J’ai découvert cette pièce avec plaisir.
Je me suis revu pas mal d’années en arrière, comédien, jouant le personnage de Daniel dans « Piège pour un homme seul » de Robert Thomas.
L’histoire d’un homme qui ne reconnaît ni celle qui prétend être sa femme ni sa vie « d’avant ». Est-il fou ? S’agit-il d’une machination ? D’un simple cas d’amnésie ? Comme Daniel, le public ne sait plus qui croire.
Je me suis revu également metteur en scène dirigeant « Le voyageur sans bagage » d’Anouilh.
Un amnésique découvre avec horreur l’identité qu’on cherche à lui attribuer. Refusant de se reconnaître, il prétend être un autre homme, membre d’une famille à la recherche de l’un des siens, disparu lors de la Grande Guerre. Une pièce très forte.
En effet j’ai trouvé quelques points communs entre ces trois pièces pourtant totalement différentes. Notamment l’humour de Thomas, mais aussi la gravité d’Anouilh.
Je pense que j’aurais apprécié, soit de jouer soit de mettre en scène celle de Michel Bugnon-Mordant.
Bien sûr, tout metteur trouve choses à redire à chaque fois qu’il s’apprête à adapter un texte pour le plateau. Son job consiste à rendre ce dernier vivant, crédible, spontané… Le comédien doit être le personnage, celui qui semble improviser ses paroles.
Sur cette œuvre, autant les répliques courtes sont efficaces, autant je viserais certains tunnels (longues répliques) qui, à mon sens, sont trop bavards ou bien trop écrits. À mon sens, ils comportent de temps à autres un certain nombre de redites nuisant à la dynamique des échanges, ralentissant le rythme de jeu de théâtre moderne, voir parfois redondants.
Il me manque aussi, et il appartiendra au directeur d’acteurs de travailler sur ce point précis, un peu d’épaisseur aux personnages. Le comédien manque de matières à digérer. Je ne parle pas des didascalies. Certaines répliques doivent être volontairement très intérieures, c’est-à-dire fournir aux interprètes des pistes qui leur permettront de créer des personnages vrais et non des coquilles un peu vides récitant ou échangeant conventionnellement des répliques.
Mais, malgré ces toutes petites réserves que l’on pourrait adresser parfois aux plus grands, et qui ne représentent que mon humble avis, « La peau de l’autre » reste une pièce fort agréable qui, défendue par de bons comédiens bien dirigés, constituerait un excellent moment de théâtre.
Merci à l’auteur et à mon ami Kroussar de m’avoir fait découvrir ce texte.
Je note 5 étoiles car j'estime que le théâtre mérite amplement de figurer dans la création littéraire, même s’il exige lecture et écriture différentes.
Publié le 18 Février 2021