L'accord du verbe avec un sujet collectif ou des adverbes de quantité : pas facile. Comment accorder le verbe avec un SUJET COLLECTIF suivi d'un nom au pluriel ?
1 - On accorde la plupart du temps le verbe avec le nom qui suit l'expression :
La plupart des idées nouvelles sont d'abord combattues.
Nombre de (bon nombre de, un grand nombre de…) chevaux s'étaient enfuis.
Force menaces étaient prononcées.
2 - On met toujours le verbe au pluriel :
- Avec « LA PLUPART » (SANS « DE »).
La plupart ont voté blanc.
C'est assez logique, puisque l'on exprime en fait l'idée que nombre d'individus, considérés individuellement, ont adopté un même comportement.
– Avec « UNE INFINITÉ ».
Une infinité d'étoiles scintillaient.
Logique : là encore, l'idée de nombre s'impose.
– Dans le cas d'une FRACTION qui est elle-même un pluriel.
Les trois quarts de leur personnel sont mécontents.
– Dans le cas d'un POURCENTAGE suivi du verbe être, lui-même suivi d'un pluriel.
20 % de l'équipe sont des jeunes.
Logique, puisque le verbe être exprime une équivalence entre le pourcentage et le nom, lequel impose donc son pluriel.
3 - On met toujours le verbe au singulier :
– Avec « PROPORTION » ou tout autre sujet exprimant une notion de GROUPE ou de RASSEMBLEMENT.
Une forte proportion d'électeurs a voté blanc.
Ce groupe de touristes arrivait tard.
La foule de badauds en colère s'est emparée d'eux.
L'assemblée des commerçants a délibéré.
Une troupe de manifestants défile dans le calme.
L'ensemble des locataires sera relogé.
La multitude de sangliers furieux a tout piétiné.
Là encore, c'est logique, puisque l'on envisage comme une seule entité cette proportion, ce groupe, ce rassemblement.
4 - « LA MAJORITÉ », « LA TOTALITÉ »…, laissent l'initiative à l'auteur :
La majorité des humains craint la mort.
La totalité des charges a été payée.
– Si vous voulez insister sur chaque élément (en sous-entendant qu'il peut avoir un comportement propre, subir un traitement particulier, etc.) → verbe au pluriel.
La majorité des cas sont significatifs. (mais chacun est particulier)
La totalité de ces travaux sont à refaire. (il s'agit de différents travaux)
5 - Lorsque l'on emploie un NUMÉRAL :
1°) Il appelle un verbe au singulier quand il désigne une quantité précise.
Voici la douzaine d'œufs que j'ai achetée.
La quizaine de jours écoulée a été déterminante.
Là encore, c'est parfaitement logique.
2°) L'auteur a le choix lorsque la quantité est imprécise.
– Vous voulez évoquer un tout, mettez le verbe au singulier :
Cette dizaine d'explosions a provoqué une panique
Une centaine d'absents a été signalée.
Une partie du groupe s'était égarée.
– Vous voulez insister sur chaque élément, mettez le verbe au pluriel :
Un millier d'hommes ont profité de cette opportunité.
Une douzaine de soldats manquaient à l'appel.
Une fraction non négligeable des habitants avaient souffert de la faim.
6 - Lorsque le sujet est une FRACTION ou un POURCENTAGE, le même esprit prévaut :
1°) Ce sujet est considéré comme un tout, ou représente une quantité précise → verbe au singulier.
La moitié de ces affaires nous concerne. (fraction envisagée comme un tout)
Le quart de ces noix suffira.
Le tiers des représentants constitue le quorum. (quantité précise)
Dix pour cent de son patrimoine a été attribué à sa fondation.
2°) Chaque élément est envisagé individuellement, ou la quantité est imprécise → verbe au pluriel.
La moitié de ses biens ont été distribués. (sous-entendu : divers biens, à diverses personnes)
Un bon quart des réponses se révèlent inappropriées. (quantité imprécise)
Le tiers des députés avaient des scrupules à voter cette loi. (scrupules individuels)
50 % des personnes sollicitées ont rempli le questionnaire. (il s'agit de réponses diverses)
Voyons maintenant le cas des ADVERBES DE QUANTITÉ.
1 - Lorsque l'adverbe constitue le sujet à lui seul, le verbe se met au pluriel :
Beaucoup sont venu(e)s.
Peu ont été écoutés.
Combien seront-ils/elles à revenir ?
Tant auront péri !
Trop repartiront dès demain.
Dans tous ces cas-là, « … d'entre eux/elles » est sous-entendu.
2 - Lorsque l'adverbe de quantité est suivi d'un complément, le verbe s'accorde généralement avec ce dernier.
Peu de cette eau sera bue.
Trop de vies furent gaspillées.
Tant de haine me laisse coi.
Tant de gens ont été blessés !
Cas particuliers :
3 - ADVERBES DE QUANTITÉ NOMINALISÉS (employés comme un nom) : le verbe s'accorde selon le sens
1°) Au pluriel si l'on met l'accent sur une quantité :
Le peu de vêtements que j'ai pris tiennent dans une valise.
Trop de pluies finiront par provoquer des inondations.
2°) Au singulier si l'expression traduit un manque, un insuffisance ou au contraire, un excès :
Le peu de compliments qu'il a reçus ne l'empêche pas d'être satisfait.
Le trop d'injustices subies l'a conduit à la révolte.
Remarque : cela n'empêche pas d'accorder « reçus » et « subis » avec le complément de l'adverbe, puisque ces compliments, injustices ou autres ont été reçus, subis, etc, un par un, en tant que tels, et non globalement en tant que « manque » ou « excès ».
4 - Avec « L'UN OU L'AUTRE », qui implique une exclusion, très logiquement le verbe se met au singulier :
L'un ou l'autre aura oublié de fermer la porte
• Cependant, avec « L'UN ET L'AUTRE », « NI L'UN NI L'AUTRE » ou « TEL ET/OU TEL », on fait à sa guise :
L'un et l'autre viendra/viendront. (Je préfère le pluriel, car « et » suggère le cumul)
Ni l'un ni l'autre ne me plaît/plaisent.
Tel et tel peut/peuvent bien me dire le contraire !
Tel ou tel lui convient/conviennent. (Je préfère le singulier, car « ou » suggère l'exclusion)
5 - « MOINS DE DEUX » : même si moins de deux, c'est… un, le verbe se met toujours au pluriel.
Moins de deux lunes s'étaient écoulées depuis les noces.
6 - « PLUS D'UN(E) » : même si « plus d'un, c'est… au moins deux,
1°) On accorde généralement le verbe au singulier :
Plus d'un piéton a manqué se faire renverser.
Plus d'une chouette s'est installée dans le grenier ces dernières années.
C'est logique : on s'intéresse en l'occurrence à ce qu'a fait/ce qui est arrivé à chacun(e).
2°) Cependant, on l'accorde au pluriel :
– Quand le complément est au pluriel.
Plus d'un de nos enfants viendront pour Noël.
– Quand l'expression est répétée.
Plus d'un amant, plus d'une amante auront vécu ce grand tourment.
– Quand le verbe induit une idée de réciprocité.
Plus d'un voisin avaient échangé des cadeaux.
C'est logique : dans tous ces cas de figure, la pluralité des participants est explicite.
Chers ami(e)s auteurs, j'espère que ces quelques éclaircissements vous seront utiles.
Bon travail à toutes et à tous !
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Voilà voilà ! :-)
@Bets Book, @Michel CANAL, @Ivan Zimmermann, merci à vous pour vos commentaires.
Bien entendu, mon but n'est jamais de vous prendre en défaut, mais au contraire, d'empêcher que vous puissiez l'être ! :-)
Amicalement,
Elen
@Elen Brig Koridwen, merci infiniment pour ce nouveau billet tellement utile à beaucoup d'entre nous. Combien de fois se pose-t-on la question de savoir comment écrire l'un de ces cas évoqués. Avec toute ma sympathie.