Élodie Rousseau

Élodie Rousseau a noté ces livres

3
Le personnage de Bazzi est très cohérent et est basé sur un personnage historique. Du fait de l’absence de sources et d’écrits à son sujet, il permet une appropriation et une interprétation intéressantes de la part d’ @Olivier Rochefort. L’intrigue – ou plutôt le rythme et donc le déroulé de l’histoire – est bien menée (même si l’on peut facilement découvrir le fin mot de l’histoire dans la mesure où le roman est basé sur un pan de l’histoire du peintre Bazzi). L’ensemble est équilibré et on évite bien les longueurs et lourdeurs. La structure narrative est très bonne. Le choix de la narration à la première personne du singulier est le plus juste : dans la mesure où le souhait est d’éclairer un pan de l’histoire (le procès) nébuleux, c’est effectivement le plus judicieux. Par ailleurs, cela permet au lecteur de se projeter dans les pensées du peintre. De manière générale, le vocabulaire et le style sont très bien utilisés et fort bien appliqués en rapport avec le fait que le roman se déroule en pleine Renaissance. Nous trouvant au cœur d’un procès, l’omniprésence des dialogues/monologues est parfaitement justifiée et juste. On ressent d’ailleurs le travail et le soin apportés quant aux interventions. Ce roman met l'accent sur la question de la tolérance, la tolérance (ou non) envers ce qui est différent de la société : ici, on traite de la sodomie (qui rappelons-le n’est pas uniquement rattachée à l’homosexualité), de l’onanisme et, bien entendu de l’homosexualité. À une époque où l’Église est omniprésente et où les puissants tentent d’imposer une seule et même vision idéologique, qu’est-ce qu’un crime sexuel au final ? En refermant ce roman, le lecteur peut même aller plus loin et transposer ce procès, cette réflexion à notre monde contemporain. Les décors et les descriptions sont vraiment impeccables dans les parties où l’on plonge dans les souvenirs du narrateur, dans les récits des témoins ou encore dans les dépositions extorquées à Bazzi. Mais ceux-ci manquent en revanche un peu dans les parties dites en temps réel, au procès. Enfin, il faut davantage soigner les transitions qui sont faites entre les réflexions intérieures du narrateur et ce qui se passe « en temps réel ». Très bon style d’écriture : rien à redire. C’est très propre !
Publié le 08 Juillet 2024