Je profite du confinement pour tenter le bronzage intégral. Non, je ne suis pas naturiste, je galère tous les étés avec la trace du maillot, même en variant les formes des culottes et en dégageant bien les échancrures. Mais comme je suis coincée chez moi... Je me déplace sur mon balcon de façon à exposer au soleil soit ma chatte, soit mon cul. Autour on verra après, avec un peu de chance la plage y pourvoira si on nous libère à temps pour les vacances. Priorité aux parties blanches, pour le reste, ça constitue toujours une bonne préparation.
Mon voisin est sorti respirer l’air dépollué au-dessus de la balustrade, bien à fond. Il paraissait tellement bien, je ne l’ai pas dérangé. En se détournant pour rentrer, il est tombé nez à nez avec ma nudité, si je puis dire, en tout cas tombé des nues, à en juger par toutes les expressions qui se sont succédées sur son visage. J’ai bien eu l’idée de me couvrir, mais le ridicule de ramper vers mon t-shirt m’a semblé plus à craindre que de rester là. En plus, le soleil m’avait plongée dans un état cotonneux. Et puis j’étais chez moi ! Déjà qu’on n’est plus libre dehors, alors que personne ne vienne me surveiller chez moi, ai-je pensé avec révolte. S’il avait quelque chose à redire, il allait se faire recevoir, le voisin ! Mais il n’a pas parlé. Il a déboutonné sa chemise très lentement en me regardant dans les yeux. Qui porte une chemise pendant le confinement ? me suis-je demandé. Ludo en porte une. Mais Ludo c’est pour m’emmerder à repasser, parce que j’ai bien vu que même son patron dirigeait ses vidéos zoom en polo.
Le voisin a disparu, cependant quelque chose dans sa trajectoire m’a interpellée. Aux froissements et aux frottements, j’ai deviné qu’il s’asseyait sur le béton comme moi. À travers les vitres dépolies, j’ai distingué une silhouette qui se contorsionnait. Curieuse, j’ai penché légèrement la tête vers l’interstice au milieu des deux parois en verre, là où sa fille me glisse toutes sortes de cadeaux : des dessins, de la pâte à modeler, et même des petites voitures. Son œil est apparu dans l’intervalle. Assuré que je le voyais, il a commencé à se caresser le torse. D’amusée, je suis vite devenue humide. J’ai grimacé. Quelle situation inconfortable ! Mon souffle m’a-t-il trahie ? Il s’est enhardi. Deux plantes de pieds se sont matérialisées presque nettement contre la vitre. Les jambes écartées, il m’a offert son sexe dressé, palpitant. Son visage hors champ. J’ai posé mes pieds contre les siens. Nous avons joui de concert en nous caressant face à face, mes dents soudant mes lèvres l’une à l’autre pour me rappeler au silence.
Il est rentré chez lui tandis que je présentais mon dos au soleil. Je m’ignorais ces tendances au voyeurisme ou à l’exhibition. L’embarras m’a envahie à l’idée de le croiser prochainement dans le couloir. Sa femme était partie dès le début du confinement en Bretagne. Lui télétravaillait. Comme Ludovic, lui aussi « télétravaillait » beaucoup de films pornos, et se finissait presque tous les jours avec sa maîtresse virtuelle : Édith. Je l’espionnais, évidemment. Il devait me surveiller également, sauf que je n’avais rien à cacher.
Le voisin est revenu peu après, avec un carton de livraison tel qu’on en a tous en stock dorénavant, rempli de choses qui s’entrechoquaient. Il était toujours nu. Debout à la vue de tous ceux qui voudraient bien le regarder depuis l’immeuble d’en face. De sa boîte, il a d'abord sorti une bière et un décapsuleur, et je songeais à me recouvrir. La bière pour Ludo, cela signifie « passons à autre chose ». Il en a avalé une gorgée sonore, puis a recommencé à farfouiller. Un « Ah » particulièrement satisfait m’a fait scruter le trou de nouveau. Accroupi, il tenait fermement un long pic à brochette, dont il me menaçait avec un sourire. Ne me demandez pas ce qui m’a pris, mes sens décidaient à ma place, je me suis mise à quatre pattes et lui ai avancé mes fesses, le plus près possible de la séparation entre nos deux balcons. Entre mes jambes, j’ai observé avec appréhension la tige de métal approcher tandis qu’il chantonnait : « Picoti, picota, lève la queue et puis s’en va » en plantant délicatement ses banderilles. Sa queue s’est levée. Il m’a tourné le dos, en murmurant toujours la même rengaine : « Une poule sur un mur… ». Il s’activait sur une tâche dont je n’apercevais rien. J’hallucinais ! J’ai failli me redresser pour regarder par-dessus les rambardes, mais je me suis souvenu à temps que je n’étais à l’abri des voyeurs que tapie près du sol. Quand il s’est finalement retourné, il avait déguisé son pénis en pantin : il y avait collé je ne sais comment deux bâtons de glace pour les bras et animait les trois membres avec des bouts de ficelle.
Non, LÀ, j’hallucinais ! Je partis à toute vitesse vers mon salon, sur les genoux, pouffant comme cela ne m’était plus arrivé depuis quatre semaines, à la recherche de quelques feutres sur la table basse et me précipitai dehors avant qu’il ne se soit évanoui. Sous ses yeux, aguichante, je composai autour de mes seins brandis un tableau floral aux aréoles-pistils. Nous fîmes l’amour deux fois encore, rivalisant de positions et d’inventions pour nous contenter. Un lâcher-prise à la mesure de la situation à l’extérieur. Le sexe empreint de jeu et de bonne humeur. Il me fit l’offrande, dans le creux de sa main, de sa semence. J’y goûtai et m’en barbouillai le ventre, avant de me rincer languissamment avec l’eau gazeuse de ma bouteille de Vichy. Nécessité fait loi. Je frissonnai de cette sensation inédite, les bulles gazouillant dans mon nombril, le froid sur mon pubis, avril, il ne fait pas chaud encore. Le dernier rai de lumière abandonna le mur Est de mon balcon.
Enivrée de désir, je me précipitai sur Ludovic, assis sur notre lit, son ordi portable sur les genoux. Il referma vivement l’appareil et le posa à côté de lui. Je sautai sur ses cuisses et enfilai son engin, opportunément déjà sorti. Je le pilonnai de mes hanches affolées jusqu’à jouir puissamment, sa tête écrasée sur ma poitrine. Il n’avait rien vu venir, je le laissai ébahi pour me glisser dans un bain. Le jour où il m’inventerait un déplacement pour affaires, je saurai de quelles affaires il s’agit, et je le larguerai. Ce jour-là, j’inviterai le voisin. Vivement le déconfinement. Vivement demain sur le balcon.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
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Je me demande ce qu'un texte comme celui-ci vient faire dans l'appel au silence. Je dirai qu'il aurait tendance à refléter la bassesse de l'être humain.
We pity you so-called Porhyre for being that prudish you don't understand that self isolation does not prevent anybody from having a love affair or some intimate relationship we pity you as well for not being a normal "hedonist" you should read some of Marquis de Sade's raunchy stories, that would change and stir a little bit your lonely and life....