changer sa chanson ? Je pense que non. Elle est une partie de son histoire, le témoignage d’une chose qu’il a ressentie avec force. Cette chanson parlera à ceux qui ont vécu ou vivent un moment douloureux en amour, même si ça n’est plus son cas. Je me dis la même chose concernant ces pièces, elles sont l’expression d’une sensation qui m’a envahi dans ces années-là. Elles ne sont pas une thèse sur le « coinçage » à laquelle je pourrais ajouter quelque chose aujourd’hui. Elle sont le coinçage.
Mais depuis le « à l’époque », maintenant que vous n’êtes plus en « coinçage », vous n’avez pas eu envie « d’actualiser » vos pièces, de tenir compte des commentaires que vous aviez reçus ? Moi aussi, j’ai eu cette sensation de manque de progression, de sur-place un peu, de préférer se regarder dans le miroir que d’avoir envie de le traverser. Cela dit, le théâtre à lire, c’est difficile. En revanche, j’imaginais assez bien la voir et l’entendre.