Bonjour Lou,
Te voilà libéré des obligations professionnelles, et tout prêt à te consacrer à deux de tes passions : l’écriture et la composition musicale. Tu dis dans ta présentation que tu as découvert la musique électronique sur le tard, et surtout que tu es un amoureux des sons et de leurs vibrations. Voilà une dimension drôlement porteuse de sens pour nous qui écrivons. Nous allons tenter une brève exploration, si tu es d’accord.
Lou Alpin, alias Octave, alias Jean-Marc P. (et qui encore…), tu es à toi seul plusieurs personnes. Si tu nous parlais d’Octave ? Qui est-il et comment est-il né ?
Lou Alpin. Octave est né il y a une dizaine d’années seulement, malgré une formation musicale guitare et piano dans mon jeune âge. J’ai toujours été un amoureux de la musique, très éclectique dans mes choix alliant classiques et sonorités contemporaines. D’où l’impossibilité de définir mon style. De plus, les techniques modernes de l’informatique en matière musicale permettent de disposer facilement avec un modeste « home studio » d’un orchestre complet au bout de ses doigts. Pour la composition, c’est simplement du temps, de la passion et la magie des sons ! Et au même titre que pour l’écriture, la créativité nécessite un espace de solitude, de calme et d’isolement pour cadencer des mots, écrire des notes… ou inversement ! La musique comme l’écriture se pense, s’écrit et se joue. Ne dit-on pas une phrase musicale ? L’écriture n’a-t-elle pas un rythme ? N’appelle-t-on pas une ligne en bas de page, une note ?
Est-il le frère cadet ou l’aîné de Lou Alpin ?
C’est donc très naturellement qu’Octave s’est doté d’un frère jumeau, Lou Alpin, peu après mon passage en retraite. L’écriture était un vieux rêve, seul le temps me manquait pour le réaliser. J’espère terminer mon 1er roman en début d’année prochaine pour le publier sur monBestSeller. Je partage donc mon temps libre entre la musique et l’écriture au gré de mes envies ou de l’inspiration du moment.
Comment les deux s’enrichissent-ils, travaillent-ils ensemble ?
L’un n’empiète pas sur l’autre, et je dirais même que les deux activités sont complémentaires. Il m’arrive souvent de chercher l’inspiration du roman en écoutant les concertos de Mozart ou d’Haendel. A contrario, la composition musicale ne supporte aucune interférence.
Qu’est-ce qui change en toi quand tu passes de Octave à Lou, de Lou à Octave ?
Je ne vois pas beaucoup de différences. Écrire ou composer de la musique demande l’un comme l’autre à puiser dans l’inspiration et les idées. En fonction des jours, des expériences de la vie ou des rencontres, peuvent naître des sources d’imagination, de suggestions voire d’influences, parfois pour l’un, parfois pour l’autre.
La composition musicale et l’écriture demandent-elles de mobiliser les mêmes ressources ?
Oui, tout à fait en ce qui me concerne, seul le support change. Il m’arrive souvent de lire des paragraphes à haute voix, comme écouter ou chanter un passage de musique.
Dirais-tu que composer de la musique ou écrire des textes, c’est avant toute chose créer des univers ? Quels sont les univers que tu cherches à créer dans tes œuvres ?
Je suis passionné par l’univers du rêve, notamment les rêves lucides. Je citerai Claude Debussy — auquel je ne me permettrais bien sûr aucun parallèle — qui a souvent exploité le monde des rêves avec des lignes mélodiques fluides, des harmonies éthérées et des transitions subtiles. Pour exemple, « l’après-midi d’un faune “de Mallarmé l’a inspiré pour composer l’œuvre du même nom. Nous sommes là en plein fantasme onirique bourré de symbolique !
Prenons le premier morceau de ton album ‘Ethnic Zen’, intitulé ‘A long road’, et que tu illustres par cette citation de Frédéric Lenoir : ‘Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c’est de passer de la peur à l’amour’. Qu’as-tu voulu exprimer avec ta composition musicale et sur quoi t’es-tu appuyé pour y parvenir ?
Exister est un fait, c’est réel et objectif et la vie est une longue route. Il s’agit de l’expérience humaine, c’est indéniable. Mais est-ce suffisant pour une vie épanouissante ? Non bien sûr. Nous avons tous besoin, à des degrés différents, de donner un sens, une beauté et une expression à notre existence.Mais la vie c’est aussi la peur. C’est une émotion profondément enracinée en nous, héritée de notre instinct de survie. Passer de la peur à l’amour n’est pas un processus instantané, mais plutôt un voyage continu avec des hauts et des bas, des conflits internes, des incertitudes.
C’est sur ces réflexions que j’ai composé ce morceau, sur un rythme rapide qui cadence le galop de l’existence avec un piano qui s’envole. Et ensuite pour tempérer des pauses mélodiques plus douces à la flûte et au violon pour exprimer le décrochage vers un univers plus sentimental.
… et si tu avais dû écrire cette histoire, à quoi ressemblerait — elle ?
C’est effectivement une bonne question qui illustre le lien bidirectionnel entre ces deux modes d’expressions. Comme je l’ai déjà dit, il m’arrive souvent d’écouter de la musique lorsque j’écris. Je vais tenter d’imaginer un scénario à l’écoute de ce morceau.
La première idée malgré mon penchant pour l’anticipation, serait bien sûr d’écrire un roman d’amour :
Imaginons une jeune femme timide et quelque peu introvertie, constamment freinée par ses doutes et ses angoisses. Son activité professionnelle dans laquelle elle s’investit beaucoup lui permet de surmonter ses peurs au détriment de sa vie privée et sentimentale. Mais c’est une fuite en avant et l’aspect artificiel de cette façade lui pèse de plus en plus.
Un jour, alors qu’elle se sent particulièrement désespérée, elle fait la rencontre d’un musicien, un artiste talentueux et charismatique. Il est capable de voir au-delà des apparences et ressent immédiatement la détresse de la jeune femme. C’est un passionné, doté d’une grande sensibilité comme tous les artistes et qui vit sa musique.
Puis la révélation a lieu peu après leur rencontre lorsque le jeune homme lui interprète au piano le ‘Clair de lune’ de Debussy. C’est un choc émotionnel profond et très rapidement la peur d’aimer se dilue dans un océan de notes.
Point n’est besoin des mots lorsqu’on est transporté par la magie des sons.
Point n’est besoin de traduction, car la musique est universelle.
Point n’est besoin d’explication, car la musique donne une âme à nos cœurs.
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