Témoigner par l'écrit Le témoignage, une valeur de rédemption
Y avez-vous pensé ? On ne témoigne pas de ses vacances dans le Sud Ouest, d’une virée en bateau, ou de vacances chez sa belle mère. Le témoignage a le plus souvent une valeur de rédemption, la nécessité de dire, de faire savoir pour passer à autre chose. Il vient d’une urgence de l’auteur à raconter les événements, son expérience que nul n’aurait pu rapporter s’il ne l’avait pas vécue.
Les drames, les tragédies, les épreuves s’y prêtent car les douleurs qu’elles engendrent remplissent plusieurs fonctions. Une trace historique : la preuve objective que « cela » a existé, une trace anecdotique : la preuve de mes émotions, de ma souffrance, du dépassement de moi dans les épreuves, et les remèdes éventuels pour m’en sortir. La valeur d’« exemple » et de « mémoire » y est permanente. En tant que dépositaire de son histoire, le témoin est supposé raconter, avec objectivité et précision, sans pathos, ni effets littéraires, sans artifices, les expériences qu'il a traversées afin que les générations futures comprennent, assument, mais surtout s’interrogent.
Un genre littéraire à part entière
C’est la Shoah qui a sans doute vraiment permis de « baptiser » le genre. Primo Levi, écrivain italien de la période, parle de la nécessité d’écrire son expérience comme « la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les besoins élémentaires ». On comprend du même coup la double dimension vitale du témoignage : écrire pour survivre (du coté de l’auteur), et découvrir la vérité pour avancer (pour les lecteurs).
Soljenitsyne s’est privé de faire paraître son fameux « L’Archipel du Goulag », longtemps après qu’il l’eut achevé. « Le devoir envers les vivants pesait plus lourd que le devoir envers les morts » déclarait-il. Mais dès que la sécurité d'État s'est emparée de ce livre, il l’a publié sans délai en 1989. La vérité, souvent niée, se révèle un démenti criant aux forces négationistes. Car le témoignage, c’est faire éclater la vérité, pas une vérité. Les lycéens russes le lisent aujourd’hui comme un classique incontournable de la littérature, fondement de leur histoire.
Auteurs du genre et principes d’écritures
Si le témoignage, (qui fait d’ailleurs référence à des origines juridiques) se doit de rapporter les événements qui seront considérés comme justes et objectifs, les auteurs qui pratiquent le genre ont souvent généré des principes d’écritures, qui ont donné lieu à des ambiguïtés. Ces textes sensés avoir une fonction éthique presque journalistique se construisent sur les principes de l’information. Mais nous sommes des hommes. Et dans l’écriture, même si nous nous voulons factuels et sobres, la littérature reprend ses droits, la « poétisation » et la « fictionnalisation » est la tentation évidente pour rendre l’émotion vécue ou tout simplement rendre « beau » les textes.
Témoignage et littérature
Le témoignage devient littérature quand il faut transcender des réalités qui ne sont pas dicibles, qui perdent leur relief dans un récit sobre et terne. Les mots perdent leur sens ou en prennent un nouveau selon les contextes : « avoir soif dans un camp de concentration », ce n’est pas « avoir soif après une partie de tennis ». Le texte de témoignage invente-t-il, dans son régime propre, une « nouvelle façon d'être artistique », permettant à la littérature de se redéployer sur un autre mode ?
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