Ce témoignage est bouleversant : une enseignante raconte sa lente descente aux enfers. Durant six longues années, cette professeure va vivre un véritable calvaire, marqué par une perte progressive de repères, un isolement croissant et un épuisement profond qui la mènera au burn-out./***/ À travers son récit, une question s’impose : qui est responsable ? L’institution, qui peine à soutenir ses agents ? Une formation trop théorique ? Les élèves, parfois désengagés, parfois violents ? Rien de cela ne suffit à expliquer seul l’ampleur du malaise, mais tout y contribue. /***/
On aime encore citer l’image de l’enseignant qui change une vie, comme Camus saluant son instituteur Monsieur Germain. Ces récits nourrissent l’idéal d’une école républicaine bienveillante, juste et émancipatrice. Mais à force d’exhumer ces exemples d’un autre temps, l’institution détourne le regard de sa propre faillite. Elle recycle les figures d’enseignants dévoués pour mieux masquer le découragement des actuels, épuisés par l’écart entre mission et réalité. /***/
Car s’il y avait autrefois l’école dont on rêvait, il y a aujourd’hui l’école dont on crève ! /***/
Cette crise n’est pourtant pas propre à l’école : elle est celle de la société elle-même. L’autorité ne va plus de soi. Le cadre républicain, fondé sur l’uniformité, la discipline, la norme, ne parle plus à une jeunesse en quête de sens, de dialogue, de reconnaissance. L’école de Ferry, souvent mythifiée, n'était pas si égalitaire : elle réservait l’instruction prolongée à une minorité, avalisant les inégalités sociales au nom du mérite. /***/
Les élèves d’aujourd’hui n’acceptent plus ce que leurs aînés ont enduré en silence. Ils contestent, refusent l’obéissance par principe, et mettent au défi une école figée dans un modèle dépassé. Ce n’est pas qu’un problème d’autorité, mais une crise profonde de légitimité. Pour en sortir, il faudra repenser le rôle même de l’école, non comme machine à trier, mais comme lieu vivant où se construit un avenir commun.
Publié le 27 Juin 2025